Le XIVe congrès de l’USTKE qui s’est tenu les 3, 4, et 5 décembre dernier à la Maison des Syndicats (Vallée-du-Tir à Nouméa) a été intense en réflexion et en débats sans discontinuité avec une implication exemplaire des adhérents qui sont restés présents durant les trois jours de travaux.
La résultante de cet investissement des congressistes a été les motions adoptées dont le contenu, parfois long, traduisent bien les débats et les décisions prises à l’occasion de ce rendez vous triennal.
Au nombre de cinq, elles traitent des sujets d’actualité tant sociales que politiques et constituent les orientations de travail pour la mandature qui débute.
A noter toutefois l’atelier « vie chère » qui a fait l’objet quand à lui de recommandations qui ne figurent pas dans les motions ci-dessous.
Dialogue social et Institutions Représentatives du Personnel (IRP)
Motion
L’USTKE, dans les conclusions de ses travaux du XIIIème congrès à Mou, Pwaraïriwa en avril 2010, a décidé de réintégrer les structures paritaires et du dialogue social.
Ainsi, les nouveaux responsables investis dans la responsabilité par ce Congrès ont pris leur place, toute leur place dans le Conseil du Dialogue Social (CDS) et les différents conseils d’administration (CAFAT, FSH, CCT, IDCNC, CES …).
Aujourd’hui, avec le recul de plus de deux ans d’exercice dans cette mission, la voix et le message de l’USTKE sont de nouveaux entendus sur la scène sociale. Notre contribution dans la mise en place de nouvelles normes sociales et la production de droits collectifs au bénéfice de l’intérêt général, est reconnue.
Considérant que l’accès de Kanaky à sa pleine souveraineté doit prendre en compte la dimension sociale culturelle et économique du pays,
Considérant que le dialogue social doit se nourrir d’une ambition sociale, économique, démocratique et pays,
Considérant que les inégalités sociales, le déficit de formation de notre jeunesse, les injustices sont devenus des problématiques essentielles à intégrer dans la mise en place des politiques publiques,
L’USTKE, à son XIVe congrès tenu les 3,4 et 5 décembre 2012 à Nouméa - Maison des Syndicats, dans la région Djubea Kapoume, engage le Bureau Confédéral, ses responsables fédéraux et l’ensemble de ses militants à :
- poursuivre pour faire aboutir la réforme relative aux Institutions Représentatives du Personnel (IRP) dans l’exercice de l’année 2013,
- poursuivre et continuer à investir sans relâche l’exercice de nos mandats dans les structures de dialogue social (CDS), de même que dans les différentes structures paritaires et rendre plus productif ce dialogue social,
- à soutenir et revendiquer très fortement l’application de la loi du pays sur la protection et la promotion de l’emploi local et à y apporter les corrections et les ajustements nécessaires en conformité avec l’ambition d’émancipation politique du pays (contrôle des flux migratoires – critères de citoyenneté),
- à être acteur dans la co-construction des nouvelles normes sociales et dans l’élaboration de dispositifs législatifs visant à améliorer les conditions de vie de l’ensemble des travailleurs de Kanaky,
- faire admettre à tous les niveaux, politique, institutionnel, socio-économique, la nécessité de faire du rééquilibrage et de l’accès des kanak aux responsabilités une priorité nationale. Pour ce faire, la création d’un observatoire du rééquilibrage, la mise en place de statistiques ethniques deviennent des outils indispensables dans la mise en place d’une stratégie appropriée résolument orientée vers la réalisation de cet objectif indispensable et nécessaire. A cet effet, l’USTKE exige de la direction du CHT et du Gouvernement que les besoins en formation de cadres locaux hospitaliers affectés au futur Médipôle de Koutio soient identifiés. Les mesures d’accompagnement en crédits budgétaires dédiés à cette formation doivent être également garantis.
- encourager nos responsables et particulièrement nos délégués syndicaux à faire valoir et défendre leurs droits dans l’entreprise.
Projet éducatif
Motion
Considérant la non prise en compte, la non application de la motion générale du XIIIe congrès de l’USTKE à Mou, Pwaraïriwa en avril 2010, portant :
- sur le taux élevé de l’échec scolaire touchant particulièrement la jeunesse kanak,
- le manque de cadres kanak dans l’enseignement secondaire et supérieur,
- la non prise en compte des réalités culturelles et linguistiques du pays kanak,
- la volonté politique omniprésente affichée de noyer la dimension kanak dans un « pseudo destin commun » avec « le projet éducatif autour du grand débat territorial sur l’école » et du « grand chantier de la formation professionnelle continue »,
L’USTKE réunie à son XIVe congrès les 3 ,4 et 5 décembre 2012 à Nouméa - Maison des Syndicats - propose :
- que le Parti Travailliste relais politique et le Sénat Coutumier prennent en compte une fois pour toutes les motions adoptées lors du XIIIème Congrès,
- l’implication des diverses associations en les sensibilisant sur l’importance du Projet Educatif du Pays, en les encourageant à mettre en place des actions à leur niveau (tribus, quartiers, communes, provinces),
- que la compétence en matière d’élaboration des programmes dans le second degré soit de compétence territoriale,
- de privilégier la coopération avec les Pays de la Mélanésie ainsi que l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou Cuba pour la formation des docteurs, chirurgiens ou avocats,
- d’inclure les valeurs coutumières dans le projet d’établissement,
- de permettre l’accès au grade supérieur de catégorie A et B par liste d’aptitude.
Enfin l’USTKE réunie à son XIVe congrès les 3 ,4 et 5 décembre 2012 à Nouméa - Maison des Syndicats - exige :
- la création d’une Académie du Pays dirigée par un recteur kanak (à la place du haut fonctionnaire de l’Etat qui a une double casquette),
- la titularisation et l’intégration des adjoints techniques (ATEEC) dont le corps d’accueil est en cours de finalisation et des adjoints administratifs (ADJAENES),
- la formation spécifique de cadres kanak dans le secondaire tels que professeurs, chefs d’établissements, CPE, gestionnaires, comptables, chefs de travaux et responsables des agents,
- la montée du drapeau kanak dans les lycées et collèges,
- que l’emploi de kanak doit rester une priorité.
Emploi local et de rééquilibrage dans l’emploi
Motion
Constatant que la mise en œuvre de la loi sur l’emploi local et le rééquilibrage dans l’emploi revêt encore des dysfonctionnements importants, tels que :
- l’absence de plus en plus importante des kanak dans les emplois,
- l’insuffisance de la diffusion des offres (10% des offres sont connues),
- l’incapacité des services publics de placements de remplir leurs missions en assurant un rapprochement efficace des demandes d’emploi et des offres,
- l’impossibilité de déterminer les durées de résidences car les offres d’emploi ne font pas référence au tableau des activités professionnelles,
- le refus des employeurs d’appliquer la loi dans le cadre de la promotion interne,
- la non prise en compte de mesures d’accompagnement pour faciliter l’accès à la compétence et à la qualification,
- l’impact des flux migratoires sur l’emploi.
L’USTKE exige :
- la mise en place dans les plus brefs délais de la citoyenneté prévue par l’accord de Nouméa,
- la clarification des termes de la loi par une circulaire du gouvernement,
- l’instauration de dispositifs d’accompagnement à l’embauche pour faciliter l’accès à l’emploi des travailleurs sans qualification ; ces dispositifs devront permettre également l’accès à la qualification pour avoir un impact suffisant ; cette réforme doit permettre à plus de 1 500 personnes par an de bénéficier de contrat d’alternance,
- la réforme de la formation professionnelle continue doit également permettre de promouvoir la formation tout au long de la vie et bénéficier prioritairement aux personnes les moins qualifiées,
- une refonte d’ampleur des institutions qui interviennent pour assurer la mise en œuvre des politiques de l’emploi local et l’accompagnement des chômeurs : les demandeurs d’emploi doivent cesser de se perdre dans le labyrinthe des institutions gouvernementales et provinciales ; ils doivent disposer d’un guichet unique pour accéder à l’information, être accompagnés dans le choix d’une orientation, accéder à une formation, trouver un emploi,
- la gratuité des transports publics pour les chômeurs,
- la politique de l’emploi doit pouvoir être définie en disposant d’un véritable observatoire des emplois, des qualifications et des salaires alimentés par un dispositif de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Une refonte du système actuel qui est inefficace et improductif doit être réalisée de façon urgente,
- enfin, la mise en place de l’observatoire du rééquilibrage dans l’emploi.
Mines
Motion
L’USTKE réunie en congrès les 3, 4 et 5 décembre 2012 à Nouméa - Maison des Syndicats, réitère sa revendication politique de réappropriation de toutes nos ressources minières dans le cadre de la territorialisation préfigurant la nationalisation que nous souhaitons pour le pays indépendant de demain.
L’USTKE demande :
- la création de différentes entreprises et structures généralisées,
- de favoriser l’accompagnement de la création d’entreprises kanak d’exploitation minières,
- une démarche pays à créer une économie parallèle pour l’après « Nickel »,
- la pérennisation de la ressource minière à travers un contrôle plus strict avec le Conseil Consultatif des Mines et dénonce « le rapport Duthilleul »,
- l’USTKE dénonce la coopération VALE NC - SLN - Province Sud sur l’accord de prospection.
L’USTKE propose :
- d’anticiper la remise en l’état des mines abandonnées dites orphelines (reboisement, réhabilitation, …),
- une loi sur la protection des nappes phréatiques, mangroves, lagon, etc ...,
- la mise en place d’expertises et de structures de veille relatives à la pollution,
- la révision de la convention Mines, la mise en place d’une convention Métallurgie et la révision de la grille salariale,
- l’amélioration et l’adaptation des E.P.I. (Equipement de Protection Individuelle) aux nouvelles techniques de travail,
- la mise en place de bases de vie pour palier aux problèmes de déplacement et d’éloignement propres aux sites miniers,
- revoir la règlementation d’août 2010 relative à l’amiante et la mise en place d’une loi de pays.
Situation politique
Motion
L’USTKE réunie à son XIVe congrès les 3, 4 et 5 décembre 2012 à Nouméa - Maison des Syndicats, conformément à son préambule, réaffirme son engagement pour l’accession du pays à l’indépendance.
D’autre part conformément à la motion sur les structures prises à son XIIème congrès de Mou, le XIVème congrès réaffirme son attachement à un syndicat libre et indépendant.
Dans ce cadre, le XIVe congrès demande que la communication entre les deux structures (syndicat et son relais politique) soit améliorée pour une meilleure prise en compte des aspirations quotidiennes des travailleurs et une implication conséquente de l’USTKE afin de contribuer à une meilleure représentativité des indépendantistes dans la province sud.
Afin de d’atteindre ces objectifs, le XIVe congrès invite l’ensemble de ses militants à œuvrer pour les actions suivantes :
- tout mettre en œuvre dans les meilleurs délais pour la mise en place de la citoyenneté,
- que chaque militant s’engage à vérifier l’inscription de la jeunesse sur les listes électorales,
Enfin l’USTKE réunie à son XIVe congrès à Nouméa apporte son adhésion à l’objectif 2014.