samedi 7 décembre 2024

A Actualité syndicale

Entretien avec le nouveau président de NMC

Perspectives de NMC : montée en capacité de production, plus de personnel, amélioration des conditions de travail. Malgré les difficultés financières rencontrées par NMC (Nickel Mining Company) depuis quelques années. Un nouveau président, Didier Ventura est à la tête de la branche minière du partenariat SMSP/POSCO depuis le 1er décembre dernier pour redresser la barre de cette société. Un énorme défi l’attend. « Nos objectifs : c’est d’étendre notre production, c’est d’embaucher une centaine de personnes, d’améliorer les conditions de travail, de redynamiser le personnel par l’introduction de primes de façon à améliorer nos performances et notre économie. », prévoit Didier Ventura. Explications.

Vous avez rencontré nos délégués le mardi 31 mars dernier. Qu’est-ce que vous avez évoqué avec eux ? Didier Ventura : « Lors de cette réunion, Mr Dang a commencé par un historique de ce qu’a été la SMSP, et ce qui nous a mené peu à peu à créer la NMC, puis à développer le 2ème four. De mon côté, d’une manière un peu plus technique, j’ai montré quelle était la situation aujourd’hui à la NMC. Pourquoi, il était important de monter le plan d’expansion de la NMC, non seulement pour la SMSP mais aussi pour la NMC. Et donc aussi qu’elles étaient les conséquences en termes sociaux, des conditions de travail mais aussi des investissements  permis par le projet d’expansion. » Cette expansion se fait obligatoirement ici dans le pays ou elle s’étend à l’usine basée en Corée du Sud ?   D.V. : « L’évènement que certaines personnes ont eu la chance de voir, il y a à peu près un mois, c’est le démarrage du 2ème four. Donc SNNC a démarré un 2ème four qui va permettre de porter sa production à 53 000 tonnes de nickel. Effectivement cela augmente les besoins en minerai,  ce qui avait été anticipé. Donc la NMC a obtenu un prêt de 17 milliards frs CFP qui a été garanti par la SNNC ( la filiale de la SMSP et de Posco qui possèdent cette usine ) pour se préparer à produire le minerai nécessaire pour alimenter ce 2ème four. Donc pour nous, il y a un premier intérêt à augmenter notre production, c’est  déjà d’alimenter ce 2ème four en n’oubliant pas que cette usine appartient à  51 %  à la  SMSP, c'est-à-dire qu’il y a des retombées, des dividendes qui se font vers la SMSP. Donc, c’est une première bonne raison de faire cette expansion. Il y a deux autres raisons importantes : le volet financier pour la NMC et l’amélioration des conditions de travail des salariés. C’est là-dessus que j’ai axé mon exposé. » Est-ce qu’il y a eu des questions particulières venant des délégués ? Quelles ont été leurs préoccupations ? D.V. : « Les questions ont porté sur les réserves de nos centres miniers. Est-ce qu’elles permettent cette augmentation de capacité ? C’est ce que nous avons voulu démontrer sur l’ensemble  de nos mines à l’exception de Kouaoua qui est une difficulté. Les réserves pour une dizaine d’année, c’est ce que l’on connait économiquement. Il y a ce qu’on ne connait pas. Nous avons de bons espoirs, c’est d’arriver à prolonger ces réserves. Il y avait une autre question qui portait sur les aspects sociaux. C’est vrai que dans la mesure où nous étions en négociation à ce moment là pour un accord afin de passer à trois équipes sur  tous les centres miniers,  je n’ai pas beaucoup insisté sur ces aspects car nous étions en pleine discussion. Aujourd’hui, je peux en parler plus librement car nous venons de signer un accord avec l’USTKE et le SOENC. Il a été signé le vendredi 3 avril. » Cet accord porte sur quoi exactement ? D.V. : « Il porte à la fois sur le passage à 3 équipes c'est-à-dire qu’aujourd’hui on est à 2 équipes. On travaille 5 jours par semaine, 2 postes par jour. Et  là on va travailler les 7 jours par semaine, 2 postes par jour sauf le samedi et le dimanche où il n’y aura qu’un seul poste. » C’est une réorganisation du travail ? D.V. : « Effectivement, c’est une réorganisation du travail qui va permettre de mieux utiliser nos équipements avec un investissement un peu plus faible afin d’augmenter notre production. Alors cette réorganisation du travail s’accompagne de mesures en termes de primes associées  à cet horaire d’une part. Et d’autre part, d’autres primes, trimestrielles cette fois, sont mises en place, associées à la  performance de l’ensemble de la société et de chaque centre minier. » On a parlé de 0, 5 % d’augmentation salariale. Est-ce que c’est toujours effectif ? Si oui, est-ce que cela concerne l’ensemble des catégories du personnel de la NMC ? D.V. : « La NMC perd de l’argent depuis cinq ans. La dernière augmentation salariale  de 0, 5 % date de deux ans. L’an dernier, nous avons perdu 2, 2 milliard francs CFP. Ce  sont des sommes très importantes. Nous avons discuté avec les organisations syndicales et elles ont accepté, pour l’instant, de ne pas privilégier les augmentations générales et collectives sur les salaires, mais de nous concentrer sur des primes qui sont fonction de la production. Nous espérons ainsi  redynamiser les équipes. Nous nous sommes engagés à réétudier la grille salariale courant du dernier trimestre de cette année, dès lors en tous les cas que nos conditions économiques nous le permettront. » Y’a-til des objectifs  à atteindre pour la société, on va dire à court termes, d’ici trois ans minimum par rapport à la situation politique du pays ? D.V. : « Notre objectif à travers le projet d’expansion, il est triple. D’abord,  c’est de recevoir un peu plus dividendes  venant de la filiale SNNC. Deuxièmement, c’est de redresser les comptes de la NMC. Depuis 5 ans, nous perdons de l’argent ! Nous ne pouvons pas continuer comme cela ! Ces pertes d’argent ont été compensées  grâce aux soutiens de la SMSP et de SNNC. Mais il faut à présent que nous atteignions une situation positive. Nous le faisons d’abord en augmentant la production, ce qui, de façon mécanique, réduit les frais fixes à la tonne de minerai. C’est un moyen d’améliorer notre économie. L’autre moyen est d’améliorer nos performances, et nous le faisons en utilisant notamment le prêt de 17 milliards qui nous a été accordé. Par exemple, nous avons renouvelé notre flotte d’engins, nous allons construire des ateliers pour la maintenir. Nous développons la planification minière et  des sondages de pré-exploitation , donc beaucoup d’éléments sur lesquels cet argent nous permet de développer notre efficacité. Un troisième objectif , sans doute  le plus important: c’est d’améliorer les conditions de travail. Nous avons mis la sécurité en priorité en 2015 et ça va le rester. Il est clair que des investissements doivent être faits au niveau des ateliers, des laboratoires, des prises de postes, des vestiaires, des douches etc.… C’est le projet d’extension qui nous permet en fait de financer ces investissements et de les rembourser après. Je pense que ça va mettre la NMC  dans une situation bien meilleure notamment pour le personnel. » Le fait d’obtenir des salariés d’améliorer les performances de l’entreprise et de subir ces contraintes en vue d’être compétitifs en quelque sorte, est-ce que tout ceci ne joue pas sur le moral des salariés ? D.V. : « Notre objectif : c’est d’aller dans un partenariat gagnant-gagnant et de développer l’enthousiasme à travailler. Il y a eu des efforts de fait en terme salarial pour le personnel avec la mise en place de primes non négligeables ! Le passage à 3 équipes avec 8 000 frs CFP par personne et par mois. La prime de performance sera pour les centres miniers de 40 000 frs CFP par trimestre par personne dans les cas où l’on réaliserait tous les objectifs. Ce sont donc des valeurs non négligeables ! A condition de tenir les engagements de production, de présentéisme, de sécurité, d’amélioration des conditions de travail etc. C’est vrai que sur le terrain, les salariés ont vu les engins neufs arriver mais ils n’ont pas vu encore les ateliers ! Mais nous avons des équipes qui travaillent sur les appels d’offre et les plans de détail pour la construction de ces ateliers, bureaux, laboratoires, vestiaires etc. Et, nous avons un premier atelier construit à Nakéty, mine Edouard. Nous nous sommes donnés jusqu’à mi-2016 pour la construction de ces ateliers. » « Je pense que les salariés devraient voir maintenant sur le terrain les résultats de leurs efforts : en termes d’amélioration des conditions de travail et de rémunérations globales. » Par rapport à la région de Canala comme vous parliez de Nakéty. Est-ce que les discussions continuent et sont-elles en bonne voie avec les coutumiers de Canala pour la réouverture du site minier de Boakaine ? D.V. : « Les discussions se poursuivent. Je pense qu’il y a une situation plus favorable qu’elle ne l’a jamais été. Nous avons fait une proposition à la municipalité, au district de Canala.  Mais malheureusement, elle a été refusée. Et ils doivent nous faire une contre-proposition dans les jours qui viennent. Les discussions ne sont pas faciles mais elles ne sont pas fermées. » Des détails sur ces discussions ? D.V. : « Les discussions portent essentiellement sur la façon d’exploiter. Il y a une volonté de créer une société locale. Ceci étant dit nous à NMC, nous tenons à continuer à maîtriser ce que nous appelons le cœur du métier et donc à faire toute cette interface avec l’alimentation des fours en termes de quantité et de qualité. Mais nous avons aussi la volonté d’encourager la création d’une société issue de Canala. Donc, il faut trouver le bon équilibre. » Une possible ouverture des discussions la semaine prochaine ? D.V. : « Nous attendons les propositions qui vont nous être faites. Nous allons les analyser. Nous souhaitons fortement ouvrir  Boakaine car nous avons quand même une vocation « pays », il est important de démarrer l’activité en tous les cas,  pour les populations qui vivent dans la région. Nous voulons le faire dans des conditions durables en accord avec les populations locales et avec la municipalité. Nous cherchons cet accord. » Sur quel axe allez-vous pencher cette année car sûrement qu’à votre arrivée un bilan social de la société vous avez été présenté ? D.V. : « Ce qui m’a été beaucoup présenté en arrivant par le personnel, c’est le blocage des salaires depuis deux ans. J’ai beaucoup entendu sur cette question en décembre dernier. Malgré nos pertes actuelles, nous faisons une tentative d’ouverture sous-forme de primes. Un deuxième élément sur lequel je veux insister, c’est en termes de sécurité. Autant  je pense que la NMC a fait beaucoup d’efforts concernant l’environnement sur les sites miniers, autant en sécurité : nous avons un très gros effort à faire ! Nous avons un taux de fréquence avec accident  (avec arrêt de travail) sur l’ensemble de la société qui est de 18 en 2014. » Cela représente-t-il beaucoup ? D.V. : « Oui, si nous devons nous comparer avec KNS, ce taux est à 3, et sur les mines SLN,  0 depuis  1 an. Donc, nous avons beaucoup moins progressé que nos partenaires et concurrents  dans ce domaine. C’est notre priorité pour les années à venir. Là encore, les investissements en atelier etc.… vont améliorer les conditions de travail. Nous avons fait aussi une priorité  des achats pour la sécurité, et  nous sommes en train de renforcer le service Sécurité. Et un plan d’action a été mis en place sur deux ans pour l’amélioration des comportements en termes de sécurité sur les centres miniers. Nous avons créée un comité de pilotage au niveau de la direction. Bien sûr, le CHSCT a été informé de notre volonté. Nous sommes dans la phase de la mise en place des outils, et il nous faut maintenant  passer à l’étape suivante : un vrai développement sur le terrain. Notre objectif : c’est de réduire le taux d’accident de 20 % par an. » La NMC compte 4 centres miniers en province Nord (Nakéty, Kouaoua, Poya et Ouaco). Des discussions ont été engagées avec les populations de Canala depuis quelques années pour la réouverture du centre minier de Boakaine. La branche minière du partenariat SMSP/POSCO alimente l’usine de transformation la SNNC basée en Corée du Sud depuis ses centres miniers. Avec la 2ème ligne de production de l’usine pyrométallurgique de SNNC située sur le site industriel de Gwangyang en Corée du Sud et inaugurée officiellement le 6 mars dernier, la NMC entre pleinement dans la phase d’extension de la capacité de sa production. Dans ce cadre, la SLN envisage d’alimenter NMC à hauteur d’environ 350 000  tonnes humides de minerai par an. D’ailleurs, un protocole d’accord a été signé entre la SLN et NMC le 26 mars 2015. L’accord prévoit que les produits exportés puissent être de plusieurs types : coproduits des Unités de Traitements des Minerais de Népoui et de Tiébagui (laveries) et saprolites de teneur <2% de nickel (conformément aux pratiques en vigueur depuis quelques années). Leur cession se fera au prix de marché assurant une rémunération équitable à la SLN dans un contexte d’augmentation de la demande mondiale de minerai de nickel. « Cet accord n’affecte pas la mission première de la société, qui est de valoriser en Nouvelle-Calédonie le minerai calédonien, ce qui garantit le maximum de retombées directes et indirectes au profit de l’ensemble des Calédoniens », a assuré le service communication de la SLN dans un communiqué paru le 10 avril 2015. Nombre d’employés au total : 625 personnes Chiffre d’affaire en 2014 : 11 milliards frs CFP Projet d’expansion : 105 embauches en 2015 (Principalement des opérateurs d’engin, des postes techniques et d’encadrement) Emploi local : « Nous privilégions le bassin d’emploi le plus proche des centres miniers », selon Didier Ventura. Budget de formation : Le budget courant pour l’année 2015 s’élève à un montant de 54 M XPF, hors formations liées au Plan d’Expansion dont le budget s’élève à 441 M XPF sur une période de 3 ans pour les actions de formations ou parcours longs, visant à former soit des demandeurs d’emploi conducteurs de tombereaux, notamment sur la côte Est, soit à promouvoir nos propres salariés et à les accompagner : préparateurs, géologues, techniciens HS, techniciens maintenance, etc. 24 chefs de poste ont suivi une année entière un plan de formation technique et managérial concernant l’encadrement de terrain sur les 4 sites miniers. Trois candidats en interne  suivent actuellement le Brevet Professionnel (B.P) Mines à Poro, c’est une formation qualifiante pour les conducteurs d’engin. Egalement, deux personnes suivent un  Diplôme Universitaire (D.U) Mines leur permettant d’assurer des fonctions techniques dans le secteur de la géologie et de la mine « On accentue les parcours de formation interne pour favoriser la promotion de notre personnel par le biais de ces formations », assure la direction de la NMC. Nouveauté. Création à NMC d’une direction des affaires externes et du développement économique sous la houlette de Pamani Siwa. Deux objectifs : - améliorer les liens entre les centres miniers et leur environnement direct (les populations, les coutumiers, les mairies). « Nous avons fait un travail en relation avec les mairies, peut-être mieux par rapport à ce que l’on faisait avant » - développer l’économie autour de nos centre miniers : la NMC se veut être le catalyseur du développement économique « Mais nous le faisons avec nos moyens limités». Exemples : à Poya, facilitation de l’obtention du permis de conduire. A Nakéty : une collaboration sur un pôle technique a eu lieu entre la NMC et la mairie de Canala. L’objectif est de permettre  aux rouleurs de stationner et d’entretenir les engins et ce pôle, qui  représentera ainsi un noyau de développement économique.  



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