vendredi 3 mai 2024

A Actualité syndicale

Point de situation sur les trois usines métallurgiques avec Léonard Wahmetu et Hélène Mauga

Le contexte de prix sur le marché du nickel est particulièrement bas en ce début d’année 2024. L’offre étant excédentaire, la demande est basée sur de nouvelles augmentations de capacité de production. Les annonces de suspensions voire d’interruptions d’activité en Chine et en Australie n'épargnent pas la Nouvelle-Calédonie et la République Dominicaine. Les trois usines métallurgiques du pays se retrouvent en difficulté financière depuis quelques mois, et les directions de ces trois entités minières (KNS, Prony Resources, SLN) ont annoncé tour à tour depuis quelques semaines leurs contraintes financières et budgétaires. Des dettes records ont été annoncées. Par conséquent, les emplois, les outils de travail peuvent se retrouver à mal, ou le sont déjà depuis la mi-février. Les actionnaires des trois opérateurs miniers ne veulent plus investir dans le secteur du nickel calédonien car ils perdent énormément d’argent. Entre le coût de l’énergie trop élevé et la concurrence étrangère, notamment asiatique (Chine, Indonésie), la situation du secteur nickel se complique localement dans un contexte de crise politique. S’il fallait donner une couleur au compteur de ces trois usines métallurgiques, celui-ci s'illuminerait d'un rouge vif. L’alarme a été déclenchée : des mesures ont été prises localement par le gouvernement. L’intervention des acteurs du privé et des pouvoirs publics, notamment de l'Etat a été envisagé pour éviter leurs fermetures. 

Nous faisons le point avec Léonard Wahmetu, le chargé de missions auprès de la Fédération des Mines, de la Métallurgie & des Carrières et avec Hélène Mauga, déléguée syndicale STKE à Prony Resources. 


KNS (Une dette record de 13,7 milliards d'euros.)

Avec la mise en veille de KNS dès l’annonce faite à la mi-février par sa direction, quel est le nombre total de travailleurs qui va se retrouver sur le carreau? 

Léonard Wahmetu : « Un peu plus de 1300 d’emplois directs. 55 entreprises sous-traitantes avec plus de 400 salariés. » 

Quelles ont été les mesures prises ? 

Léonard Wahmetu : « Nous avons rencontré le gouvernement le 12 février qui nous a annoncé la mise en veille de l’usine de Koniambo. Le gouvernement avait déjà prévu de mettre en place une cellule de crise appelé le Comité de Pilotage (Copil), et dont découle un Comité Technique (Cotech) où sont représentés les syndicats, les partenaires sociaux ainsi que les organisations patronales, les trois provinces, les chambres consulaires afin de répondre aux différentes entreprises en situations difficiles. Nous avons estimé que la priorité était de traiter les urgences sociales des entreprises sous-traitantes de KNS. Voilà, la première démarche qui a été faite. »


Quelles sont les actions mises en place par le syndicat pour venir en aide aux adhérents syndiqués ? 

Léonard Wahmetu : « Quand nous avons su la nouvelle dans la semaine du 12 février, nous avons demandé à rencontrer l’ensemble des parties prenantes à savoir : les entreprises communautaires, les salariés de KNS. Cette rencontre a lieu à la tribu de Gatope, le samedi 17 février. Nous avons apporté notre soutien aux salariés par rapport à la situation difficile traversée par les entreprises communautaires sous-traitantes de KNS car elles sont liées à la signature de la mise en place de l’usine du Nord. Dans la mesure du possible, le syndicat va essayer de répondre aux besoins des salariés. Une démarche a été faite pour rencontrer nos adhérents, au sein d’une assemblée générale afin de les informer sur les réunions faites avec le gouvernement, notamment l’impact au niveau des salariés des sous-traitants car ils ont été débadgés le 29 février. Par conséquent leurs contrats ont été revus. En fait, nous appelons cela des accords spots ou des conventions liées par mois à KNS. La prise en charge des salariés est de 6 mois par Glencore, et en même temps, ils maintiennent la prise en charge d'une partie de ses services des entreprises sous-traitantes. Malheureusement, le texte lié au chômage spécifique devait être signé le 21 mars, mais il n’est pas passé avec l’imbroglio qu’il y a eu durant la séquence au congrès. C’est le gouvernement qui a proposé ce chômage spécifique, et le congrès devra valider le texte en allouant un budget. »

Une cellule de crise a été mise en place par le gouvernement de la N-C, de sorte à travailler de manière transversale avec toutes les collectivités et les autres partenaires. Son but  est de déclencher rapidement des chantiers qui pourraient venir en soutien aux acteurs touchés. En tant que syndicat représentatif, vous participez aux échanges depuis quelques semaines. Quel bilan, en tirez-vous ? 

Léonard Wahmetu : « Je pense que nous avançons même si nous reconnaissons que cela prend du temps. Toutes les choses se déclinent au fur et à mesure. En même temps, la CCI a été chargée de faire un diagnostic sur ce travail. Nous avons identifié trois axes de réflexions : les entreprises sous-traitantes, les salariés liés à certaines entreprises et un groupe de travail nickel. Pourquoi le nickel ? C'est par rapport au fonds nickel, cette structure qui peut venir en aide aux entreprises par le biais de leurs cotisations en palliant aux charges patronales.Toujours est-il que c’est le groupe Nickel qui apportera des précisions. Nous avons identifié toutes les parties prenantes : les banques, les bailleurs sociaux, les provinces en termes de prestataires d’emplois. En même temps, les services de formations seront sollicités pour les reclassements, les réinsertions. Ce sont toutes ces démarches qui sont discutées dans les Cotech. La CCI va déterminer un tableau de bord de manière à identifier ce qui se fait et ce qui se fera avec les moyens d’accompagnements. Tout ceci va dans le sens des parties prenantes. Ensuite au sein du Cotech nous discutons des moyens qui sont mis en œuvre. Puis, ça sera validé par le Copil représentant la collégialité au sein du gouvernement. »

 

SLN (493 millions d’euros de dette financière. Eramet a confirmé fin octobre 2023 qu’il n’injecterait pas d’argent dans sa filiale.) 

La SLN compte 2200 salariés et 8000 emplois indirects ou induits. Ses retombées économiques s'élève à 5 milliards CFP/mois dans l’économie calédonienne. La SLN produit 50 000 tonnes de nickel par an en moyenne.

Dans un entretien au Financial Times, Christel Bories indique qu’Eramet continuerait l’exploitation  minière en Nouvelle-Calédonie, mais n’envisagerait jamais d’autres investissements dans le nickel. Que répondez-vous à cette remarque ? 

Léonard Wahmetu : « Par rapport à la production métallurgique, la SLN arrive à peine à 50 000 tonnes de nickel par an. La SLN produit plutôt 45 à 46 000 tonnes par an alors qu’elle avait en option le plan de sauvetage de 2016 soit 62 milliards de prêts de l’Etat et d’Eramet. La SLN devait amener 60 000 tonnes de nickel métal mais elle n’a jamais pu atteindre cet objectif. Pire encore, la SLN a consommé ce prêt sans qu’elle n’apporte un plus. Notamment avec l’actuel directeur général qui est parti en 2018, et il est revenu récemment diriger la SLN. Il n’y a pas eu une évolution positive au sein de la trésorerie de la SLN. Pour en revenir à la déclaration de Mme Bories, ce que nous ne comprenons pas : depuis 130 ans de production métallurgique, on vient nous dire que nous sommes condamnés à faire du minerai d’export ! Il y a un non-sens dans cette politique. En 2016, on a eu ce fameux prêt de 62 milliards CFP et la SLN l'a consommé en totalité pour en arriver à cette déclaration. Ce discours n'est rien d'autre qu'une démarche intentionnelle de fermer l’usine, et de s'orienter uniquement sur de l’export de minerai. C’est un discours qui n’a pas lieu d’être, et d’ailleurs toute la classe politique a réagi par rapport à cela. Je regrette fortement ses propos alors que toutes les démarches ont été faites, notamment par l’Etat pour sauver les trois usines. Sa déclaration, c’est le sens contraire de ce que veut l’Etat ! » 

Mr Jérôme Fabre, l’actuel directeur général et ses collaborateurs sont venus vous rendre visite le jeudi 14 mars. Que retenez-vous de cette rencontre ? 

Léonard Wahmetu : « Ils sont venus exposer la situation financière de la SLN de ces dernières années, des problématiques d’export du minerai et du permitting (autorisation). Le DG a évoqué le pacte nickel. Pour ce qui est de l’‘’export’’ et du ‘’permitting’’, nous lui avons dit que nous comprenions la situation. Mais l’autorité compétente, c’est la province Nord. La SLN dispose quand même des chargés de relations sociétales, ils doivent aussi faire les démarches. Apparemment, elles ne sont pas concluantes puisque les problématiques de ‘’permitting’’ et ‘’d’export’’ reviennent sur la table. Est-ce que le pacte nickel règlera tout cela ? En tous les cas, la question est posée : va-t-on signer le pacte nickel ? Etant donné que nous n’avons pas été associés aux discussions, ni aux négociations, ni à la consultation, ni à la rédaction de ce pacte, nous ne pouvons pas le signer ! Nous avons posé une question au DG concernant la matte puisqu’elle a été évoquée dans le pacte nickel. Il y a une possibilité de la traiter alors que c’est avec l’actuel DG qu’ils ont arrêté les Besmers* en 2017 ou 2018 afin de devenir le 1er producteur mondial de ferronickel. Alors, je pense que c’est une erreur historique de les avoir arrêtés. Maintenant, c’est assez étonnant qu’ils veuillent les relancer. Je lui ai précisé que techniquement ils étaient liés à la centrale à gaz d’Enercal. A mon avis, les relancer afin de redonner une activité à Sandouville, ce n’est pas possible ! Par contre, le pacte nickel préconise de les relancer pour traiter le nickel pour la production de batteries. Selon le DG, ils ont trouvé un nouveau process afin de se passer de la centrale à gaz. Je suis réservé là-dessus, cela me paraît illusoire d’aller vers cette option. »

* traitement du ferronickel pour produire de la matte. De 75 % produits ramenés à 95 % de nickel cobalt. C’était traité à la raffinerie de Sandouville, à présent c’est à l’arrêt. 

 Les conséquences de la crise du nickel se propagent à l’ensemble du tissu économique calédonien. La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) avance tout un volet de mesures d’urgence à adopter afin de préserver les emplois, en dehors du secteur métallurgique. Elle propose de démanteler l’usine de Doniambo et de transférer l’activité de la SLN. Selon ce syndicat de PME, ce chantier, estimé à 30 ans, relancerait  et diversifierait l’économie. Que pensez-vous de cette proposition qui pourrait sortir le pays du marasme économique, selon la CPME ? 

Léonard Wahmetu : « On peut rêver mais il faut être pragmatique. Par contre, je n’ai pas pris connaissance de cette annonce faite par la CPME. Vous savez, quand ils ont pris la décision d’arrêter Enercal sur le site de Doniambo, il a fallu accompagner les salariés, par rapport à la mise en place de la centrale accostée. Il a fallu transférer le personnel d’Enercal à la SLN et donc sur la fameuse centrale accostée. Nous avons pris le temps qu’il fallait pour réinsérer, réintégrer et mettre en place un plan social. L’usine de Doniambo, c’est plus de 1000 emplois directs et trois fois plus d’emplois indirects. Je veux bien entendre les propositions de la CPME. Cela veut dire que leurs arguments confortent leur positionnement et leur alignement avec Christel Bories, si c’est bien cela ! A ce moment-là, il faudrait nous donner les moyens, et où donc installer la nouvelle usine ? Je veux bien entendre cette proposition par rapport à l’environnement mais est-ce que financièrement nous avons les moyens de le faire ? Aujourd’hui, la SLN est endettée. »

 

PRNC (PRNC est placé sous mandat ad hoc avec un endettement qui atteignait 149 millions d’euros fin 2022.)

Prony Resources, c'est : une mine, une usine hydro-métallurgique, un bassin de stockage de résidu humide, 1350 salariés, 1800 à 2000 emplois induits, indirects sans compter les emplois sur le site de « Lucy ». 

L’usine du Sud se concentre aujourd’hui essentiellement sur la production de NHC. Composé de 37% de nickel et de 2  à 3% de cobalt, ce produit intermédiaire peu raffiné, plus facile et moins cher à produire, constitue la matière première des batteries lithium-ion-nickel utilisées dans la fabrication de véhicules électriques. Le NHC est recherché par les constructeurs car il est moins cher à exploiter que les sulfates cristallisés ou les briquettes de nickel (qui incluent des coûts supplémentaires de dissolution). 

16, 7 milliards de francs CFP doivent être octroyés à l’usine du Sud par l’Etat en ce début d’année, sous forme de prêt. Un contrat de prêt a été validé le vendredi 15 mars 2024 par le conseil d’administration de Prony Resources, qui exploite le complexe métallurgique. Une signature définitive est attendue dans les prochaines semaines par rapport au pacte nickel. Quelle est votre réaction par rapport à cette annonce sachant que Mme Backes, la présidente de la province Sud l’avait déjà annoncé à la mi-février ?

Hélène Mauga : « Les déclarations de Mme Backes n’engagent que la province Sud. Lorsqu'elle a fait sa déclaration à la mi-février, ni nous, ni la direction, ni les partenaires sociaux n'étions pas au courant de ce fameux prêt ! Mme Backes a fait cette déclaration car elle était en étroite collaboration avec l’Etat. Interrogés par les journalistes à ce sujet nous avons répondu que toutes les déclarations faites par Mme Backes n’engageait qu’elle et l’institution provinciale. »

Avez-vous eu une confirmation que ce prêt serait octroyé ? 

Hélène Mauga : « Nous avons eu la confirmation d’une signature avec le cabinet Lemaire, le montant de ce prêt s’élève à 140 millions d’euros (soit 16, 7 milliards CFP) et le contrat de ce prêt est sous révisions juridiques. C’est ce qui a été approuvé le 15 mars avec le conseil d’administration (C.A.). Il faut compter 8 à 10 jours pour délivrer l’accord du C.A. Ils ont décidé que 35 millions d’euros (+ de 4 milliards CFP) serviront à régler nos dettes, notamment la Cafat et Enercal. L’ensemble de ce prêt sera versé par tranches. La première tranche équivaut à plus de 4 milliards 176 millions CFP qui servira à payer les dettes de la Cafat parce que cela fait 3 mois que les charges patronales ne sont plus versées. Et c’est la même situation pour Enercal, cela fait 3 mois que PRNC ne paye plus ses factures de courant. La seconde tranche sera versée, mais elle sera conditionnée par rapport au pacte nickel. Si ce pacte est signé, la deuxième tranche sera versée. Si ce n’est pas le cas, je crains que nous ne dirigions vers un plan social ! »

Et la position de Trafigura dans tout cela ? 

Hélène Mauga : « Trafigura est toujours là ! Des accords principaux ont été faits avec ce géant de négoce de matières premières, notamment la réduction des délais de paiement et la renonciation à l’option d’achat à un prix fixe pour le produit fini que l’on exporte. »

Concernant la production annuelle, à combien est-elle fixée ? 

Hélène Mauga : « L’idéal, ça serait une production annuelle de 40 000 tonnes de produits finis. Ces trois derniers mois, nous avons eu 7 % de plus de productions que le budget prévu. Sachant que nous avons budgétisé une production à 3470 tonnes, et nous avons réalisé plus 3700 tonnes ces trois derniers mois (janv-fév-mars) de produits finis. C’est le 3ème mois historique de l’usine du Sud en termes de productions, et la meilleure de PRNC ! »

Les sous-traitants KNS et Prony Resources du secteur construction semblent les plus impactés (27 entreprises pour 686 salariés) mais le secteur « administratifs et soutien »  et « hébergement et restauration » touchent également beaucoup de salariés (447 salariés pour 5 entreprises).  Dans ces entreprises ciblées avez-vous eu à gérer des cas de salariés impactés par cette crise du nickel ?   

Hélène Mauga : « Oui, bien sûr. Des cas se sont présentés en décembre dernier, notamment avec une petite entreprise dont les salariés se sont dirigés vers nous. C’est une entreprise qui travaille dans le secteur du terrassement, URL TTM qui est basé sur « Lucy ». Avant d’être à Lucy, elle était sur mine. Tous ces contrats n’ont pas été renouvelés. Parmi la totalité de ses salariés, trois employés ont été licenciés. De projet de licenciement, nous avons réussi à les reclasser sur Houaïlou mais finalement l’entreprise a refusé le reclassement faute de moyens financiers. Tout en sachant que ces personnes n’ont pas eu leurs salaires depuis décembre dernier donc depuis leur arrêt de travail. Leur employeur ne leur met pas à disposition le logement, ni le transport. Il ne leur permet pas de se déplacer dans le Nord. Aussi, nous avons eu des cas à gérer pour SAS Goro Mines. Huit personnes ont été identifiées pour licenciement dont trois syndiquées à l’Ustke. Les camarades sont revenus vers nous, et donc il n’ont pas été licenciés. Ils ont été reclassés vers le secteur de l’horticole, c’est-à-dire vers la serre de Prony Resources. »

Ces trois usines minières et métallurgiques se retrouvent dans des situations très critiques au niveau budgétaire et financier car elles doivent à tout prix retrouver des repreneurs solides pour maintenir leur activité principale qui est l’extraction et la transformation du minerai de nickel par deux types de transformations de la matière première : la pyrométallurgie et l’hydrométallurgie. Un accord était prévu entre les industriels miniers, l’Etat, les présidents des institutions calédoniennes, le président du gouvernement. Son objectif : remettre à flot les trois industries minières & métallurgiques, la SLN, KNS, PRNC. Ils ont discuté, ils ont négocié sur cet accord appelé «  Pacte Nickel » qui devait être signé le 25 mars à Paris mais finalement, sa signature a été reportée en avril. Seuls les loyalistes, entre autres Mme Backes, la présidente de la province Sud, Mr Mapou, le président du gouvernement sont prêts à le signer. Par contre, le président de la province Nord, Paul Néaoutyine refuse de le signer. En tant que syndicat représentatif, quelle est votre position sur ce « Pacte nickel », en tous les cas sur la dernière version ? 

Léonard Wahmetu : « Ce pacte nickel a été initié par le gouvernement en France en 2022. Ils ont missionné l’IGF (Inspection Générale des Finances) pour faire un état des lieux de l’activité minière dans le pays. Ce qui a conduit à son  rapport présenté au Haut-Commissariat, aux partenaires sociaux et aux industriels miniers. Donc, c’est une commande faite par l’Etat pour répondre à la situation des trois entreprises minières et métallurgiques. Nous n’avons pas été associés aux discussions, à la rédaction de ce projet de pacte, ils sont arrivés à la 8ème version. Cette dernière n’a pas été validée.

Ces trois entreprises sont dans des situations financières et budgétaires déficitaires dans lesquelles les opérateurs ont géré ses problématiques. Nous avons l’exemple de la SLN ou de  Prony Resources. En tant que partenaires sociaux, nous avons alerté nos directions respectives. Ces choix opérationnels sont liés aux différentes directives de management. Nous trouvons assez déplacé de la part de l’Etat, qu’il vienne interpeler nos institutions tels que le congrès, le gouvernement, les provinces. C’est comme si on pointait du doigt la responsabilité du pays au travers de nos institutions. C’est regrettable que nous arrivions à ces conclusions. 

Concernant le pacte nickel en lui-même, nous en avons discuté lors de notre conseil syndical du vendredi 15 mars. Un groupe de travail des différents secteurs STKE des Mines a été constitué afin de discuter avec l’exécutif du Bureau confédéral pour donner une nouvelle lecture de la dernière version. Nous estimons que le pacte nickel, tel qu’il est présenté, ne reflète pas nos attentes en termes de réponses à la situation des trois usines. Et surtout vis-à-vis de KNS parce qu’à aucun moment on exige le démarrage de KNS. Quelle que soit la situation critique des trois usines, il n’y a pas, à l’heure actuelle de repreneurs. Est-ce que l’on tend vers cela ? L’urgence : c’est le social et les emplois. Ce sont ces deux choses qui nous préoccupent. Nous souhaiterions aller dans ce sens. Deuxième remarque : c’est une remise en cause du code minier en l’état puisqu’ils parlent de l’export, et ce n’est pas de notre compétence. Avant le code minier, les petits mineurs exportaient. Nous avons l’impression qu’ils veulent asphyxier l’activité nickel. Il faudrait dissocier les petits mineurs des trois grands opérateurs miniers dans leur travail d’extraction et d’export. Nous avons aussi des préconisations et cela nécessite une rencontre avec l’exécutif du Bureau confédéral. Si il y a lieu d’être, une rencontre sera nécessaire avec la présidence du gouvernement ou les ministres en charge du secteur minier et de l’économie pour évoquer tout cela. »

Qu'en est-il de l’énergie qui serait cofinancée par le gouvernement et l’Etat ? 

Léonard Wahmetu : « Cela a déjà été acté lorsque la mission IGF est venue, confortée par la mission du cabinet Lemaire, notamment l’octroi des 24 milliards CFP. Au départ, c’était 50-50 sauf que le gouvernement a dit qu’il n’avait pas assez de moyens pour trouver le financement. Donc, c’est redescendu à 16 milliards CFP pour l’Etat et 8 milliards CFP pour le gouvernement. Cela nécessiterait de trouver de nouvelles taxes ou des règles fiscales afin d’honorer ces 8 milliards. C’est le travail du gouvernement. Au niveau des aides des entités, il n’y a rien d’écrit ou de préciser. Par conséquent cela nécessite une réflexion au sein de nos sections syndicales des trois opérateurs miniers. Sans le pacte nickel, qu’est-ce qu’on devra faire ? Qu’est-ce qu’on pourra apporter ? C’est plutôt à ce niveau-là que nous devons réfléchir, et ne pas attendre que les choses tombent du ciel ou de je ne sais où ! Enercal, c’est une entreprise pays. Elle produit, transporte et distribue du courant. C’est regrettable qu’elle ne soit pas associée à cette démarche. » 

Dans le pacte nickel, la production annuelle de nickel annoncée pour chaque entité minière est : 60 000 tonnes pour la SLN, 45 000 pour KNS, 50 000 tonnes pour Prony Resources. Or, il faut savoique ces productions annuelles annoncées ne sont jamais atteintes. Il préconise de maîtriser les coûts des sous-traitants, et à côté de cela, il faut que la productivité soit assurée tout en maintenant une masse salariale moins élevée, en particulier une modération des salaires les plus élevés. Est-ce un bon compromis afin d’assurer cela dans la durée ? 

Léonard Wahmetu : « Ces objectifs annoncés ne sont-ils pas du rêve ! La SLN arrive à peine à faire 45 000 tonnes de nickel par an alors que dans son plan de sauvetage de 2016, elle prévoyait de produire 62 000 tonnes de nickel métal par an, avec un effectif de moins de 2000 salariés. Aujourd’hui, ils sont à plus de 2200 à 2300 employés. Donc, ils veulent exporter alors que nous n’arrivons pas à produire du minerai pour ravitailler l’usine de Doniambo. Et aussi les 4 millions de tonnes de nickel par an qui ont été demandées, alors comment allons-nous atteindre ces objectifs demandés ! La levée des réserves des trois opérateurs, quelque part, c’est un risque pour nos petits mineurs ! Cette démarche va-t-elle nuire aux petits mineurs ? Cela va être difficile d’atteindre ces objectifs demandés. Prony Resources est limité par le chantier Lucy puisqu’il est suspendu. Par conséquent, plus PRNC produit, plus il y a de production de déchets. Ce n’est pas réel et sérieux ces différents chiffres qui ont été annoncés ! »


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