L'USTKE est favorable aux mesures d'accompagnement du plan « Rebondexo » sous certaines conditions. C'est un dispositif d'accompagnement des employés de Sodexo en phase de démobilisation du site de Vale N-C, il permet le repositionnement professionnel des salariés débauchés. « L'accompagnement financier doit être plus conséquent. Il ne faut pas que le suivi et les formations ne mènent à rien ! Au final, il faut que les gens retrouvent une activité rémunérée ! », a présicé Marie-Pierre Goyetche, présidente de l'USTKE qui rappelle que le plan de démobilisation a le mérite d'être mis en place mais que pour notre organisation syndicale ces mesures restent insuffisantes.
Frédéric Huet, directeur général de Sodexo en Nouvelle-Calédonie répond à nos questions sur la phase de démobilisation de plus d'une centaine de salariés.
Quelle est la situation de Sodexo depuis que la démobilisation a été enclenchée ces dernières semaines ?
Frédéric Huet : Sur le projet de Goro, on est là depuis 10 ans mais nous sommes présents sur le territoire depuis près de 20 ans. A l'origine du contrat quand nous avions 38 employés puis l'activité a monté en puissance ce qui correspondait à la phase de chantier de Goro. Puis, nous avons embauché du personnel pour répondre aux besoins de la construction de Valé. Nous avions appelé cela des contrats à durée indéterminé de chantier (CDI C.). Et au fur à mesure que les gens entraient : pour 5000 personnes, on mettait un seuil à 2500, à 6000 personnes, le seuil était à 3000.
A présent, l'activité est en baisse à Valé N-C avec la démobilisation : les philippins sont partis, les sous-traitants sont partis... quasiment 1000 personnes sont parties. Et là, nous sommes passés sous la barre des 3000 personnes sur la base vie. Dès lors que Valé nous a informé, nous avons activé la démobilisation. Nous avons un impératif : celui d'adapter nos ressources aux besoins de Valé. Donc toutes les personnes dont le seuil était de 3000 (< à 3000), leur contrat (CDI C.) s'arrête.
Nous sommes une entreprise socialement responsable. Nous avons mis en place toutes les mesures d'accompagnement possibles pour que ça se passe au mieux pour tout le monde. Nous avons travaillé avec les instances représentatives du personnel, avec les délégués syndicaux. Un programme a été mis en place et il s'appelle
« Rebondexo ». Celui-ci dispose de plusieurs volets : celui d'aider les gens en les accompagnant dans leur sortie de contrat et il permet aux gens de commencer une nouvelle vie d'où le nom « Rebondexo » (rebondir ou repartir avec Sodexo) :
- aider la personne à la recherche d'un nouvel emploi,
- aider à la création d'une entreprise,
- aider à la préparation d'un concours,
- aider quelqu'un qui souhaite devenir producteur de tomates, de salades, ou d'ignames que Sodexo pourrait acheter. Cette formule, nous l'avons appelé « Cap terre » : quelqu'un qui veut retourner dans sa tribu. Il devient producteur. On se met d'accord sur la façon de produire et le type de produit. On pourra redevenir partenaire. Il sera notre fournisseur sur Goro et nous nous serions son client …
Ces différents formes d'accompagnement permettent aux gens de rebondir le mieux possible. Nous sommes là pour nous développer, pour rester longtemps sur l'ensemble du territoire et pas seulement à Goro. C'est ce pourquoi on a mis en place « Rebondexo » pour que les gens puissent avoir l'opportunité de retrouver du travail. Et si à terme, nous avons de nouveaux besoins, nous pouvons les réembaucher chez nous.
Notre objectif en 2015, on pourrait être à nouveau quasiment 1000 personnes sur le territoire travaillant pour Sodexo. Aujourd'hui, à terme de la démobilisation, nous serons 232 personnes. C'est-à dire qu'il faudra travailler pour remonter la pente !
Nous pouvons nous développer dans les cantines, dans le milieu scolaire voire dans le milieu hospitalier (avec les projets du Médipôle, la clinique Magnin...) et les autres services de maintenance, l'espace vert, l'hébergement. Nous disposons d'un savoir faire et nous pouvons utiliser l'expertise professionnelle que nous pourrions développer. Je pense vraiment qu'on peut faire quelque chose de bien. Et c'est là que le programme « Rebondexo » peut-être adapté aux besoins du territoire et aux capacités de nos employés démobilisés.
Combien y'aura-t-il de salariés démobilisés en fin janvier ?
F.H. : Au total, il y aura 103 personnes démobilisées à Sodexo ( correspondant au seuil < 3000 personnes sur le site de Vale N-C). A terme, il y aura un autre groupe. La prochaine étape, il y aura 57 personnes. La barre des 2500 sera atteint à la mi-février, selon Valé N-C. A terme, nous serons à 232 personnes ce qui correspondra à 2300 personnes sur la base vie. C'est vraiment proportionnel, c'est un rapport de 1 sur 10.
Vous avez mis en place des mesures d'accompagnement incitatives pour les salariés et pourtant certains salariés sont inquiets de leur devenir ?
F.H. : Cela fait des mois, voire même des années que l'on annonce qu'il y aura cette démobilisation. Depuis un an, nous avons informé et communiqué sur les mesures qui seront prises lors de la démobilisation afin de préparer les gens.
« Rebondexo » a été préparé dans ce cadre là. J'ai bien conscience que certains employés n'ont pas totalement compris voire pris la mesure que ça allait arriver maintenant. « Rebondexo » c'est aussi de la communication, de l'information, de la formation et de la mise en relation avec les entreprises. On va essayer de faire le maximum pour les aider à mieux comprendre ça. Cela prend du temps.
Quel est l'objectif de Sodexo après les mesures sociales mises en œuvre pour la démobilisation ?
F.H. : A terme, nous souhaitons que Sodexo puisse se développer dans d'autres domaines d'activités et non pas seulement sur la base vie de Goro. Par exemple dans les domaines où nous avons des expertises. Nous souhaiterions devenir le leader sur le marché calédonien afin de permettre à d'anciens collaborateurs de revenir avec nous, de créer des emplois. C'est-à-dire qu'ils ont été formés, ils connaissent l'esprit de la société, de l'entreprise. Et donc l'objectif est de passer par cette phase de démobilisation afin de mieux rebondir pour que tout le monde puisse en bénéficier.
Un mot de la fin !
F.H. : Nous essayons vraiment d'accompagner les gens même si c'était annoncé et prévu. Ce sont des moments d'accompagnement nécessaires. Nous faisons en sorte que ça se passe le mieux possible pour tous malgré tout, je comprends que ce n'est jamais facile quand on perd un revenu.
NDLR : Prego (Programme de remobilisation pour l'emploi après Goro mis en place par la province Sud en 2008 après l'achèvement des travaux de construction de l'usine de Sud ).