Pour l'USTKE ces affrontements ne peuvent être considérés que comme l'évolution logique de l'exaspération face a une non prise en compte de revendications qui au-dela du Comité et des populations de YATE concernent tout le pays Kanak. Que ce soit sur les questions environnementales que sur le problème de l'emploi ou encore des retombées économiques et financières au profit des tribus propriétaires terriennes les évènements de ces derniers jours donnent l’occasion a plus d’un de remonter au créneau en évoquant les vieux démons dont ils nous ont rebattu les oreilles pendant toute la période des évènements des années 80. Comme quoi, si le discours change d'apparence, les intentions de certains n'ont pas varié d'un pouce. Pour ceux la les accords politiques sont plus un refuge économique qu'une perspective d'évolution institutionnelle.
Les revendications défendues par le Comité RHEEBU-NUU s'inscrivent dans le cadre de la démarche voulue lors de la création du CAUGERN (Conseil Autochtone pour la Gestion des Ressources Naturelles en KANAKY). L'USTKE membre du CAUGERN, soutient donc ces revendications qui sont principalement regroupées sous deux thèmes.
Le premier concerne le problème environnemental majeur qui se pose face a la mise en oeuvre des grands projets métallurgiques et particulièrement celui de GORO NICKEL dans le Sud du Pays. En effet contrairement au projet de l'Usine du Nord de SMSP/FALCONBRIDGE qui lui est un projet pyrométallurgique, discuté, étudié pendant une décennie, soutenu par les instances indépendantistes et bien au-dela par une grande majorité du pays celui de GORO NICKEL est un projet chimique, presque expérimental, qui est né un jour au travers d'une annonce faite par le Député LAFLEUR alors qu'il régnait sur le pays.
En clair un projet politique qui n'apporte aucune garantie quant a ses effets sur l'environnement. Ce ne sont pas les recherches rapports et autres expertises sur les risques de pollution industrielle de ce projet qui peuvent nous apporter des garanties bien au contraire. Combien de normes ont été arrêtées au niveau national et international. Normes qui bien qu’elles fassent l'objet de contestations devraient pourtant être le minimum a respecter. Rappeler cela, le démontrer, l'expliquer a qui veut bien l'entendre le tout pendant des mois n'a pas suffit a faire valoir les intérêts supérieurs de notre pays. La survie des générations a venir n'est pas a mettre au même plan que les problématiques du développement économique et de l'emploi.
Le deuxième thème porte sur le Fonds du Patrimoine naturel Autochtone. On a pu entendre le Président de la Province Sud et d'autres responsables de partis politiques y compris indépendantistes dénoncer ce qu'ils appellent les Royalties destinés a parait-il entretenir des chefs Kanaks oisifs et corrompus !!! La présentation ainsi faite est scandaleuse, offensante a plus d'un titre et sans fondement. Le 23 Août 2003 toutes les autorités coutumières du pays Kanak se sont réunies au Sénat coutumier pour aborder entre autre ce thème. Il en est ressorti une unanimité pour interpeller les autorités politiques et les opérateurs métallurgiques et miniers sur la revendication légitime de bénéficier des retombées économiques de l'exploitation des ressources naturelles confisquées par l'État francais au travers de la colonisation. Ce que d'autres peuples autochtones sur cette planète ont obtenu au cours des décennies passées ne peut qu'être applicable au peuple Kanak qui exige les mêmes droits et le même respect.

Alors que les actions lancées par le Comité RHEEBU-NUU font la une de l'actualité on serait en droit de s'étonner de la tournure que prennent les choses de la facon dont elles sont exposées par les politiques et l'État au travers des médias. Mais ne soyons pas naïfs comment imaginer que l'appât du gain laisse les gens insensibles. Il justifie pour beaucoup tous les excès de langage. Les emplois sacrifiés les retombées économiques pour le pays l'image de la Nouvelle Calédonie ternie, les touristes apeurés les actions terroristes de RHEEBU-NUU, le CAUGERN qui n'existerait pas… etc...etc... tout y passe. Reste que l'union sacrée pour l'Usine de GORO NICKEL a n'importe quel prix risque d'avoir tort devant l'histoire. C'est pour ca que le CAUGERN a décidé de s'impliquer fortement et résolument dans le combat pour l'environnement. Mieux vaut préparer l'avenir que de subir l'histoire demain.

Pour le Bureau Confédéral de l'USTKE
Le Président
Gérard JODAR