Une foule nombreuse s’est présentée devant les grilles du tribunal pour soutenir les militants jugés le vendredi 22 février dernier. Gérard Jodar, José Bové étaient présents sur le parvis du tribunal pour entendre le délibéré des juges. Deux avocats de renom, Maître Aguila et Maître Roux, ont défendu nos militants qui sont aujourd'hui libres.
Dès jeudi soir minuit, la grève générale débutait pour 24h sur l’initiative de l’organisation. Appel entendu puisque c’est par centaine que, le lendemain matin, le vendredi 22 février 2008, les gens se sont rendus au siège du syndicat. Aux environs de 8 heures, près d’un millier de militants et sympathisants se sont positionnés brièvement aux alentours de la Place Birhakem, avant de se diriger, aux pas de course, vers le tribunal, distant de quelques centaines de mètre. C’est sans surprise que la foule (près d’un millier de personnes) a été stoppée face l’entrée du Palais de la justice dont l’entrée avait été entravée par un portail habituellement ouvert. De l’autre côté l’intérieur du parking, se tenaient les forces de l’ordre avec en avant poste le GIPN. Des retrouvailles qui n’ont pas été du goût des manifestants qui, quoique disciplinés, n’ont pu contenir leur mécontentement face ceux l même qui avaient, il y a déj quelques semaines, molestés nos camarades, pour certains menottés. Après un face face tendu comme chaque fois, entre l’USTKE et les forces de répression, il a été convenu entre la commissaire de police et le Président de l’organisation de limiter l’accès qu’aux familles et ceux, appelés comparaître. Malgré la déception des militants syndicaux, c’est finalement la décision qui a été retenue afin d’éviter tout débordement. Pendant ce temps, un autre cortège est parti de la place du Mwâ Kâ, Baie de la Moselle, l’initiative du comité « Agir contre l’arbitraire et les discriminations » mené par des responsables tels que Roch Wamytan, ancien Président du FLNKS, Raphaël Mapou et André Vama de Rhébù Nùù, Dick Saihu, Président du CNDPA, ou encore Waoulo Albert, Président du Sénat Coutumier.
Ce collectif, important, plus par le soutien de ces meneurs de qualité que par le nombre de manifestants, est venu complété les troupes de l’USTKE déj bien présentes dans la rue adjacente au palais de justice. Une dizaine de personnes ont ensuite pris la parole afin de dénoncer la répression policière, depuis les affrontements du 17 janvier dernier. Durant toute la matinée, témoignages ou comptes-rendus de ce qui se passent ici ou ailleurs ont agrémenté l’attente du verdict : «
De la rigueur, de la détermination, de l’audace », a crié l’un de nos responsables au micro, un autre a rappelé la violence gratuite de la part du GIPN l’encontre des femmes mais aussi des mineurs, durant l’attaque du piquet de grève par les forces de l’ordre le 17 janvier dernier. Un troisième, cette fois-ci, a rappelé qu’il a toujours soutenu personnellement le combat de l’USTKE, quelle que soit la cause défendue et qu’aujourd’hui c’était en tant que sénateur coutumier qu’il apportait le soutien sans faille de ses pairs. Quels que soient les orateurs, les applaudissements ont fusé de part et d’autre de la rue, tellement fort que parfois, ils ont masqué le grouillement de la circulation relayée une centaine de mètres de l . La rue menant au Tribunal ayant été totalement occupée par les campements de l’intendance de l’organisation ! En effet c’est toute la logistique de l’USTKE qui s’est mise en place afin de préparer de quoi se restaurer et se rafraîchir pour une journée qui s’annonçait longue. Venus également en nombre important du Nord du pays, nos camarades ont été contrôlés puis stoppés dès jeudi soir l’entrée de La Tontouta en Province Sud. Un paradoxe auquel nous avait déj habitués le représentant de l’Etat colonial en Kanaky. En effet pour enrayer la mobilisation forte de l’USTKE ce dernier n’a pas hésité revenir sur un principe fondamental auquel il semble pourtant vouloir être attaché : la «
liberté de circulation ». Mais il est vrai que, lorsqu’il s’agit de l’USTKE, toutes ces valeurs chères la république s’effacent au profit d’une logique coloniale qui décidément, n’hésite plus s’afficher au grand jour, au risque parfois de se révéler ceux qui, devant l’essor économique exceptionnel que connaît le Pays, avaient naïvement cru que cette pratique appartenait un lointain passé. C’est aux alentours de 11 h 30 que la nouvelle est tombée : nos 18 militants jugés le matin étaient libres de rentrer chez eux. C’est un grand soulagement en particulier pour les familles des camarades libérés. Une victoire et surtout une revanche gagnée sur un procureur que l’USTKE n’avait cessé de dénoncer pour ses méthodes expéditives qui s’apparentaient plus des pratiques d’un Pays totalitaire qu’ ceux d’une « démocratie » digne de ce nom. Le jugement étant reporté la fin mars il n’en demeurait pas moins que l’annulation de la procédure de comparution immédiate, constituait elle seule une 1ère victoire avec la libération sans délai des camarades.L’après midi s’est poursuivie avec la comparution des camarades interpellés pendant les affrontements du 17 janvier et durant les jours qui ont suivi. Ces derniers seront appelés également comparaître nouveau la fin mars.
«
Vous avez prouvé la justice que vous êtes un syndicat responsable ». C’est en ces termes que Maître Roux, après Maître Aguila, et le Président Jodar, a clôturé son intervention face aux camarades, toujours aussi nombreux dans la rue jouxtant le tribunal, après 12h d’attente sous une pluie battante. Rendez-vous est donc nouveau pris pour les 25 et 31 mars pour la suite d’un feuilleton judiciaire qui promet d’être rebondissant.