jeudi 21 novembre 2024

A Actualité syndicale

Huit mois après le début du conflit, ce qu’il faut savoir sur CARSUD

Les défauts reprochés l’USTKE sont pour nous les qualités que nous défendrons coûte que coûte. L’entêtement et le jusque boutisme que l’on nous reproche ne sont en réalité qu’une détermination a faire valoir les intérêts de ces milliers de travailleurs qui sont impuissants devant le pouvoir de l’argent toujours de plus en plus fort dans le pays. Dans le conflit CARSUD c’est le mélange des pouvoirs, financier, politique et étatique qui rend encore ce jour une solution improbable.

Lorsque l’on sait que le groupe Véolia propriétaire de CARSUD a réalisé un chiffre d’affaire en 2007 de près de 4.000 milliards de CFP comment peut-on penser qu’il se soucie de quelques dizaines de salariés.

De même le donneur d’ordre qu’est le Président de la Province Sud actuel, embarqué dans sa stratégie de division de son parti politique, ne perd pas un centime en maintenant une position de blocage de toute négociation au détriment en premier lieu des usagers.

Car il y a une chose que personne ne doit oublier, CARSUD  ne répondait déj pas aux exigences de transports de passagers avant le conflit.

Au fil des mois le matériel vieilli, les bus ne sont pas remplacés et pannes après pannes ils restent cloués au dépôt de Normandie. Et pendant ce temps l’Etat, souverain, au discours institutionnalisé dans le style « Force doit rester la loi », « Nous devons garantir l’ordre public, les libertés de circuler, de travailler ou d’entreprendre » use et abuse des forces de l’ordre pour faire valoir une idéologie camouflée par de pseudos atteintes aux libertés.

Pourquoi ce 17 janvier 2008, 02 H 00 du matin les forces de l’ordre ont-elles pris d’assaut les abords de la société CARSUD ?On nous a dit que cette intervention était faite titre préventif. Depuis quand l’Etat intervient pour prévenir un conflit du travail qui dans le cas présent se présentait sous forme de grève générale de 24 H 00 avec dépôt de préavis de grève qui avaient été déposés dans les temps.

L’Etat aurait donc le droit d’anticiper sur d’éventuelles actions menées par les organisations syndicales dans un cadre constitutionnel, celui du droit de grève. Comme l’a écrit la Ministre de l’Intérieur Mme Alliot-Marie, en réponse un courrier du Secrétaire Général de la CGT Mr Bernard Thibault, les forces de l’ordre seraient intervenues en réaction des actions brutales menées par l’USTKE du style barrage de routes, incendie du véhicule du directeur de CARSUD entre autres.

Qui a pu lui donner de telles informations erronées lui permettant d’inverser les faits de telle sorte que les effets consécutifs l’intervention des Forces de l’Ordre deviennent officiellement les raisons ayant prévalues cette intervention.

De même le Premier Ministre, Mr François Fillon, dans un autre courrier adressé aussi au Secrétaire Général de la CGT, reprend le discours tant entendu sur le dialogue social, la prévention des conflits en opposition aux actions menées par l’USTKE présentées comme illégales.

Pourquoi tant de désinformation voir de calomnie l’encontre de notre organisation ?

La création du Parti Travailliste ferait-elle craindre un changement profond dans la politique du pays menée depuis des années ?

On peut tout imaginer en comprenant bien que le hasard n’a pas sa place dans ce qui se passe en ce moment.

Que ce soient les interventions de forces de l’ordre, les actions en justice et les condamnations qui s’en suivent, le refus systématique de négocier dans tous les conflits est devenu un usage de la part des patrons l’instar de ce qui se passe actuellement dans le cadre de celui opposant l’USTKE TDF.

Cette société anonyme donc de droit privé, qui n’a plus rien de publique et dont la raison d’être est le profit, fait cependant partie des entreprises pour lesquelles l’Etat impose une pseudo paix sociale en usant de tous les moyens dont il dispose pour préserver les intérêts d’un groupe détenus désormais majoritairement par des fonds de pensions américains. On s’étonnera après que le directeur de cette société passe tous les jours devant nos camarades en grève sans même daigner leur accorder la moindre rencontre pour essayer de régler le litige en cours.

C’est donc cela le dialogue social, l’arrogance des plus riches appuyés par l’Etat.

Pour en revenir CARSUD plusieurs questions se posent :

- Pourquoi depuis fin janvier 2008 n’avons-nous plus d’interlocuteur alors que Véolia avait pris l’engagement d’en envoyer un l’issue du deuxième tour des élections municipales ?- Pourquoi CARSUD par l’intermédiaire de la Province Sud a-t-elle été autorisée a embaucher une vingtaine de chauffeurs pour remplacer les grévistes alors que la loi interdit ce genre de pratique qui porte atteinte au droit de grève, droit constitutionnel ?- Pourquoi la presse passe t-elle sous silence le fait que les grévistes sont présents 24 heures sur 24 devant les accès de la société et ce depuis le 02 novembre 2007 ?- Pourquoi le seul interlocuteur envoyé par Véolia fin Janvier 2008 a-t-il quitté subitement, sans prévenir le pays alors que des négociations étaient en cours avec lui ?

La liste des questions qui se posent serait encore longue s’ il fallait faire le détail de toutes les invraisemblances qui font que ce conflit dure encore et toujours.

Qui devrait donc porter la responsabilité de tout cela ?

 L’USTKE assume et continuera de le faire sa part de responsabilité qui ne repose que sur l’exigence de voir un protocole d’accord signé en Janvier 2007 par Véolia, enfin respecté. Dans un pays comme le notre où la parole est fondamentale, la signature apposée sur un protocole d’accord objet d’un consensus obtenu l’issue de longues discussions, doit absolument être honorée.

L’USTKE a respecté ses engagements, Véolia.. Non.

Lors des seules rencontres organisées fin Janvier 2008 avec Mr Olivier Lebossé du groupe Véolia sous l’égide de la Direction du Travail, le seul discours que nous avons entendu consistait nous dire que le protocole d’accord de Janvier 2007 n’était pas réaliste, pas applicable tel quel et ne servait pas les intérêts du groupe.

Alors pourquoi donc ont-ils signés ce protocole pour ensuite faire ce genre d’analyse ?

Mais le point d’orgue été atteint lors de la dernière rencontre alors que nous attendions comme prévu la veille un projet de protocole.Mr Lebossé, son avocate et le Directeur du Travail nous firent savoir chacun leur tour qu’ils ne pouvaient pas nous remettre le document en leur possession car ce dernier n’avait été rédigé ni par Véolia, ni par l’avocate, ni par le Directeur du Travail mais par…. le Président de la Province Sud.Nous étions revenu la case départ.

 Même si CARSUD assure une mission de transport de passagers dans le cadre d’une délégation de service public attribuée par la Province Sud, il n’en demeure pas moins que dans tous les cas identiques il appartient l’entreprise sous-traitante, donc CARSUD, de gérer la société en assumant les pertes, les profits, la gestion du matériel et du personnel dont tout ce qui touche au pouvoir disciplinaire par ailleurs tant revendiqué par les chefs d’entreprises.

C’est donc un conflit du travail totalement irrationnel  et politisé, certainement pas par l’USTKE, pour lequel chaque militant de notre organisation doit se sentir prêt en terme de solidarité et de mobilisation.

Il est maintenant primordial de bien prendre la mesure de tout ce qui se dit et se fait dans le pays. Vous avez pu entendre encore ces derniers jours que l’indépendance n’avait plus lieu d’être car aucun pays n’était désormais indépendant. On savait que la langue française était pleine de subtilité mais nous sommes prêts faire des débats avec qui le voudra sur l’indépendance qui est en réalité une question de souveraineté se traduisant par une capacité et un pouvoir de décision propre aux instances politiques du pays et en dehors de tout lien organique avec la France.

C’est cette souverainté qui doit nous amener faire le choix de nos interdépendances comme le disait déj Jean Marie Tjibaou l’époque.

Si l’USTKE a organisé et soutenu la création du Parti Travailliste c’est bien pour mettre en œuvre cette démarche devant conduire la souveraineté, seule véritable garantie de destin commun et de développement long terme du pays.

Alors il faut arrêter de jouer avec les mots qui font peur.

Il faut arrêter de bafouer les règles d’une démocratie encore ce jour totalement téléguidée par l’Etat. Ce que fait la justice ici, elle ne le fait plus en France.

Il faut bien en convenir, la colonisation n’est pas terminée.

Il faut en prendre conscience et tout faire pour redonner au peuple Kanak sa place légitime tout en construisant avec ceux qui ne sont pas Kanak, enfin, une vraie communauté de destin au sein d’un pays souverain qui compte tenu de ses richesses et de ses potentialités peut permettre chacun de vivre bien et heureux.

La langue de bois ne sera jamais une caractéristique de l’USTKE.Seul le parler vrai fera avancer les choses, peut-être difficilement mais certainement résolument.

Gérard JODARPrésident de l’ USTKE



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