vendredi 29 mars 2024

S Solidarités internationales

En France la révolte des << gilets jaunes >>

  • En France la révolte des « gilets jaunes » La France connaît, en cet automne 2018, un épisode inédit. Un mouvement hétéroclite, né et développé en dehors de toute structuration syndicale. Ce mouvement se déclare apolitique et multiplie les actions de blocage et les manifestations où s’exprime une forte colère populaire qui occulte de la scène médiatique toutes les autres mobilisations. La CGT considère depuis le début que cette colère est en grande partie légitime même si elle s’exprime de manière quelques fois contradictoire.
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  • De nombreuses questions se posent aujourd'hui, et se poseront demain pour le mouvement syndical.
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  • Depuis plus de 10 ans, la France subit la pression des politiques austéritaires et libérales. Quel que soit le président à la tête du pays (Jacques Chirac, libéral conservateur – Nicolas Sarkozy, libéral type Reagan - Hollande, social libéral – Emmanuel Macron, néo-libéral prétendant gérer le pays comme une entreprise) la même politique est appliquée avec plus ou moins de brutalité.
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  • A force d’encaisser, à un moment, cela explose. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la taxe sur les carburants.
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  • Ce mouvement social, a débuté dans les zones rurales et péri-urbaines ou depuis de nombreuses années, les gouvernements successifs ont fait disparaitre les services publics au prétexte de faire baisser les dépenses de l’Etat. Une de ses caractéristiques est de ne pas avoir déclenchés de grèves dans les entreprises, la cible de cette « révolte » étant le gouvernement et plus particulièrement le Président Macron.
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  • Rejetant le faux prétexte écologique du gouvernement [la taxe sur le carburant n’est pas corroborée par le financement de la lutte contre la pollution] voulant faire payer aux plus pauvres la dépendance à la voiture qu'imposent l'éloignement des lieux de travail, la raréfaction des services publics, la suppression de gares et de petites lignes ferroviaires, celles et ceux qui sont devenus les « gilets jaunes » se sont d'abord mobilisés contre la hausse des taxes additionnelles sur les carburants.
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  • Aujourd’hui, sur les ronds-points, où l’on retrouve des travailleur.euse.s, des chômeurs et des retraité.e.s, des petits patrons, 85 % des « gilets jaunes » n’ont jamais croisés, ou très peu, les syndicats. Au sein de ces premiers protestataires qui se déclarent apolitiques et allergiques à toute structuration, force est de constater que les partis politiques d’extrême-droite, bien que minoritaires, sont présents, actifs et tentant d’influer sur les revendications. Mais leur stratégie est en partie en échec et ce sont les mots d’ordre de gauche qui dominent, même si les discours anti-migrants sont récurrents. 
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  • Sans réactions gouvernementales, les protestataires décidèrent d’organiser le samedi dans les villes, dont Paris, des manifestations permettant de donner une visibilité à leur mouvement et de se rendre compte du soutien massif de la population. A ses protestataires, se sont joint des groupuscules d’extrémistes et des personnes dont le seul but est le pillage au détriment des revendications.
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  • Dans les différentes manifestations on est loin du seul mot d’ordre qui a lancé ce mouvement. Le motif de la protestation qui initialement portait sur le coût du carburant et l’impossibilité de payer cette énième augmentation, a été complété par d’autres revendications aussi légitimes : Suppression de la hausse des taxes sur les carburants, hausse du salaire minimum et des minima sociaux,suppression de la hausse des cotisations sociales pour les retraité.e.s, indexation des salaires et retraites sur l’inflation, rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), lutte contre l’évasion fiscale …
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  • Autant de revendications qui rejoignent pour la plupart celles portées par certaines organisations syndicales depuis des années.
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  • Depuis la toute première manifestation, celle du 17 novembre ou les manifestants, étaient de 287 000 participant.e.s (chiffre communiqué par le gouvernement) ou de 1 000 000 (chiffre donné par les gilets jaunes), celle du 24 novembre avec 166 000 participant.e.s (chiffre communiqué par le gouvernement) ou 750 000 (chiffre donné par les gilets jaunes), celle du 1er décembre de 136 000 participant.e.s (chiffre communiqué par le gouvernement), 700 000 (chiffre donné par les gilets jaunes), celle du 8 décembre de 125 000 participant.e.s (chiffre communiqué par le gouvernement), 520 000 (chiffre donné par les gilets jaunes).
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  • Si le nombre de manifestant semble diminuer, la violence des manifestant.e.s et des forces de police s’amplifie de manifestation en manifestation. Entrainant blessures graves, handicaps, morts, destructions de voitures, scooters …, destruction de matériels publics et privés ainsi que le pillage de nombreux magasins.
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  • Le 1er décembre, la CGT a, comme chaque année, organisé une manifestation des chômeurs qui a accueilli 15 000 participant.e.s (nombre communiqué par la CGT) ou 2 100 (nombre donné par la police).
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  • C’est le refus du président Macron et de son gouvernement d’écouter les revendications et de négocier une sortie de crise qui brise l’espoir des protestataires de vivre mieux et sans crainte pour l’avenir.
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  • Le président et son gouvernement ont tout d’abord choisi de suivre une stratégie de pourrissement.
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  • « Les manifestations parisiennes vont être le théâtre de violences extrêmes et provoqueront, peutêtre, des morts ». Une prophétie répétée à l'envi dans les médias, sur les réseaux sociaux et surtout, au sommet de l’État, qui est pourtant le seul à avoir les moyens de dénouer la situation mais qui a fait le choix de tenter de gouverner par la dramatisation et la peur.
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  • Cette situation, qualifiée d’insurrectionnelle en raison de la radicalisation du mouvement et des violences, a été confortée par la stratégie adoptée par le gouvernement depuis mi-novembre, ce qui a accru la fatigue, la méfiance et la déception devant des demi-mesures égrenées au comptegouttes, en guise de concessions. Ce à quoi s’ajoute la désormais légendaire surdité du pouvoir, qui écoute mais n’entend pas, et attaque tout azimut, depuis le début du mandat du président Macron, l’ensemble des droits sociaux conquis lors de luttes passées.
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  • Après la manifestation extrêmement violente du 1er décembre, la présidence de la République a choisi le 4 décembre de persévérer dans la veine de la dramatisation outrancière : « Nous avons des raisons de redouter une très grande violence », affirment les services du président, qui disent craindre la mobilisation d'un « noyau dur de plusieurs milliers de personnes », qui se rendraient à Paris « pour casser et pour tuer ».
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  • De fait, depuis le début de la protestation, les manifestants ne comptent plus le nombre de blessé.e.s graves handicapé.e.s à vie (mains arrachées par des grenades, yeux crevés, des personnes dans le coma et même une retraitée de 80 ans, pacifique, présente dans son appartement, tuée par une grenade lancée par la police) par les forces de l’ordre. Lors de la manifestation du 8 décembre, le gouvernement a même décidé de faire quadriller Paris par des blindés, n’hésitant pas à les lancer contre les protestataires. Jamais des blindés n’avaient été utilisés en France contre des manifestant.e.s en plein Paris.
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  • Emmanuel Macron, loin de jouer son rôle de gardien de la paix civile et de stabilisateur institutionnel, joue à l’incendiaire social et c’est l’hystérisation qu’il préfère utiliser. Il cherche à écraser en faisant subir aux protestataires une humiliation sociale. Selon un journal de droite traditionnel, l’entourage du Président parle « de putsch » en préparation, quand Valeurs actuelles, un journal lui aussi conservateur rapporte que les ministres « craignent pour leur vie ». Propos anonymes qui servent une stratégie de clivage censée provoquer le rejet des gilets jaunes et calmer la colère de la majorité des protestataires en agitant le drapeau rouge du chaos.
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  • Cette stratégie contraire à toute rationalité, a maintenant entrainé dans les protestations d’autres catégories de protestataires, les lycéens et étudiants, les agriculteurs, infirmiers, gardiens de prison, énergéticiens …
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  • La CGT, depuis le début cherche, partout où c’est possible, c’est-à-dire où il est possible de s’entendre sur des revendications autres que celle de l’extrême-droite à créer une union de tous les protestataires, gilets jaunes, lycéen.ne.s, travailleur.euse.s, retraité.e.s, autres organisations syndicales qui seule permettra de faire chuter les politiques austéritaires et de les remplacer par des politiques progressistes.
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  • A travers cette union nous souhaitons, aussi nous opposer au risque important de récupération de ses protestations par l’extrême droite.
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  • Contre les autres protestataires aussi, la violence d’État et la répression se déchaînent comme le montrent les images ayant fait le tour du monde de lycéens de 15 ans maintenus à genoux les mains sur la tête par des policiers comme de dangereux terroristes.
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  • Lundi 10 décembre au soir, après avoir reçu les différentes organisations syndicales dans les locaux de la Présidence, sans rien leur dire, le président s’est mis en scène. Mais il n’a toujours rien compris : le cap libéral et l’austérité sont maintenus. Le président de la République s’est livré à un véritable exercice d’enfumage ! Une opération de communication alliant menaces, mépris et mea culpa hypocrite, dès les premières minutes de son intervention ...
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  • Pour la CGT, les revendications auxquelles il faut répondre, pour « Un état d’urgence économique et social », sont : l’augmentation immédiate du salaire minimum, des salaires, des pensions, du salaire dans la fonction publique, plus de justice fiscale, le rétablissement de l’ISF, l’exigence des négociations sur les salaires dans les entreprises, des services publics qui répondent aux besoins, la relance de la politique industrielle.
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  • Le vendredi 14 décembre la CGT organise des manifestations partout en France, elle y invite les gilets jaunes et tous les protestataires souhaitant une politique plus progressiste. D’ores et déjà d’autres organisations syndicales et associatives ont annoncé leur présence : FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL …
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  • La CGT espère que l’union des protestataires fera comprendre au gouvernement qu’il doit entendre et répondre aux demandes exprimées.
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  • CGT – Espace international- - Gilets jaunes – Contact : europinter@cgt.fr – mardi 18 décembre 2018
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