mardi 16 avril 2024

A Actualité syndicale

12 janvier 1985 – 12 janvier 2010

Un devoir de mémoire conforté par le souvenir d’un homme qui fût durant cette période l’âme du peuple kanak en lutte.

L’assassinat d’Eloi Machoro, le matin du 12 janvier 1985 spolia le peuple Kanak de l’un de ses plus grands stratèges, doté d’un sens politique aigu, extraordinaire meneur d’hommes dont l’intelligence et le charisme le désignèrent comme l’homme abattre par l'Élysée et le gouvernement socialiste, cette année l .

Sa participation l’échec du statut Lemoine avec l'organisation du boycott actif des élections du 18 novembre 1984 révéla ses immenses qualités et surtout sa foi inébranlable l’idée que le Peuple Kanak aura un jour rendez-vous avec son destin.

Eloi avait su marquer les consciences avec un seul cliché, le montrant hache la main, brisant une urne dans la mairie de Canala. L’impact médiatique qui en découla et qui contribua faire connaître au-del du récif calédonien, la lutte du peuple kanak, mis jour une autre qualité de cet homme que beaucoup résumèrent en parlant de génie dans l’art de la communication.

Du combat ses côtés nous garderons pour notre part le souvenir de cette intelligence vive toujours en mouvement et ses immenses qualités de pédagogue, sachant s’adapter des auditoires les plus divers l’occasion de réunions qu’il n’a cessé d’accumuler sur l’ensemble du Pays pour mettre en évidence les vices cachés du statut Lemoine.

Nous nous rappelons aussi de ce compagnon de route fidèle et attentionné, hors de tout esprit sectaire, celui qui dès le départ avait cru l’Ustke composée, ses débuts, d’une poignée de rêveurs.

Les instants mémorables sur le tarmac de l’aéroport de Tontouta partagés avec Machoro, venu prêter main forte, pour s’interposer devant les matraques des mobiles, ou pour veiller la nuit sur la sécurité de notre piquet de grève de Vigilant face aux provocations des fachos, ont marqué notre organisation syndicale qui lui doit son esprit rebelle et d’insoumission.

Aujourd’hui, nous nous remémorons également notre congrès la cantine des dockers en octobre 84 qui décida de l’adhésion de l’USTKE la charte du FLNKS et du ralliement la stratégie du boycott actif du statut Lemoine, conformément une résolution qui fut adoptée par 80% des délégués du Congrès et au terme de trois jours de débats politiques fratricides avec les militants de la tendance LKS qui, pour leur part, prônaient l’allégeance au statut Lemoine. Une position contestée par Eloi qui, l’occasion de ce Congrès, intervînt en personne au nom du FLNKS, sans note et durant plusieurs heures, pour défendre le bien fondé du boycott du statut Lemoine et pour appeler l’USTKE rejoindre cette position du Front.

Ce 12 janvier 2010, après une année 2009 riche en évènements sociaux et politiques et accompagnés de révélations qui pour certaines ne sont finalement que la répétition de l’histoire, nous nous disons que décidément rien ne pourra nous consoler de ta mort, Eloi.

Il serait d’un mauvais goût, de notre part de polémiquer, l’occasion de cette commémoration, sur l’état de la mouvance indépendantiste, nous ne pouvons en revanche nous abstenir de nous poser la question de l’idée que les uns et les autres se font de la dignité, de la lutte et d’une certaine Kanaky. Nous gardons pour ce qui nous concerne la mémoire de la conception qui avait été celle d'Eloi qu'il su nous influer de son vivant.

Les conflits sociaux menés par l’USTKE ces dernières années et notamment le récent conflit d’Aircal a illustré, nouveau, le gouffre qui existe entre notre organisation syndicale, politiquement engagé et un parti se disant indépendantiste. Un parti politique de triste mémoire qui pourtant a obtenu en 2009, face l’USTKE, le soutien de certains leaders du FLNKS, nous rappelant ainsi que le 12 janvier 1985, en plus d’un camarade, nous avions perdu un leader hors pair qui su mesurer, en son temps, les véritables enjeux de la dimension sociale dans le combat nationaliste.

Aussi ce 12 janvier qui commémore un quart de siècle de leurs disparitions et dans un contexte social et politique particulièrement controversés, nous rendons hommage aux combattants de la liberté que furent Marcel et Eloi et faisons nôtre, le souhait posthume de ce dernier : « le combat ne doit pas cesser faute de combattant ».

Aux familles d’Eloi Machoro et de Marcel Nonnaro, aux tribus de Nakéty et de Mia, aux militantes et militants du Pays Xârâcùù, nous adressons nos salutations fraternelles.

Eloi tu nous manques.

 

Le Bureau Confédéral.



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