vendredi 29 mars 2024

A Actualité politique

L'ADN n'est pas la panacée pour nous indépendantistes

Le Parti Travailliste n'a pas été invité au 11 ème Comité des signataires

En conférence de presse le jeudi 10 octobre, le Parti Travailliste par la voix de son président, Louis Kotra Uregei a largement donné son sentiment sur sa non-invitation au Comité des signataires. LKU a dressé un bilan de l'application de l'Accord de Nouméa, signé en 1998. Selon le bras politique de l'USTKE, l'avenir institutionnel ne se décidera pas sans le P.T. 

LKU : « Nous avons souhaité faire cette conférence de presse pour donner notre sentiment. Compte-tenu du fait que le Comité des signataires se tient actuellement à Paris et que le Parti Travailliste n'a pas été invité. Lorsque nous avons su qu'il allait se tenir un Comité des signataires, nous avons adressé un courrier au ministre. Non par parce qu'on voyait rouge comme l'a titré « Les Nouvelles ». Le Parti Travailliste a participé déjà au Comité des signataires et ne comprend pas pourquoi l'État revient en arrière sur cette invitation. L'explication pour nous vient du fait que certains responsables politiques indépendantistes et non indépendantistes ne souhaitent pas la présence du Parti Travailliste dans ces instances au plus haut niveau où les questions politiques importantes concernant le pays sont discutées ». 

 Le PT a une légitimité  démocratique 

« Mais toujours est-il, aujourd'hui le P.T a une légitimité qui doit lui donner accès à toutes les instances où se discutent les choses importantes du pays. L'Accord de Nouméa (ADN) a été signé en 1998, le Parti Travailliste n'existait pas. L'USTKE avait été signataire de l'Accord Matignon-Oudinot et elle avait toujours participé au Comité de Suivi. En 1998, dans la 2ème phase de discussion, nous avons été écartés comme ça se fait actuellement alors que nous avions la légitimité d'y participer à l'époque en tant qu'USTKE.

Dans tous les Comités des Signataires qui ont suivi l'Accord de Nouméa nous n'avions jamais réclamé quoi que ce soit. En 2008, le Parti Travailliste créée un an plus tôt participe aux élections municipales obtient des milliers de voix et plusieurs dizaines de conseillers municipaux. En 2009, on participe aux élections provinciales. Le P.T obtient 7 conseillers provinciaux, 4 au Congrès. Alors 4, évidemment ce n'est pas suffisant pour avoir un groupe au Congrès. Nous avons demandé d'ailleurs à plusieurs reprises que le seuil soit baissé de 6 à 4. Malheureusement, ça n'a pas été accepté. Et toujours est-il avec ces élus au Congrès, c'est là où c'est l'instance délibérante, c'est l'instance législative du pays.

Nous, nous estimons que nous avons une légitimité démocratique du pays et que notre place se doit d'être partout où les choses se discutent. D'autant que cet avenir ne se décidera pas sans le Parti Travailliste. Et les élections de 2014 vont le montrer. Nous, nous avons aujourd'hui acquis une représentativité et une légitimité incontournable qui doit être reconnue à commencer par l'État. Aujourd'hui, cette communication c'est pour dire ça et nous dénonçons ça. Sans exiger quoi que ce soit. »

Le P.T a une représentativité réelle 

« Nous dénonçons le fait qu'un parti politique représentatif d'une partie des habitants de ce pays ne soit pas invité au Comité des signataires sous des combinaisons fallacieuses. On a supprimé au Congrès la convocation des formations politiques pour s'en tenir qu'aux seuls groupes. Donc aujourd'hui, lorsque l'État invite les groupes représentés au Congrès donc évidemment ça écarte d'emblée le Parti Travailliste. En dehors des élus individuels qui sont séparés des formations dans lesquelles ils avaient été élus, seul le Parti Travailliste a 4 élus. Il a été élu par un électorat distinct. Ces élus n'ont jamais bougé. Donc ça veut dire quoi ! Ça veut dire que nous avons une représentativité réelle.»

Le P.T a une expérience politique 

« Nous aurions souhaité y participer car nous avons un certain nombres de choses à dire : concernant l'avenir de ce pays ; notre point de vue sur la situation du pays et sur l'application de l'ADN. D'ailleurs, je précise que nous avons des représentants qui participent à tous les Comités de pilotage depuis qu'ils ont été mises en place. Dans chaque Comité de pilotage siège un représentant du P.T Les comités de pilotage ont été mises en place par le Comité des Signataires pour justement préparer les travaux du Comité des Signataires (sur les questions restant à définir). Et si à ce moment là, on a jugé que le Parti Travailliste devait être présent dans les comités de pilotage c'est bien parce qu'il a une représentativité politique. Il a une expérience politique qui contribue à la réflexion sur les questions importantes concernant le pays.»

L'application de l'ADN. Se prépare-t-il un nouveau statut ? 

« Concernant l'application de l'ADN. On a vu aussi dans la presse qu'un parti politique indépendantiste a dit un certain nombre de choses concernant le Parti Travailliste. Et notamment le fait que nous considérons que l'ADN n'est pas la panacée pour nous indépendantistes.

Nous, nous affirmons clairement : la position indépendantiste du Parti Travailliste. Peut-être que d'autres n'osent plus l'affirmer ou ont oublié qu'ils étaient des élus en tant qu'indépendantistes. Ce n'est pas le cas du P.T

Nous, nous sommes pour l'indépendance de notre pays. Notre pays est toujours une colonie française. Notre pays est inscrit sur la liste des pays à décoloniser de l'ONU. Donc, l'ADN prévoit qu'à la sortie il y aura un référendum d'autodétermination. Ça veut dire quoi : si on parle d'autodétermination ? C'est bien parce qu'on part d'une situation précise. Donc, c'est ça que nous voulons continuer à dire. Donc, c'est peut-être ça qu'on a pas voulu entendre. Qu'est-ce qui se prépare pour qu'on ne veuille pas de la présence du P.T aux discussions ? Se prépare-t-il un nouveau statut ? Est-ce que des gens comme en 98 sont déjà entrain de discuter avec l'État pour commencer à mettre en place les grandes lignes de ce qu'il pourrait être un nouvel accord ? Et éloigner encore une nouvelle fois de plus la question de l'indépendance ? Donc, si c'est le cas, nous on le dénonce. Personne, je le répète, personne n'a été accréditée pour ça ! Aucun parti politique indépendantiste n'a été accrédité par qui ce soit pour de nouveau négocier un nouveau statut. Donc ça c'est notre réponse par rapport à ce fait qu'on nous écarte pour peut-être mieux commencer à discuter en catimini sur un nouvel accord.»

Pourquoi sommes-nous résolument pour l'indépendance ? 

« On a vu que l'application de l'ADN n'a pas été jusqu'au bout ! On a eu récemment un débat sur la citoyenneté. On a bien vu que la citoyenneté, elle se limite simplement à la distinction de différents corps électoraux. Dans les faits de tous les jours, il n'y a rien qui protège le citoyen calédonien réellement alors que cette disposition de la citoyenneté comme la qualifier la représentante du FLNKS à ce débat. Elle a parlé d'une mesure emblématique de l'ADN.

Donc en 1998, lorsque a été l'ADN, il n'y avait pas encore le gel du corps électoral. Donc, il n'y avait pas cette distinction entre les corps électoraux. Pourquoi emblématique, parce que ça devait justement servir à protéger l'emploi local, à protéger l'accès à la formation. Notamment, l'accès aux mesures sociales.  Ne serait-ce que ça l'ADN prendrait toute son importance ! Si on prend ce qui a été décidé par rapport à l'Usine du Nord, tout ça c'est dans la continuité de l'Accord Matignon-Oudinot. Toutes ces grandes lignes qui ont été arrêtées au moment des Accords Matignon-Oudinot. »

Les transferts de compétences et la citoyenneté 

« Il y a deux choses qui ont été arrêtées dans l'ADN, ce sont principalement : les transferts de compétences et la citoyenneté. La citoyenneté, on l'a vu, ils n'ont jamais voulu aller jusqu'au bout. Alors que ça aurait pu changer beaucoup de choses dans le pays. Aujourd'hui, du fait  que cette citoyenneté n'a pas été mise en place. Il y a énormément de jeunes qui ont des diplômes et qui reviennent et ils n'ont pas de travail. Parce que le travail est déjà occupé. Parce qu'on n'a pas prévu de protéger les emplois pour eux. Les problèmes de logement qui se posent par rapport aux citoyens du pays et malheureusement à cause des non-citoyens qui ont accès au logement. Concernant la formation, combien de fois on a dénoncé le fait des gens qui sont arrivés depuis peu sur le territoire et qu'ils bénéficient des formations ! Donc, beaucoup de choses ont été contournées dans l'ADN et ce n'est pas la réponse qu'on attendait ! »

La question de la citoyenneté : 15 ans après

« Il est question de la citoyenneté, 15 ans après c'est remis à l'ordre du jour du Comité des signataires. Une question qui avait été tranchée et qui figurait dans l'ADN. Simplement parce que les politiques du pays n'ont pas été jusqu'au bout de leurs signatures. Pourquoi ils n'ont pas été jusqu'au bout de leurs signatures. J'ai une réponse claire là-dessus : les non-indépendantistes ont neutralisé, ont contourné l'ADN, ont neutralisé son implication en ne faisant pas appliquer cette mesure emblématique. Et les indépendantistes n'ont pas osé le faire, ne l'ont pas réclamé aussi. Les seuls qui ont fait une manifestation pour la mise en place d'une citoyenneté, c'est le Parti Travailliste & l'USTKE soutenus par une partie de l'UC. Et ça s'est passé l'année dernière et même cette année. C'est révélateur.»

Les transferts de compétences : partiels et pas de suivi local 

«Les transferts de compétences, c'est un groupe de travail composé essentiellement de fonctionnaires métropolitains qui préparent les transferts de compétences, les proposent au Congrès qui le vote. Il n'y a personne ou des responsables politiques qui sont investis localement pour suivre ce travail de transfert de compétences. On en arrive qu'un certain nombre soit transféré partiellement (la police & la sécurité maritime, la police et la sécurité aérienne). S'agissant ensuite de ce qui est transféré et qui est appliqué au niveau de la loi sur l'emploi local. Mais c'est quelque chose qui est absolument ridicule. Personne ne respecte ces dispositions qui ont été mises en place. Et c'est tellement facile à contourner car il n'y a pas la disposition juridique sur la citoyenneté. 

Un exemple très clair dans ce domaine là : c'est le nombre de patenté, en l'an 2000 il y avait 7000 patentés – en 2012 : le chiffre est monté à 22 000 patentés. Car c'était un moyen de contourner la Loi sur l'emploi local. Nous sommes bien placés pour suivre cela avec l'USTKE ». 

Un échec le rééquilibrage 

« On va peut-être déranger à la fois l'État et surtout les responsables politiques locaux qui n'ont pas appliqué réellement l'ADN. Les bilans qui ont été faits notamment sur le rééquilibrage. Ça a été un échec le rééquilibrage. Lorsque il y a eu le bilan sur la loi sur la défiscalisation sur le territoire. Il en est ressorti que 95 %  de l'application de cette loi a été fait dans le Grand Nouméa. Ça a été quelques mesurettes qui ont bénéficié au reste. Alors là, je ne parle pas des grands projets industriels notamment de l'usine du Nord...»

A qui aura servi l'ADN ? 

« A qui aura servi l'Accord de Nouméa ? D'abord, il n'a pas servi aux kanak. Ça c'est clair. Il n'a pas servi aux calédoniens aussi. Car aujourd'hui, beaucoup de calédoniens, des non-kanak, les victimes de l'Histoire comprennent que les flux migratoires n'ont jamais cessé ! La preuve, c'est ce corps électoral gelé qui ne cesse de grossir ! On arrive aujourd'hui à 30 000 personnes qui ne peuvent pas voter ! C'est-à-dire qu'ils sont rentrés après 98. Pourquoi sont-ils rentrés après 98 ? Parce qu'il n'y a pas eu la citoyenneté pour protéger l'emploi pour les locaux ! Protéger les logements pour les locaux ! Protéger la formation pour les locaux ! Des actions  pour des mesures sociales pour les locaux etc..», a-t-il affirmé. 

LKU signataire de l'Accord Oudinot 

« J'ai été signataire de l'Accord Oudinot. Pourquoi ai-je signé ? J'ai signé pour le rééquilibrage. J'ai signé pour que ces accords règlent les problèmes de mon pays. Les problèmes qui ont amené les évènements. Que ces accords règlent les problèmes de la population de ce pays, pas pour des populations à venir. Au niveau du P.T, on a aucun complexe à le dire ! C'est notre bataille politique c'est-à-dire que l'on fait des choses pour les habitants de ce pays... Récemment, on a vu une publication de l'ISEE sur les personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Il y a 1 personne sur 6 qui vit en dessous de ce seuil. Pour les habitants vivant en tribu, au total il y a 1/3 de la population kanak qui vit en dessus de ce seuil de pauvreté !...»

2014-2018 : Temps pour clore le contentieux colonial

Rencontre avec le ministre de l'Outre-Mer, Victorin Lurel.  LKU : « La date de 2014 est essentielle pour nous. C'est cette date qui va nous faire rentrer dans la dernière ligne droite.  C'est cette date qui va nous faire rentrer vers l'indépendance par la voie  et le vote démocratiques. 2014-2018 : c'est le temps consacré à préparer le pays avec l'État pour définir un nouveau partenariat. Si l'État est d'accord. Des discussions d'égal à égal pour définir un nouveau partenariat, pour clore le contentieux colonial, pour bâtir un pays nouveau, une nation nouvelle. Mais il faut que les kanak trouvent la réponse politique à cette souffrance qu'ils endurent depuis 1853...», a-t-il précisé à la fin de la conférence. 



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