Le conseil syndical de la Fédération des Mines s’est tenu le mercredi 23 septembre dans nos locaux où différents représentants syndicaux des secteurs STKE étaient présents à cette réunion statutaire : VALE NC, SLN, Audemard, Gémini, Montagnat, Ballande, Sud Appro, NMC.
Que faut-il retenir pour chaque secteur STKE cité tout en sachant que les trois usines (SLN – VALE NC – KNS) du pays connaissent des difficultés particulières par rapport au contexte économique international lié au cours du nickel et à la crise sanitaire, la Covid-19 ?
Antonio Néwédou, délégué syndical de la section STKE à Vale NC et 2ème secrétaire fédéral adjoint de la Fédération des Mines, des Carrières et de la Métallurgie USTKE fait un point de situation des secteurs STKE des Mines et il répond à nos questions.
STKE/Audemard : « Suite à la crise sanitaire, il y a eu un intervenant extérieur à l’entreprise qui avait été employé par la société Audemard. Durant sa quatorzaine, avec l’accord de la DTE, il s’est rendu à Audemard. Cette problématique a été soulevée par un camarade de Bétonpac. Cet intervenant extérieur était venu pour des missions bien précises sur des installations. Il était là que pour trois semaines. Suite à cette signalisation, nous avons rencontré la direction afin d’avoir plus d’éléments sur ce cas. A cette date-là, il était déjà parti. Durant son travail, cet intervenant était isolé. C’est le groupe Audemard de France qu’il avait dépêché ici pour des missions bien précises comme je l’ai dit. C’est par rapport à cela que la DTE a donné son accord. Aussi, il y a eu la mise en place de la NAO (Négociation Annuelle Obligatoire) car jusqu’à aujourd’hui les augmentations de salaires se faisait par le biais d’un accord d’entreprise signé en 1999. C’est donc un chantier en cours avec le contrôle de la grille salariale ».
STKE/Gémini : « Gémini est une société qui tâcheronne. Ses salariés procèdent à l’excavation et au chargement du minéralier pour le compte de la NMC (Nickel Mining Corporation). Les concessions de la NMC se trouvent sur la mine Bogota à Canala. Dès ce mois-ci et ce jusqu’à décembre, ils leur restent trois bateaux à charger. Ils sont aussi tributaires de la situation économique liée au cours mondial du nickel (LME). Cette année, une délégation de la SMSP est passée les voir sur mine. Les salariés ont pu avoir notamment une information sur la durée de vie de la mine de Bogota. C’est suivant les sondages, les forages d’explorations qu’ils ont fait… La SMSP a conclu qu’il leur reste 2 millions de tonnes à extraire. C’est l’équivalent de cinq ans d’activités. Les trente-deux salariés ont donc un sursis de cinq ans, et ils sont aussi confrontés au blocage des concessions par les coutumiers. Donc, ils n’ont pas de visibilité au-delà de cinq ans. Dernièrement, la société a effectué un investissement conséquent notamment sur une grosse pelle à roue ».
STKE/Montagnat : « Aux dernières élections professionnelles, l’Ustke a remporté le C.E. Le secrétaire du C.E revient à l’Ustke. Il y a un dossier en cours sur l’intéressement avec une l’expertise du cabinet Sécafi Alpha. En 2019, la société a obtenu un résultat d’exploitation positif. A la mi-année, elle a exporté 1,4 millions tonnes de minerais bruts. Au C.E, il y a un projet de réaménagement des horaires (60 heures). Sinon, sur leur dernier cahier de revendications ; on avait demandé la réfection de la salle d’échantillonnage. C’est dans cette salle que tous les échantillons se préparent et ils sont prêts à être analyser. On a su la semaine dernière qu’ils ont fini à la mi-septembre les travaux de cette salle. »
STKE/Ballande : « A Ballande, c’est comme à Montagnat. Aux dernières élections professionnelles, nous avons obtenu le C.E. Dans cette société aussi, ils ont obtenu un résultat d’exploitation positif en fin 2019. A signaler, qu’ils ont eu un malus sur leur prime d’intéressement soit disant qu’ils n’ont pas atteint un des objectifs. Après cette observation, il y a eu un mouvement de contestation des salariés sur place. Finalement, ils ont eu gain de cause, et ils auront un versement en novembre prochain. Egalement, nos représentants syndicaux qui siègent au C.E ont demandé un audit des comptes de la société ».
STKE/Sud Appro : « Cette société alimente les engins en carburant sur la mine de Goro. Les discussions entre l’Ustke et la direction sont suspendues depuis le mois de mai. Des conflits en interne au sein même de la direction bloquent tout dialogue avec notre Organisation syndicale. Il y aussi des conflits avec la SAS de Goro Mines. Par conséquent, nous n’avons plus d’interlocuteur et indirectement, nous avons suspendu les négociations avec cette société. Les élections professionnelles vont se tenir en novembre prochain ».
STKE/NMC : « Nos représentants syndicaux ont un calendrier social bien chargé. L’Ustke a signé l’accord sur la prime de performance. La NAO a été également signée dernièrement. Ils ont aussi signé le protocole d’accord préélectoral pour la tenue des élections professionnelles en décembre prochain. La section STKE souhaite rencontrer les administrateurs de la Sofinor. Par conséquent, notre fédération doit faire un courrier en ce sens. C’est en rapport avec le rachat de Vale NC par la Sofinor alors qu’ils ont des difficultés en interne. Les salariés de NMC aimeraient avoir des informations de leur part ».
STKE/SLN : « C’est toujours lié à la situation financière et économique de la société. Dernièrement, il a été présenté au C.E le projet du mandat ad hoc (*) qui correspond à la période avant le dépôt de bilan. Le prêt de 63 milliards CFP que la SLN a contracté à l’Etat, à ce jour il lui reste 8 milliards CFP. La SLN cherche un prêteur à hauteur de 24 milliards de nos francs ! Et elle a fait une demande de 2 millions de tonnes d’exportation en plus de minerais bruts. On leur a déjà accordé 4 millions de tonnes ».
(*) : Le mandat ad hoc est une procédure préventive et confidentielle de règlement amiable des difficultés. Le but est de rétablir la situation de l’entreprise avant la cessation des paiements.
Le mardi 29 septembre 2020, dans le J.T de NC 1ère , la présidente de la province Sud, Sonia Backes a annoncé qu’il y avait cinq repreneurs potentiels pour le rachat de l’Usine du Sud. Par conséquent, Korean Zinc a été écarté du projet de rachat. Quel est votre avis sur cette annonce ?
Antonio Néwédou : « Nous avons fait plusieurs assemblées générales avec la section STKE et, nous avons eu des rencontres avec les membres du Bureau confédéral afin de donner notre position, notamment sur la question du soutien de l’Ustke par rapport Korean Zink et la Sofinor. Ce que nous avons dit au Bureau confédéral, peu importe le repreneur, il faut que les 1300 salariés soient maintenus à leurs postes avec leurs acquis sociaux. Nous sommes avant tout des salariés. Et ces discussions-là entre nos responsables syndicaux et les autres partenaires, ça se passe à un autre niveau. Ces quatre derniers mois, la section syndicale STKE a beaucoup débattu sur ces questionnements : Va-t-on maintenir les emplois ? Qui va être le repreneur en capacité du supporter la masse salariale actuelle de Vale NC ? Nos acquis seront-ils préservés ? Etc… La masse salariale de Vale NC représente 1 milliard CFP à l’année qui est injectée dans les caisses de la Cafat. Ce n’est pas un trou qu’on aura mais un gouffre, si demain Vale NC se retire définitivement ! »
En tant que partenaire social (STKE/VALE NC) quelle est votre stratégie concernant les discussions en cours dans les instances paritaires (C.E/D.P/CHSCT) ?
Antonio Néwédou : « Avec nos camarades qui siègent dans ces instances-là, on fait le point à chaque fois avant la tenue de chaque C.E, D.P, CHSCT. On adopte une ligne de conduite à tenir après l’analyse des questions. Donc dans ces instances, on a déjà effectué notre travail. On a passé un plan de licenciement. Après cette étape, il a fallu réorganiser les services, les directions c'est-à-dire accompagner les gens qui devaient partir ou ceux qui ont été licenciés. On est passé par cette étape, on s’est confronté à cette période difficile pour chacun d’entre-nous. Concernant du point de vue des salariés, on a fait notre travail de partenaire social : celui reclasser les gens. Durant ce cap, l’Ustke a été une force de propositions. Par rapport à la première question, concernant notre section syndicale STKE, on ne s’est pas focalisé là-dessus notamment sur le potentiel repreneur. On a continué notre travail sur la réorganisation, de sécuriser, de motiver les employés parce que c’est ce qu’il nous restait à faire ! Donc, démontrer que l’usine marche, fonctionne ! C’est cela notre travail via le DP, le CE et le CHSCT. Toutes les missions incombant dans ces instances, on peut dire qu’on a maintenu le cap même si l’annonce a eu l’effet d’une bombe ! Depuis deux mois, on a un cash flow positif ! On n’a pas eu ça depuis dix ans ! Depuis 2010 donc l’année durant laquelle on est entré en production. C'est-à-dire que l’on a fait des bénéfices depuis deux mois. On est arrivé à tenir nos objectifs. Le coût de production en janvier 2020 était à 20 000 dollars la tonne. C'est-à-dire que la société dépensait 20 000 $ pour produire une tonne de nickel. Aujourd’hui, notre coût de production avoisine les 13 000 $ la tonne. On a aussi un coup de pouce par rapport au cours du LME qui est à 15 000 $ à peu près. C’est pour cela qu’on est dans le vert. Le NHC que l’on produit à Vale NC, c’est une production intermédiaire. Sur le marché international, il n’a pas de prix fixe ! Il est vendu à 75 % de la valeur du LME. Si, il est à 13 000 $ la tonne au LME, le NHC vaudra 75 % des 13 000 $ soit 9 700 $ la tonne de NHC.
Par rapport à notre stratégie, on reste sur la même ligne de conduite c'est-à-dire sur le plan social mené depuis la réorganisation de la société. Jusqu’à la semaine dernière, il nous restait trois personnes à reclasser. Au départ, la direction avait annoncé 300 personnes à reclasser puis on est passé à 180 personnes, ensuite on a ramené ça à 120, et au final la société a licencié 40 personnes avec des mesures d’accompagnements (recherche d’un autre emploi, création d’entreprise, reprise des études etc…). Des licenciements accompagnés avec un package d’offre de réinsertion. On l’a dit aux membres du Bureau confédéral, les décisions qui se prennent plus haut, on ne pourra pas influer là-dessus par contre on pourra agir sur la sauvegarde des emplois ».
Il a été évoqué la fermeture de l’usine le 30 octobre, et si elle s’apprêtait à fermer. Votre position est de maintenir les emplois, quelle est votre posture à présent vis-à-vis de vos adhérents STKE sur site ?
Antonio Néwédou : « Par rapport à la fermeture de l’usine au 30 octobre. Depuis trois semaines, on discute sur l’actionnariat salarial. D’ici la semaine prochaine, on devrait avoir un protocole d’accord afin de faire rentrer les salariés dans le capital de la société à hauteur de 25 % du capital. On devrait réunir une somme équivalent à 2, 5 voire 4 milliards CFP. Par exemple, si l’on prend le cas d’un ouvrier : il devrait prendre part au capital avec une équivalence de 5 % de son salaire annuel. Donc, si à l’année son salaire avoisine les 3 millions CFP, donc il va participer au capital à hauteur de 250 000 frs CFP. C’est un minima les 5 %, on peut augmenter le taux. Sur l’accord négocié, on aura une participation unilatérale c'est-à-dire que la direction a décidé de prendre sur la prime de fin d’année afin de ne pas trop pénaliser les salariés. Cet accord sur l’actionnariat salarial prendra effet dès janvier 2021. Enfin, c’est pour montrer aux investisseurs que les salariés sont partis prenant de leur soiété. On reste confiant parce que d’une part, le marché du NHC est porteur. D’autre part, beaucoup de pays notamment les pays européens, ils se sont mis à l’énergie électrique. Ces pays font ce qu’il faut pour faire des commandes. Les gisements sur Goro sont immenses, riches. Le message que l’on délivre aux salariés, aux collègues : il faut produire, il faut aller jusqu’au bout, il faut se lever pour aller au travail. Il ne faut surtout pas se décourager et sans rentrer dans les débats financiers ou autres ! »