vendredi 19 avril 2024

A Actualité syndicale

La section STKE du Médipôle réclame une meilleure considération de son personnel hospitalier

  • Un an déjà après le grand déménagement du centre hospitalier Gaston Bourret et   celui de Magenta vers la gigantesque infrastructure moderne du Médipôle de Koutio situé à moins de dix km du centre-ville, ce premier anniversaire ne donne guère l’impression  d’une euphorie  dans le milieu des blouses blanches. Encore moins chez les brancardiers qui doivent parcourir au moins 20 km par jour dans les couloirs, des agents des services hospitaliers (ASH) en souffrance à entendre le témoignage de certains d’entre eux qui cumulent une surcharge de travail. « Si mon camarade brancardier est en souffrance, mois aussi je suis en souffrance », alerte Yvonne, aide-soignante. Ce matin (*), les témoignages au micro fusent à l’entrée du hall du Médipôle. « Les surfaces sont multipliés par 10, nous avons une belle structure mais nous ne sommes pas des machines, nous sommes des êtres humains et nous soignons des êtres humains », soulève Marie-Joe qui officie au bloc. « On sait ce qu’on perd en quittant le CHT mais on ne sait pas ce qu’on va trouver en arrivant ici », ajoute Maïthé, aide soignante au service de pneumologie. « Au Médipôle, vous allez servir le repas aux patients. On n’était pas d’accord. On a une surcharge de travail. On n’a pas eu notre mot à dire »,  rajoute-t-elle. A l’accueil, ce service est également en perte de vitesse au niveau organisationnel, Bernadette et ses collègues pointent du doigt  « le manque de sécurisation ». Ils font face aux visiteurs, aux appels intempestifs voire agressifs des personnes. « Le service orientation devraient disposer de la même formation que nous alors qu’on a intranet », suggère Bernadette au micro, « On devrait mieux accueillir les visiteurs, les familles des patients », rajoute-t-elle. Se pose donc l’accueil et le soin des patients, et dans ces conditions il est difficile d’imaginer mieux dans ce beau cadre qui aura coûté à la collectivité plus de 50 milliards de nos francs.
  • Ces dysfonctionnements soulevés voilà quelques mois plutôt, en juin et en avril derniers, par la section STKE du Médipôle regroupant une centaine d’adhérents et de sympathisants,  cette  fois-ci, elle met en lumière, la politique de recrutement de la direction de coordination des soins (DCS). Explications. 
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  • Marcelin Trohmae, secrétaire général de la section STKE du CHT/Médipôle.
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  • A nouveau vous vous mobilisez, pourquoi cette troisième mobilisation devant le Médipôle de Koutio ?
  • Marcellin Trohmae : «  La première mobilisation, c’était pour les femmes de ménage ici à l’hôpital. Pour revendiquer encore une fois de plus des moyens. Effectivement, on a obtenu des postes en plus. La 2ème concernait les brancardiers afin d’avoir des moyens supplémentaires. Et on l’a eu dans le but d’obtenir des meilleurs de conditions de travail pour ces brancardiers. Cette fois-ci, le point principal qui achoppe avec la direction depuis bientôt un mois, c’est la nomination des cadres kanak au poste de cadre supérieur, c'est-à-dire un échelon en plus. Donc, nous avons deux candidatures en interne ayant des compétences. La première est là depuis près de 10 ans et  pour la seconde candidature, cette cadre est là depuis 6 à 7 ans. La direction a fait le choix et persiste sur ce choix d’une candidature externe au CHT. C’est une candidature venant du CHS. La direction reste sur le principe de la règle dans la fonction publique qui veut que pour ce poste là, cadre supérieur, elle est prioritaire car elle est cadre supérieur au CHS. Ce qu’on dit et ce qu’on répète à chaque fois, c’est qu’on peut déroger à cette règle, ils l’ont fait pour Mr Cheveau, et pour Mme Kabar qui est actuellement directrice des soins. Pourquoi, ils ne le font pas nos cadres et nos compétences internes ? On ré-insiste sur une loi essentielle, après deux Accords, le principe du rééquilibrage. Quand on voit la pyramide de l’organigramme et quand on regarde la dernière strate de la pyramide, on ne voit pas le visage du pays dans ces sphères-là ! On parle de terre de partage, terre de parole mais ça reste encore une colonie et ça reste une terre de vol ! »
  • En plus de cette revendication principale concernant ces deux candidatures, d’autres personnels se plaignent de la surcharge de travail alors que vous avez négocié des postes supplémentaires. Quel est votre avis à ce sujet ?
  • M.T. : « Je me permettrai de prendre la parole pour les aides-soignants qui effectuent des tâches supplémentaires. Le fait de servir les repas qui était avant une tâche dédiée aux femmes d’office. Avant quand vous rendiez au CHT Gaston Bourret,  à Magenta,  à Raoul Folreau ou certains espaces au CHS de Nouville, elles étaient en tenue jaune. Avant, c’étaient elles qui servaient le repas aux patients. Elles avaient un CAP hôtellerie-restauration. Et quand on a déménagé, la direction a fait le forcing pour que ce soient les aides-soignants qui servent les repas aux malades. Le problème, c’est qu’on a déménagé à moyen constant c'est-à-dire que les aides-soignants ont vu leur charge de travail augmenté avec les mêmes effectifs. Elles ont le sentiment que le travail est mal fait, elles sont débordées ! On le voit bien avec la synchronisation entre les soins et la logistique. Quand un brancardier arrive dans un service, et que le manque d’effectif fait que l’infirmier ou l’aide-soignant n’a pas eu le temps de préparer le patient pour son transfert à la radio ou pour un scanner ou dans un service de consultation .. et bien les patients ne sont pas prêts. Le brancardier perd du temps et l’infirmier ou l’aide-soignant sont débordés. Tout ça à un moment donné, ça coince ! Il n’y a pas eu de réunions d’encadrement chez les infirmiers depuis à peu près trois mois. Le personnel a été abandonné par ces directions ! On le crie car on est une force syndicale présente dans cet hôpital mais beaucoup d’autres personnels souffrent en silence. La direction fait un fi de tout ça. Et nous sommes le syndicat qui remonte toutes ces doléances. Ça devient compliqué depuis un an ! »
  • La grève entamée par une partie du personnel de l’encadrement, il y a quelques semaines. Le fait qu’il n’a pas eu ou peu de dialogue entre la direction et le personnel en souffrance ? Est-ce cela a joué en votre défaveur cette grève ?
  • M.T. : « Disons que l’histoire du pays veut que chacun travaille dans son coin. Le changement opéré par le Médipôle et ce que subit le personnel, il y a certains personnels qui sont partis en grève, il n’y a pas longtemps. Ça a fait la une des journaux car ils ont demandé la tête du directeur, sous couvert du gouvernement. Celui-ci a sa part de responsabilité. Cette catégorie de personnel n’a pas le même combat que le nôtre. On n’est pas dans une quête de pouvoir. On est dans une quête de moyens, de sécurité pour le personnel. Cela représente une sécurité pour les patients et une qualité de prise en charge. »
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  • Nathalie Simon, membre active de la section syndicale revient sur le parcours des deux candidates non-retenues au poste de cadre supérieur de santé au pôle Médecine. Un poste à responsabilités où l’encadrement est de mise. « Pas de reconnaissance du personnel qui est au travail, un fossé s’est creusé entre le personnel officiant dans les différents services soins et la direction… Des projets sortis et qui retournent dans les cartons … Des dysfonctionnements », des soucis organisationnels dont les membres de la section STKE du Médipôle soulèvent régulièrement.
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  • Quel est le parcours de ces deux candidates ?
  • Nathalie Simon : « Elles sont parties faire leur formation de cadres, il y a quelques années déjà. Elles sont revenues lauréates de leur formation. Ensuite, elles ont fait leur année stagérisation, elles ont été titularisées sur leurs postes. Elles sont cadres de santé reconnues dans la fonction publique. Maintenant, elles veulent monter en responsabilités. Elles veulent passer au niveau supérieur c’est-à-dire comme cadre supérieur de santé. Il y a un poste qui s’est libéré au Médipôle, et elles ont postulé toutes les deux sur ce poste en interne. Et leurs candidatures n’ont pas été retenues au profit d’une candidature externe qui est déjà cadre de santé. Le Médipôle devrait favoriser l’évolution de son personnel et reconnaître les compétences en interne. Ce sont des cadres qui se sont donnés pour leur service, elles ont participé au déménagement. Et elles ont les compétences pour occuper le poste de cadre supérieur de santé. Le Médipôle devrait prendre en considération ces deux candidatures. »
  • Un avis de vacances de poste est sorti pour ce poste ?
  • N.S. : « Oui sur lequel elles ont postulé.  Elles ont présenté un projet après elles sont passées devant un jury qui est composé uniquement de Mme Kabar, la directrice de coordination  des soins (DCS) du Médipôle. Je n’appelle pas ça un jury quand il y a une seule personne ! La directrice n’a pas reconnue leur compétence pour occuper ce poste de responsabilités. Après, ce sont des gens de valeurs à qui on n’a rien à reprocher de leur travail de cadres. On ne comprend pas qu’on aille chercher une compétence externe pour lequel on n’a pas non plus une certitude sur leurs valeurs ! Elles ne demandent que ça, elles ont envie de travailler pour le pays, pour leur institution. »
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  • Comme à l'accoutumé, les nombreux adhérents de la section STKE du Médipôle répondent présents à la mobilisation générale. Un préavis de grève a été lancé dès ce jeudi 23 novembre. Une rencontre entre la direction et les responsables syndicaux se tient depuis 16 heures. « On vous prévient, si le premier point n'est pas réglé entre nous et la direction, on quitte la table  », annonce micro en main Noël Lalié, secrétaire général adjoint de la section STKE, durant l'animation de l'assemblée générale de ce matin. 
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  • Vendredi 24 novembre aux alentours de 19 heures, un protocole d'accord a été signé entre les deux parties engagées dans ce conflit, à savoir la direction et la section STKE du CHT Médipôle de Koutio. 
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  • (*) : Jeudi 23  novembre 2017


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