mercredi 24 avril 2024

A Actualité syndicale

Le cri de détresse du personnel du centre pénitentiaire

Un mouvement de protestation des personnels affiliés à trois syndicats (USTKE, FO, USOENC-Fonction publique) du centre pénitentiaire de Nouville a eu lieu ce matin (*) devant les grilles du Camp Est. A l’origine de ce mouvement : une agression de plus, d’une extrême gravité et qui n’est plus acceptable par l’ensemble du personnel travaillant au centre de détention. Deux de leurs représentants syndicaux expriment leur colère face à l’agression violente d’un de leurs collègues. Une trentaine de personnels en repos ont suivi ce mouvement de grogne durant quatre heures. Les trois syndicats demandent le transfert dans les plus brefs délais des agresseurs vers un centre de détention en France. Ils réclament également un renfort en matière de sécurité et une prise en main de l’Etat de ce dossier. Pourquoi ce mouvement de grogne devant le centre pénitentiaire ? Moana Mana (à gauche), secrétaire général de la section STKE/Centre pénitentiaire et porte-parole : « A la base, c’était un mouvement spontané. J’ai vraiment voulu rassembler l’ensemble du personnel pour soutenir notre collègue. Finalement, les différentes organisations syndicales dont l’Ustke en fait parti, avons décidé de nous rallier pour dire que nous sommes tous dans la même galère ! Nous sommes tous dans le même combat ! C’est notre sécurité, nous défendons la sécurité pour tous, pour l’ensemble du personnel. Que soit pour l’Ustke, FO ou l’Usoenc ! » Quand a eu lieu cette agression ? M.M. : « Cette agression s’est passée dans la nuit de dimanche à lundi. Le collègue, surveillant lors de sa ronde a été pris à parti par une dizaine de détenus. Il y a 10 cellules sur 12 qui étaient ouvertes. On peut compter une vingtaine de détenus. Sur l’incident en lui-même, apparemment 13 personnes seraient impliquées. On aimerait que toutes ces personnes soient sévèrement punies au pénal. Et on demande à ce que leurs transferts soient immédiats vers la France. » Est-ce la première fois ? M.M. : « Sur un incident de ce genre et de cette gravité avec autant de détenus, et avec la façon dont cela a été préparé ! On peut dire que cette agression a été préméditée car les détenus avaient des tricots sur la tête. Ils ont tenté de dissimuler leurs identités. Il s’agissait bien d’une préméditation. Et un incident de ce genre, c’est vraiment  la première fois ! On a pu remarquer, constater que d’année en année, la violence monte en crescendo. » Vous suivez le mouvement de protestation. Pourquoi ? Vincent Holopopo, secrétaire général Soenc/Fonction publique Centre pénitentiaire : « Les détenus ont atteint un niveau d’agressivité qui est dangereux. Depuis 2010, on n’arrête pas de dénoncer les agressions, les mutineries. On a l’impression que la direction locale ou nationale, malgré nos courriers… Ils ne font rien ! Avec cette agression de dimanche soir, le personnel s’est rendu compte que c’était très grave ! Heureusement, que la surveillante a agit avec beaucoup de professionnalisme. Sinon, on se serait retrouvé avec des détenus dehors…  Ce mouvement de l’intersyndicale, on l’adresse en soutien aux deux collègues. Et c’est un cri de détresse de tous les personnels à tous les politiques, à tout le monde afin qu’ils se penchent sur ce dossier du Camp Est. Les détenus sont des enfants du pays, ils ont fait des erreurs durant leurs parcours… Mais d’abord, il faut aider le personnel en compétence, en formation. » (*) : mardi 26 janvier 2016  

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Thierry Leberre, 4ème vice-président de l'USTKE, en charge de la jeunesse. Quelle est votre analyse de la situation de la jeunesse du pays, en particulier de la jeunesse kanak ? Souvent, cette jeunesse est impliquée dans des faits divers et l'actualité vient nous le rappeler à chaque fois ces derniers temps, voire ces trois dernières semaines. Thierry Leberre : « La jeunesse subit de plein fouet les inégalités sociales croissantes dans ce pays et plus particulièrement la jeunesse kanak. Alors que les accords politiques étaient censés réduire ces inégalités et replacer les kanak au centre du dispositif force est de constater qu’à moins de 2 ans de l’échéance de l’ADN (*) et après plus de 30 ans de pseudo rééquilibrage, notre jeunesse va de plus en plus mal. Ces inégalités confortent l’exclusion des jeunes kanak qui ne croient plus à cette société où ils n’ont plus leur place. Il est grand temps d’ouvrir les yeux car les actes dépassent  la simple délinquance. Est ce que l’on peut parler de la délinquance quand il y a mort d’homme? Beaucoup préfèrent continuer à faire prospérer leurs affaires, que d’admettre qu’une partie grandissante de la jeunesse est laisser sur le bord de la route. Les actes de plus en plus grave commises par la jeunesse résonnent comme des appels désespérés.  Alors que l’on devrait mettre en place un véritable plan Marshall en faveur de cette jeunesse, on n'hésite pas à faire des coupes sombres dans les budgets qui la concerne. Les derniers attentats en métropole commis par des jeunes mis à l’écart de la société devraient nous faire réfléchir. Il est encore temps d’agir mais plus le temps passe et plus la rancœur va s’installer profondément. » Quelles sont les réponses que les adultes et/ou la société civile peuvent apporter à ces maux ? Thierry Leberre : « Les solutions sont multiples mais il n’y a pas de solution miracle. L’école ne doit plus produire de l’échec scolaire mais de la réussite scolaire, il est grand temps de mettre les meilleurs enseignants là ou il y en a le plus besoin et les mesures d’accompagnement nécessaires. La jeunesse a besoin de divertissement, il faut multiplier les infrastructures tels que les maisons de musiques, les lieux de rencontres. Il faut faciliter les accès à la mer, à la rivière, nous avons un pays où la nature est généreuse mais elle doit être accessible à tous. Il faut développer les centres d’éducation populaires, et les lieux où les populations peuvent se rencontrer, se côtoyer. Bien sûre, tout cela ne peut se faire sans le personnel adéquate. Il faut intégrer au maximum les jeunes dans les réseaux associatifs et leur faire confiance, ils ont droit de se tromper c’est comme cela que l’on se construit. Si nos jeunes sont occupés, ils ne pensent plus aux conduites addictives et la société se portera mieux. Il ne faut pas être fataliste car la jeunesse comme tout le monde le dit c’est l’avenir de notre pays. »

(*) : Accord de Nouméa



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