Tirs tendus.
A Nouméa, une trentaine dâentreprises stratégiques devraient être bloquées, dont Carsud (filiale de Veolia) qui assure les transports en commun dans la province Sud de lâarchipel. Devant cette société, où un piquet de grève est installé depuis plusieurs mois, de très violents affrontements avaient opposé le 17 janvier, durant douze heures, 500 militants de lâUSTKE aux forces de lâordre. Résultat : une trentaine de blessés, des responsables et militants syndicaux incarcérés durant un mois et, fin mars, un procès contre 19 membres de lâUSTKE. Le jugement a été mis en délibéré au 21 avril.
Une peine dâun an de prison, dont six mois ferme, a été requise contre le président de lâUSTKE, Gérard Jodar, accusé dâêtre lâinspirateur des violences, même si il nây a pas personnellement participé. Hier, une mission de lâIGPN (Inspection générale de la police nationale) est arrivée en Nouvelle-Calédonie pour enquêter sur lâaction de la police durant les échauffourées. Etayés par des photos et une vidéo, les témoignages sont accablants : tabassages, tirs tendus (grenades, balles en caoutchouc, petits plombsâ¦), menottages des poteaux durant plusieurs heures.
Lors de la grève générale de demain (plusieurs autres ont déj été lancées par lâUSTKE depuis le 17 janvier), lâEtat aura de nouveau le choix. Faire le gros dos en laissant le syndicat bloquer des entreprises, ou réquisitionner les forces de lâordre pour les dégager au risque de nouveaux affrontements.
Mollesse.
Le nouveau haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie, Yves Dassonville, est déterminé ne pas laisser de terrain lâUSTKE. Mais prendra-t-il le risque, demain, de montrer ses muscles avec la certitude de nouvelles violences la clé ? Le syndicat indépendantiste - qui a créé en novembre un parti politique (le Parti travailliste qui se propose notamment de «défier la politique coloniale») -, a le vent en poupe et inquiète Paris.
Par son discours et ses méthodes, il séduit la jeunesse kanake et bouscule la coalition indépendantiste du FLNKS. Vieillissant, divisé entre ses composantes, le FLNKS sâest fondu dans les institutions calédoniennes où, conformément lâaccord de Nouméa (signé en 1998), il participe au gouvernement local avec la droite anti-indépendantiste. LâUSTKE lui reproche notamment sa mollesse pour obtenir les transferts de compétences que la France doit céder, dans tous les domaines, la Nouvelle-Calédonie dâici 2014. Or, câest avec le FLNKS, et lui seul, que lâEtat négocie toutes les évolutions institutionnelles du territoire. A chaque nouvelle action de lâUSTKE dans lâarchipel, câest désormais beaucoup plus quâune simple grève qui est en jeu.
Envoyé spécial Nouméa Antoine Guiral
Mercredi 9 avril 2008
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