Hier* matin, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a examiné en urgence plusieurs projets de textes dont celui concernant le taux directeur des dépenses hospitalières pour l’année 2016. Une année particulière puisqu’elle verra la mise en route du Médipôle de Koutio, bien avant l’accueil du premier patient prévu pour décembre. Qu’elle peut être la croissance des dépenses des hôpitaux ? Le gouvernement persiste et signe, et il s’accorde sur + 3,75 %. Mais les 7 syndicats du milieu hospitalier réunis en intersyndicale ne l’entendent pas de cette oreille ! Dans sa plate-forme commune de revendication, les syndicats veulent un taux directeur de 7,5% pour cette année, et en 2017, un taux directeur de 9,5 %. Descendus par centaine dans les rues du centre ville de Nouméa, ils ont voulu donc se faire entendre par les membres du Congrès, en charge de ce dossier.
Qu’ils soient en blouses blanches, en blouses bleues, en jaunes ou en roses. Tous ont crié, ont scandé leur colère. « Personnel en colère », « Politique ! L’hôpital dans la rue », « La santé en danger », « Les patients en danger », des slogans scandés par les personnels hospitaliers le long du parcours entre le centre hospitalier et le Congrès de la N-C. Départ donné dès 9 heures hier matin du côté de l’entrée sud du CHT Gaston Bourret, les trois cents manifestants ont déployé tour à tour leurs banderoles, une manifestation inhabituelle pour les passants, les badauds. Sous la chaleur écrasante, munis pour certains de leur parapluie, leur procurant un peu d’ombre, ils ont arpenté les rues du centre ville, non pas pour faire du shopping mais pour faire entendre à la population leur inquiétude, leur mécontentement face à un budget restreint en fonctionnement et au lancement du Médipôle.
Le syndicat des médecins et des pharmaciens en tête de cortège
En début de cortège les blouses blanches, autrement dit les représentants du syndicat des médecins et des pharmaciens de Nouvelle-Calédonie (SMPH NC). Ce mouvement de protestation est si particulier puisqu’il ne s’était pas produit depuis une dizaine d’année. Jacques Robert (à droite), cardiologue, membre du SMPH NC, membre du CA du CHT de Nouvelle-Calédonie et membre de l’intersyndicale, inquiet sur « le taux d’augmentation du budget qui est nettement insuffisant ». « On ne peut pas fonctionner, on ne peut pas travailler correctement. C’est au dépend de la sécurité et de la prise en charge des patients. L’hôpital a besoin de continuer à évoluer. Actuellement, les conditions ne sont pas réunies ! Déjà, en termes de place, c’est très difficile ! Il y aussi un autre problème : aujourd’hui, le personnel est fatigué ! Je crois que l’on va nous enlever au moins 150 millions qui étaient dévolus au remplacement de personnels absents. Cela voudra dire qu’il y aura un problème de fonctionnement important », ajoute-t-il.
Une fois que le cortège des manifestants est arrivé devant le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, les représentants de l’intersyndicale ont été reçus par les membres de la commission santé et par le président de l’institution du Boulevard Vauban, Thierry Santa. « L’hôpital est rarement dans la rue ! Et quand il descend dans la rue, c’est vraiment qu’il y a un problème ! C’est que la santé est en danger ! », a-t-on entendu au micro, à la suite de l’entrevue au congrès. La dernière fois que les médecins y étaient, c’était pour défendre leur statut, leurs salaires. « Cela faisant 12 ans que nous n’étions pas descendus dans la rue pour défendre la santé et l’hôpital public », souligne Valérie Guillemin, pharmacienne, vice-présidente du SMPH NC et membre de l’intersyndicale. « Le gouvernement propose de voter au congrès un budget qui est deux fois moins important que celui qui devrait être pour ouvrir le Médipôle en 2016 », une proposition inacceptable selon la porte-parole. « On est conscient que la Calédonie traverse une période difficile au niveau économique. Il y a deux secteurs qu’il faut sanctuariser : l’école, l’éducation pour les enfants, notre jeunesse ! Mais aussi la santé pour les soins des calédoniens. Ces sont deux secteurs prioritaires », propose-t-elle. « Le budget de 2016, c’est celui qui été étudié il y a plusieurs années par des cabinets de finance extérieurs au CHT. Ils ont été réévalués dernièrement, et les taux ont été reconfirmés à 7,5 % en 2016 et 9,5 % en 2017. On demande juste ça pour ouvrir l’hôpital, l’équiper, et mettre le personnel pour pouvoir accueillir les patients calédoniens », réaffirme-t-elle, en espérant que leur descente dans la rue va réhausser *** la courbe du taux directeur des dépenses hospitalières !
Les parapluies déployés pour se protéger du soleil, ils ont même servi de support à la manifestation... ainsi que les blouses blanches où l'on pouvait lire « CHT en danger» .
François André Elocie (photo ci-dessous) avec le micro, représentant notre Organisation syndicale depuis de nombreuses années au CHT, il a été salué au moment des prises de parole par le docteur Jacques Robert concernant son initiative entreprise pour remotiver les syndicats sur des actions communes internes au centre hospitalier.
(*) : Jeudi 14 janvier 2016
(**) : USTKE, SMPH NC, CFE-CGC, FO, SMPU, SHARNC, SSHER.
(***) : Hier, les élus du Congrès ont voté à l’unanimité la délibération fixant le taux directeur de l’augmentation des dépenses hospitalières. Au global, taux est de 5,89 %. Mais pour le CHT, qui va déménager cette année vers le Médipôle, il est de 7,1 %. En revanche, pas d’augmentation pour le CHS, ni pour l’hôpital du Nord (CHN).