- L’étude sur les salaires s’appuie sur les données de l’étude prospective Emploi-Formation 2015 réalisée tous les deux ans par l’Observatoire de l’Institut pour le Développement des Compétences en Nouvelle-Calédonie (IDC-NC). Cette étude a non seulement pour objectif de recenser les besoins en emploi et en formation des entreprises, d’identifier les difficultés de recrutement des employeurs, mais aussi de fournir des informations sur le profil et les conditions d’emploi des salariés.
- Les salaires. Quelle est l’évolution du salaire moyen brut entre 2011 et 2015 ? Quelles sont les disparités et comment s’expliquent-elles ?
- En matière de rémunération, les disparités de salaires s’expliquent non seulement par le profil des salaires (sexe, âge, ancienneté, niveau de diplôme atteint), mais aussi par les caractéristiques des entreprises (taille d’entreprise, domaine professionnel d’exercice).
- Ainsi, les conditions salariales deviennent plus avantageuses à mesure que les salaires avancent en âge, en ancienneté et/ou en responsabilité.
Line Hadjifran, responsable de l’Observatoire de l’Emploi, des Qualifications, des Salaires et de la Formation pour le Développement des Compétences en Nouvelle-Calédonie, et Aurélien Bodin, chargé d’étude et rédacteur de la dernière publication intitulée « Salaires en 2015 ». Précisions avec ces deux responsables de l’IDC NC.
- Que dit cette enquête sur l’évolution des salaires entre 2011 et 2015 ?
- Line Hadjifran : « Ce qu’on peut noter, c’est une augmentation du salaire moyen entre 2011 et 2015 de 11,2 %. Cette augmentation est généralisée quelque soit le profil des entreprises (petites ou grandes/privé ou public), quelque soit le profil des salariés et quelque soit l’âge et le genre. »
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- Combien d’entreprises sont concernées par cette enquête ?
- Line Hadjifran : « C’est une enquête que l’on fait tous les deux ans auprès de plus de 6 000 entreprises. C’est-à-dire toutes les entreprises qui embauchent au moins un salarié. Et plus de 2000 entreprises nous répondent. »
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- Concernant les disparités entre hommes et femmes et comment s’expliquent-elles ?
- Line Hadjifran : « On note une disparité entre homme et femmes notamment au niveau du diplôme. On voit que l’écart se creuse entre hommes et femmes. C’est-à-dire sur des niveaux de diplômes peu élevés, on n’a peu d’écart entre les femmes par contre sur des diplômes plus élevés (Bac + 5), l’écart est plus élevé entre hommes et femmes. Sur les salariés de niveau > =Bac+ 2, les hommes gagnent en moyenne 17,5 % de plus. Cela s’explique en partie que les femmes accèdent moins à des postes d’encadrement. On voit que les femmes sont moins nombreuses sur les statuts de cadres. »
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- Le fait de travailler dans une grande entreprise comprenant plus de 100 salariés et dans le secteur public, est-il plus avantageux que de travailler dans une petite entreprise et dans le secteur privé ? C’est ce que révèle cette étude des salaires entre 2011 et 2015 ?
- Line Hadjifran : « Effectivement, on note que l’augmentation salariale touche tous les profils d’entreprise par contre les salariés sont mieux rémunérés dans les grandes entreprises et dans le secteur public. C’est lié aux caractéristiques de l’emploi dans ces entreprises. On sait que dans le secteur public, on a plus de diplômés et donc plus de postes de cadres. »
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- Est-ce le fait de la représentation des corps de métiers dans le public et dans le privé qui explique cet écart de salaire ? L’écart entre le plus haut salaire du public et le plus haut salaire du privé ?
- Line Hadjifran : « Dans le secteur public, le fait d’avoir un concours à l’entrée. Ce concours demande un diplôme minimum pour le passer. Du coup, on va sélectionner au départ des personnes diplômées (+ ou - élevés). Plus le diplôme est élevé, plus ces personnes vont accéder à des postes de cadres. Donc, s’il y a plus de postes de cadres dans le public que dans le privé ; les cadres sont les mieux payés de toute façon que ce soit dans le public ou dans le privé. Le salaire moyen dans le public est tiré vers le haut. »
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- Le fait de faire cette étude tous les 2 ans, est-ce que cela révèle une évolution des salaires en général ?
- Line Hadjifran : « Il y a une évolution du salaire moyen entre 2011 et 2015, soit une augmentation de 11, 2 % comme il a été dit précédemment. On note aussi que l’augmentation de l’inflation est plus faible, si on le compare à l’augmentation salariale. Donc, ce qui veut peut-être dire que le pouvoir d’achat a augmenté. Après, il faut faire attention sur l’inflation. Là, on est sur les résultats d’une enquête, c'est-à-dire qu’on est sur une certaine population. Ce n’est pas toute l’économie qui est concernée. Alors que l’inflation concerne toute l’économie d’un pays ».
- Aurélien Bodin : « Cette évolution du salaire moyen, elle est généralisée aux quadragénaires, aux trentenaires que ce soit dans la taille de l’entreprise etc .. Personne n’est laissé sur le banc des touches. Tout le monde bénéficie de cette augmentation à des niveaux différents, à des vitesses d’augmentation différentes notamment entre les hommes et les femmes. Les hommes et les femmes ont un salaire qui augmente entre 2011 et 2015 mais celui-ci augmente à des vitesses différentes d’où l’écart en 2015. »
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- Les tendances d’activité entre ceux qui sont les mieux rémunérés et ceux qui le sont moins ? Un grand écart entre les salaires moyens ?
- Line Hadjifran : « C'est ce qu’on observe entre 2011 et 2015, quasiment tous les secteurs sont en augmentation ou en stagnation au niveau de l’évolution du salaire. Par contre, on peut noter que dans le secteur de l’agriculture et de la santé, on est en légèrement en baisse au niveau du salaire moyen. Malgré le fait que le secteur de la santé reste en 2015, le secteur le plus rémunérateur. La part de cadres est la plus élevée. Elle va donc tirer le salaire moyen vers le haut. L’agriculture est le secteur le moins rémunérateur, c’est le fait que la part de cadres dans ce secteur est la moins importante de tous les domaines professionnels. On a aussi une ancienneté très faible tout sachant que le salaire augmente avec l’ancienneté dans une entreprise. »
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- Vous parlez du secteur de la santé. Est-ce que tous les hôpitaux privés et ceux du public ont tous été ciblés dans votre enquête ? Et les autres secteurs ?
- Aurélien Bodin : « Sur les 6 552 employeurs qui ont été interrogés entre mars à juillet 2015, on a eu 2 324 employeurs qui ont répondu à notre enquête, ce qui représente 26 855 personnes. Sur ces plus de 26 000 salariés (soit 32 % des salariés) qui exercent 416 métiers différents, on a fait en sorte d’avoir un échantillon représentatif. Dans l’étude sur les salaires, on a eu 16 426 salariés considérés en 2015. On a pris le salarié à temps plein et pour lequel le salaire était renseigné. Parce que l’employeur ne renseigne pas forcément toutes les informations demandées. Dans l’enquête prospective emploi/formation que l’on réalise tous les deux ans, on le recommencera en 2017. Les réponses aux questionnaires reposent sur des déclaratifs. »
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- Comment se passe l’enquête ? Vous envoyez des enquêteurs sur place ? Comment vous les contactez ? Par téléphone, par mail les employeurs ?
- Line Hadjifran : « On envoie sous format papier et par mail à plus de 6000 employeurs. En général, c’est vers février/mars. Quand on va recommencer l’enquête, on va relancer au cours de mars/ février 2017…Une fois que cette enquête a été envoyée, on embauche des enquêteurs pour relancer les employeurs par téléphone. On les propose à chaque fois soit d’avoir un rendez-vous face à face ou soit de remplir avec eux au téléphone comme ils le préfèrent. L’enquête de terrain dure environ 5 mois. Plus on a de réponses de la part des employeurs, plus les études sont affinées. »
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- Ce qu'il faut retenir
- - 305 272 frs CFP, c’est le salaire brut mensuel moyen en Nouvelle-Calédonie soit 11,2 % d’augmentation entre 2011 et 2015.
- - 29 % des salariés perçoivent moins de 200 000 frs.
- - Un salaire 2 fois plus élevé pour les diplômés de niveau Bac+3, par rapport aux non diplômés.
- - L’agriculture, domaine professionnel le moins rémunérateur, a connu une baisse de 23,8 % du salaire moyen en 5 ans pour atteindre 198 000 frs CFP.
- - Le domaine de la santé est le plus rémunérateur avec un salaire moyen de 393 000 frs CFP mais en baisse de 5,6 % par rapport à 2011.
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- Dans cette dernière publication éditée tous les deux ans, retrouvez aussi :
- - Les évolutions salariales entre 2011, 2013 et 2015 par domaine professionnel,
- - Les salaires moyen et médian en 2015 selon les différentes variables,
- - Les salaires moyens des dix métiers les plus exercés dans chaque domaine professionnel.
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- (Source : http://idcnc.nc/ - Rubriques : Actualités et Espace Observatoire)
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