samedi 23 novembre 2024

A Actualité politique

Appel à la non-participation si la date est maintenue au 12 décembre 2021

Réunis sous la dénomination « Comité Stratégique Indépendantiste de Non-Participation », les représentants des partis  politiques (FLNKS, les nationalistes du MNSK, PT, DUS, MOI) et les structures syndicales indépendantistes (USTKE, FLS, CNTP) étaient réunis en conférence de presse en début d’après-midi dans nos locaux. Les représentants des indépendantistes ont affirmé leur non-participation à la 3ème consultation référendaire au 12 décembre 2021 si la date est maintenue, et ils ont demandé à l’Etat de le reporter en septembre ou en octobre 2022. Ils ont dénoncé « une rupture de parole de l’Etat français, une consultation anxiogène, biaisée et mal préparée… ». 


Explications dans le communiqué joint par le « Comité Stratégique Indépendantiste de Non-Participation ». 



De gauche à droite - André Forest, président de l'Ustke - Daniel Goa, président de l'Union Calédonienne et porte-parole du FLNKS - Marie-Pierre Goyetche, 1ère vice-présidente du Parti Travailliste en Kanaky et membre active du MNSK. 

" La population intéressée s’est prononcée à 85,69 % lors de la dernière consultation le 4 octobre 2020, alors que notre pays était covid-free. Cet extraordinaire taux de participation, et un Oui à 46,74%, démontrent la forte implication et l’intérêt des populations concernées, bien au-delà du seul peuple premier ", a soulevé Daniel Goa, porte-parole du FLNKS à la lecture du communiqué. 


De gauche à droite au 1er plan - Pierre Wong Kongtao, 1er vice-président de l'Union Progressiste en Mélanésie, chargé de l'animation au Bureau politique du FLNKS. A ses côtés, les représentants des différentes mouvances indépendantistes : Dynamik Unitaire Sud (DUS), Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités (USTKE), Union Calédononienne (UC), Mouvement Nationaliste pour la Souveraineté de Kanaky (MNSK), Rassemblement Démocratique Océanien (RDO) - Au 2nd plan de gauche à droite - Les représentants du Mouvement des Océaniens Indépendantistes (MOI) et du Front de Lutte Sociale (FLS). 

" Une rupture de parole de l’État français

Lorsque les deux présidents de groupe UC-FLNKS et nationalistes et le Groupe UNI ont demandé le 8 avril dernier l’organisation de la 3e consultation en début d’année 2021, ils s’inscrivaient dans la parole donnée par le Premier ministre Édouard Philippe le 10 octobre 2019 à l’issue du Comité des Signataires : « L'Accord de Nouméa prévoit que, en cas de non au deuxième référendum, il est possible de tenir un troisième référendum dans les deux ans qui suivent le deuxième. Nous avons exclu que cette troisième consultation puisse être organisée entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d'août 2022. Il nous est collectivement apparu qu'il était préférable de bien distinguer les échéances électorales nationales et celles propres à l'avenir de la Nouvelle- Calédonie. » Le Conseil des ministres, par décret n° 2021-866 du 30 juin 2021, a décidé de fixer au 12 décembre la 3e consultation. Cette date a été fixée unilatéralement par l’État français sans consensus des partenaires politiques et sans que soit réuni le Comité des Signataires de l’Accord de Nouméa. 

Une consultation anxiogène 

Nous, les participants du camp du Oui, souhaitons que cette ultime consultation de l’Accord de Nouméa se déroule dans un climat serein et apaisé ; tout le monde peut se rendre compte que ce ne sera pas le cas. Depuis le 6 septembre 2021, notre pays a été durement éprouvé par la crise sanitaire. Le bilan ne cesse de s’alourdir et l’heure est à la compassion et aux condoléances pour les familles. La Covid 19 a créé un climat anxiogène, la population est divisée sur l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, aussi bien chez les partisans du Oui que ceux du Non, en plus de son impact dans le monde du travail, des secteurs sensibles à ceux impactés par la réduction de leur chiffre d’affaires.

Notre population est meurtrie par cette maladie et les processus de deuil ne sont pas aboutis. Dès que la population pourra à nouveau circuler librement, tous citoyens confondus, elle n’aura comme priorité que de pouvoir rendre hommage aux défunts qui sont partis ces dernières semaines. Il n’est pas concevable de nous présenter devant eux dans ces conditions.

Le partage du droit à l’autodétermination pour une ultime fois 

La déclaration finale de la table ronde de Nainville-Les-Roches du 12 juillet 1983 a ouvert une période longue de 38 ans dans laquelle le peuple kanak a décidé de partager son droit à l’autodétermination avec les autres ethnies présentes en Nouvelle-Calédonie. Nous avons invité les victimes de l’histoire coloniale, qui n’ont plus d’autres Pays à être une partie de nous, au travers de trois consultations et par la citoyenneté calédonienne. Cette citoyenneté ouverte aux autres fournit également aux citoyens et aux communautés non-kanak une garantie politique d’égalité de traitement et d’inclusion dans le destin commun. Elle sécurise l’avenir des populations concernées. Elle est la matrice du peuple légitimé de ce Pays. Y aurait-il une marche forcée pour la destruction de ce vivre ensemble ?

Une consultation biaisée 

Nous refusons d’être enfermés, comme l’État français cherche à nous y contraindre, dans un choix entre une indépendance solitaire de rupture et un nouveau statut dans la France avec l’élargissement du corps électoral spécifique aux citoyens de ce Pays. Le document de l’État sur les conséquences du Oui et du Non ne fait pas consensus. Il a été jugé comme « n’étant ni plus ni moins qu’un manifeste de propagande pour le Non » par le 39e congrès du FLNKS le 21 août à Nouméa, et par les autres mouvances indépendantistes. Il y manque la présentation des partenariats ou des interdépendances possibles avec notre puissance administrante, alors même qu’ils avaient été étudiés dans le rapport des experts Courtial et Mélin-Soucramanien (octobre 2013). 

Une consultation mal préparée

À ce jour, moins de 200 électeurs des îles se sont inscrits dans les bureaux délocalisés, alors que nous estimons sur la base des procurations effectuées lors des provinciales le potentiel à plus de 3000. Aucune campagne d’incitation n’a pu être menée à leur égard, comme nous l’avons fait pour les deux précédentes consultations, du fait des confinements stricts puis adaptés ; la propagande de l’État sur ce sujet a été quasi inexistante. Les groupes politiques du camp du Oui habilités à faire campagne ont signifié au HCR n’avoir pas transmis de document de propagande à la commission de contrôle pour la consultation référendaire si elle devait se maintenir le 12 décembre 2021. Il en sera de même de la campagne audiovisuelle. Vue le contexte, nous pouvons d’ores et déjà affirmer que la campagne électorale à venir sera trop courte, très inéquitable et très inquiétante.

Nous, les participants du camp du Oui demandons le report de la date du 12 décembre à septembre ou octobre 2022 et nous prévenons l’État français de notre non-participation si la date est maintenue. Le Gouvernement français devra assumer seul sa décision.

Quel sens donner à une consultation sur la pleine souveraineté sans le peuple kanak ?

Le ministre des Outre-mer limite ses arguments à une situation sanitaire qui serait devenue acceptable, sans aucunement se poser la question du climat social. Dans tous les pays, la santé et le social vont de pair, jamais l’un sans l’autre. Il conviendrait plutôt de travailler sur les conditions d’organisation de nouvelles modalités de campagne électorale et de vote pour une consultation dont la date serait convenue pour septembre ou octobre 2022 selon la situation sanitaire, qui aurait toutefois, à ce moment-là,  perduré dans le mode de vie locale.

L’Accord de Nouméa prévoit en cas de 3e Non que les forces politiques discutent de la situation ainsi créée. Nous ne respecterons le résultat de la dernière consultation qu’à la condition qu’elle se déroule dans un climat social serein et apaisé et après une campagne équitable.

Une décision irrévocable de non-participation

Si l’État français décide malgré tout du maintien de la date du 12 décembre, les groupes politiques lui ont déjà signifié leur décision irrévocable de non-participation, en ne transmettant pas de document de propagande à la commission de contrôle pour la consultation référendaire. 

Le refus de tout engagement sur la période de transition 

Si l’État français décide malgré tout du maintien de la date du 12 décembre, qui sera alors autour de la table pour discuter le lendemain ? Nous n’y serons pas. Nous ne nous sentons pas engagés dans le calendrier d’une période transitoire ou non qui nous amènerait en juin 2023. 

Une grave incertitude sur l’avenir économique et institutionnel de notre pays 

La conséquence du maintien de la date du 12 décembre rendra impossible toute sérénité pour notre avenir institutionnel et économique à court ou moyen terme. L’État français devra assumer seul sa responsabilité dans la situation ainsi créée. La population n’acceptera pas le résultat d’une 3e consultation organisée dans les conditions actuelles. Le moment venu, si nécessaire, nous pointerons devant la communauté internationale les manquements, les dessous et les travers d’un État passéiste qui ne tient pas parole et se cramponne à des schémas réducteurs d’antan. Le temps de la colonisation est révolu.

La nécessité d’un référendum de projet

Notre futur se conjuguera dans une pleine et entière souveraineté, parce qu’aujourd’hui ce qui nous divise. C’est la néo-colonisation Française. Il faut clore définitivement cette situation. Nous avons toujours rappelé notre souhait de la définition d’un nouveau lien avec la France ou d’autres Pays, comme le préconise l’Accord de Nouméa. Ce choix est celui d’un État souverain et libre de co-construire une interdépendance comme l’affirmait Jean-Marie Tjibaou. L’approfondissement de ces interdépendances ou de ces partenariats doit être le cœur de la réflexion autour d’un référendum de projet pour la 3e consultation. Mais s’il faut absolument choisir entre la liberté et ces interdépendances, alors nous choisirons notre liberté."

 


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