jeudi 18 avril 2024

A Actualité syndicale

Halte à la consommation excessive de l'alcool ! Davantage de lits pour les patients du CHT !

Les professionnels de santé du CHT réunis en intersyndicale (USTKE, CFE-CGC, F.O, SMPH NC) ont tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme hier en début d’après-midi (1) devant les locaux des urgences du centre hospitalier de Gaston Bourret. Une cinquantaine du personnel hospitalier, qu’ils soient brancardiers, infirmiers, médecins, urgentistes se sont relayés durant deux heures. Objectifs : alerter la population calédonienne sur les abus de l’alcool et sur le manque criant de lits qui ne favorise pas une hospitalisation convenable des patients.  

Trois professionnels de santé du CHT Gaston Bourret témoignent. 

Nathalie Simon, infirmière au CHT Gaston Bourret, représentante USTKE au conseil d’administration du CHT. «  Les abus d’alcool, avec tout ce que cela peut engendrer ! Des enfants se retrouvent seuls, des familles endeuillées, des personnes handicapées avec une prise en charge lourde et à vie,  avec tous les frais financiers considérables et le lourd tribut humain que cela peut entraîner. On demande à la population de passer ces fêtes le plus dignement et le mieux possible », a soulevé l’infirmière.  Pourquoi vous vous êtes mobilisés devant les urgences du centre hospitalier ? Nathalie Simon : « On a pris une initiative au niveau de l’intersyndicale du CHT. On demande à la population d’avoir un comportement responsable au niveau des abus d’alcool. Vous n’êtes pas sans connaître les difficultés que l’on rencontre au niveau du CHT. On n’a peu de lits disponibles. On a des gens hospitalisés dans les couloirs. Cette situation dure depuis plus de deux ans et elle ne va pas en s’améliorant ! Donc, c’est vrai qu’à l’approche des fêtes, on appréhende un peu, une arrivée massive des gens à hospitaliser, à les prendre en charge dans les services d’hospitalisation. C’est pour cela que l’on demande à la population d’avoir un comportement un peu plus responsable durant cette période de fête vis-à-vis de l’alcool. » Par rapport à l’occupation des lits par les malades, qu’en est-il exactement ? Vous parliez de saturation des lits dans les couloirs, il y a deux mois ? Nathalie Simon : « Je ne sais pas exactement aujourd’hui au niveau des lits de ce qu’il peut rester au CHT. Mais par contre, ce lundi il y a des gens qui étaient hospitalisés dans un couloir en gastro*. Il y a encore en chirurgie ! Cette situation perdure depuis plus de deux ans. C’est ce que l’on a dénoncé au niveau de l’intersyndicale depuis plus de deux ans maintenant. » (*) : service gastro-entérite  

Sophie Birolleau, pneumologue, chef de service au CHT et en cours de formation en addictologie, membre du SMPH NC (Syndicat des médecins et des pharmaciens de Nouvelle-Calédonie).  Pourquoi vous êtes-là ? Sophie Birolleau : « Je suis là pour soutenir mes collègues dans leur démarche de dénonciation des abus d’alcool sur la santé publique en Nouvelle-Calédonie et sur l’impact financier des dommages des abus d’alcool dans la santé en général. » Quel est l’impact financier au niveau du CHT ?  A-t-il été mesuré ? Sophie Birolleau : « Je ne sais pas si cela a été mesuré mais par contre ça pourrait faire parti effectivement des objectifs que l’on pourrait se donner. C’est-à-dire de placer des indicateurs spécifiques, des problématiques directement liées ou aggravées à l’usage nocif d’alcool. Pour l’instant, c’est un peu mélangé à tous les autres facteurs, c’est vraiment difficile de l’extérioriser comme donnée en tant que telle. Une étude avait été faite par la DASS concernant les accidents routiers spécifiquement qui avait mis en évidence un coût annuel de 15 milliards CFP. Mais tous les accidents de la route ne sont pas liés à l’alcool mais on peut dire qu’ils le sont majoritairement. Il y a d’autres problématiques liées à l’alcool mais qui ne se terminent pas en accident de la route. »

Gérald Pochard, médecin urgentiste, praticien hospitalier et chef de service des urgences au CHT, membre du SMPH NC. Il y a plusieurs de vos collègues qui sont sortis de leur service pour se joindre aux autres devant les locaux des urgences ? Quels sont vos mots d’ordre ? Gérald Pochard : « L’alcool et le manque de lit au CHT. Premièrement, l’alcool (et l’alcoolisme) est responsable d’énormément d’accident, de traumatologie qui génère des troubles sociaux importants. Par exemple, la majorité des femmes battues qui se présentent aux urgences, le rapport à l’alcool est quasi constant. C’est un vrai fléau social ! Que ce soit à l’échelon de l’école, de la famille. Nous, nous avons que la partie visible de la problématique. Il y a des gens qui sont victimes d’accidents liés à l’alcool, de violences physiques liées à l’alcool comme au cours d’une rixe par exemple. Des femmes battues qui sont victimes des maris ou des concubins sous l’emprise de l’alcool. C’est un problème de société. Il faut que les gens prennent conscience de la dimension sociale de ce fléau. » Il n’y aucune amélioration selon vous depuis des années ? Gérard Pochard : « Cela fait une quinzaine d’année que je suis ici, il  n’y a aucune amélioration ! Bien au contraire ! Malgré les mesures de prévention mises en place par le gouvernement de la N-C depuis des années ? Etes-vous pessimiste ? Gérard Pochard : « Je ne suis pas particulièrement pessimiste de nature mais je crois qu’une action sur un problème de société comme l’alcoolisme doit faire intervenir bien évidemment la prévention mais pas que la prévention ! Mais à un moment donné, il faut faire comprendre aux gens que prendre son volant sous l’emprise de l’alcool : ils sont pénalement responsables. Il faut prendre des mesures répressives. L’alcool et le volant ne font pas bon ménage ! Il suffit de regarder dans les pays  de la région Pacifique où la sécurité routière est redevenue à un taux tout à fait acceptable. Je pense à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande. Il y a des moyens pour limiter cette violence routière (*). » Le manque de lit au CHT, est-ce un problème récurrent ? Gérard Pochard : «  C’est plutôt un problème chronique depuis de nombreuses années ! On sait qu’au CHT, il nous manque en permanence une cinquantaine de lits ! Ce qui nous inquiète le plus, c’est que Koutio(**) ne vas pas répondre à tous nos problèmes. A Koutio, il faut savoir qu’il y a 125 lits qui ne sont pas ouverts pour des raisons budgétaires. Les contraintes budgétaires sont colossales. Il est à craindre que le budget de la santé soit la variable d’ajustement du gouvernement, de leurs ressources.  On a l’impression qu’ils vont essayer de faire varier le budget « Santé » en fonction des rentrées fiscales…Dans un contexte de contrainte budgétaire, il va falloir de trouver d’autres sources de revenus pour financer le système de santé calédonien. En tous les cas les politiques ne pourront pas y échapper…Une taxe sur l’alcool et une taxe sur les boissons sucrées. »

(1) : Mardi 22 décembre 2015

(*) : A ce jour, 47 morts  sont dénombrés sur les routes calédoniennes depuis le 1er janvier 2015. (**) : Le médipôle de Koutio, le futur centre hospitalier du pays. 

 



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