C'est aux environs de 3 heures du matin que les différents délégués de la fédération BTP avec le renfort des délégués des autres fédérations de l'USTKE ont pris place devant les grilles du chantier du Médipôle à Koutio répondant ainsi à l'appel à la mobilisation du bureau confédéral.
Un mouvement qui répond à la préoccupation majeure que constitue la protection et la promotion de l'emploi local pour l'USTKE. Trois heures plus tard le flux de militants a grossi les rangs du syndicat qui a débuté sa mobilisation par une coutume de respect au gens de l'endroit représenté par le bureau de la SAS Keteveta.
Acteur inlassable ces dernières années de la mise en place de la loi de Pays sur la protection, la promotion et le soutien à l'emploi local, applicable depuis janvier 2012, l'USTKE voulait attirer l'attention des partenaires sociaux notamment du patronat mais également des pouvoirs publics sur la nécessité d'appliquer à la lettre cette disposition réglementaire et que tout manquement répétée dans ce domaine serait une menace à la paix sociale que chacun ne souhaite dans le Pays.
Une mobilisation réussie durant laquelle les délégués et responsables de l'organisation ont démontré par leur présence importante (plus de deux cent personnes en permanence sur le piquet), leur attachement à l'application de la loi sur la protection et la promotion de l'emploi local. Une occasion aussi pour les délégués des différents secteurs de l'organisation de manifester leur solidarité à leurs camarades du BTP dont le secteur ressent aujourd'hui les effets de la crise avec son lot de licenciements économiques.
Devant les grilles du Médipôle, plusieurs interventions de responsables du Bureau Confédéral ont fusé et parmi elles l'intervention de la présidente de l'organisation qui a rappelé que " l'engagement de l'USTKE dans les instances paritaires et notamment au Conseil du Dialogue Social ne signifiait pas notre absence sur le terrain et qu'au contraire nous restions vigilant sur la mise en œuvre des lois de Pays particulièrement celui sur la protection et la promotion de l'emploi local ". Et la présidente de renchérir en dénonçant le manque de transparence des entreprises qui ne jouent pas le jeu en démontrant, chiffres à l'appui, " sur 7 000 à 8 000 déclarations d’embauches par mois signalées à la Cafat (emplois tous confondus CDD, CDI, intérimaires), on constate que dans les services de placement, il y a environ 700 offres d’emploi qui sont publiées officiellement. Ce qui veut dire que 90 % des offres d’emploi ne sont pas déclarées ! La loi sur la protection et la promotion de l’emploi local est basée sur la transparence de l’offre et de la demande. Et même au niveau des chômeurs, ils ne se retrouvent pas puisque 10 % des offres d’emploi sont publiées et donc ils ne peuvent pas postuler sur la réalité de l’offre. Les multinationales sont soumises au respect de cette loi ; On dénonce pour y remédier, on voit bien que des multinationales comme Vinci contournent cette loi. Il faut impérativement déclarer tous les offres d’emploi quelque soit le niveau de qualification ", a-t-elle pointé. Et de conclure que " la loi sur l’emploi local fait référence à la citoyenneté et il est urgent que celle-ci soit mise en place. Lors de son dernier congrès, l’USTKE avait voté une motion dans ce sens ".
Marie Pierre Goyetche a d'ores et déjà annoncé que l'USTKE se mobiliserait à nouveau dans les entreprises qui ne respecteront pas les dispositions prévues par la loi de Pays relative à la protection, à la promotion et au soutien de l'emploi local, publiée au Journal officiel de la Nouvelle-Calédonie du 12 août 2010.
A 10 h 30 une délégation composée de représentants de l'USTKE, du Parti Travailliste mais également de la dynamique FLNKS Sud, bien représentés sur le piquet a été reçue par les responsables de Vinci. Des discussions qui ont pris fin un peu avant 13 heures.
Après une pause casse croûte sur le piquet, un compte-rendu de la rencontre a été fait par la 3ème vice-présidente de l'USTKE, Bernadette Mapéri, suivi du discours de Marie Pierre Goyetche qui clôtura cette journée de mobilisation de l'USTKE devant les grilles du futur hôpital de Koutio.
Questions à Bernadette Mapéri, 3 ème vice-présidente de l’USTKE en charge des conflits au sein de notre organisation syndicale.
Que faut-il retenir après la négociation de lundi avec la direction de Vinci et la SAS Keteveta ?
Bernadette Mapéri : Une première chose essentielle, on s’est basé sur la venue des Portugais ou d’expatriés. A ce jour, nous avons la confirmation que ces personnes n’ont pas de visa pour venir chez nous. C’est déjà une bonne chose malgré que ce soient des salariés de Vinci. Ils sont de nationalité étrangère. C’est un fait.
Concernant la recherche des métiers liés à l’infrastructure de la construction du médipôle comme sur les chefs d’équipe, les contre maîtres ou les autres corps de métiers. Ils nous ont dit qu’ils n’avaient aucune candidature sur place. Donc, il y a eu une proposition émanant de la fédération du BTP /USTKE : celle d’opter pour les sociétés dans les corps de métiers qui existent sur place. Il y a ce potentiel et après, il faut aller le chercher ! Et également, il y a aussi la proposition du " prêt à l’emploi " que la direction de Vinci s’engage à suivre et à prospecter à l’intérieur de cette base de données. A côté de cela, il y aura une cellule de travail qui va être créée avec les partenaires sociaux dont notre organisation syndicale en fera partie. Donc on va se mettre prochainement autour d’une table avec Vinci et la SAS afin d’avoir une vision sur tout les mouvements du personnel. Ils sont quand même tenus à une date de livraison pour ce chantier. Et nous, nous engageons à tenir ce travail afin d’éviter la venue des expatriés. Ce n’est qu’une première étape.
Pour vous en tenir à vos propositions quand allez-vous réunir et avec qui ?
Bernadette Mapéri : Les partenaires sociaux restent incontournables et ils nous proposent d’être à leur table. Durant cette semaine, nous devons donner les noms des personnes de notre organisation syndicale. Et nous devrions tous nous revoir mardi prochain.
Questions de José Bourgine, 3 ème secrétaire général adjoint de la Fédération BTP/USTKE.
Pourquoi avez-vous lancé cette mobilisation devant le médipôle de Koutio ?
José Bourgine : On a fait un mouvement pour défendre la promotion de l’emploi local. Pour rappeler au groupe Vinci que dans notre pays, il existe des compétences qui peuvent servir à la construction du futur Médipôle. On a su que du personnel étranger, notamment des Portugais arrivaient pour placer des panneaux, pour faire du coffrage alors que localement nous avons de la main-d’œuvre pour ce travail. Pour l’instant, c’est uniquement sur des gros œuvres (sur du béton). Notre intervention va permettre de poser des paramètres dans les différentes sociétés qui vont intervenir sur ce chantier. Nous sommes ainsi présents et mobilisés aujourd’hui pour défendre l’emploi de nos enfants, l’emploi des pères de familles.
Vous dénoncez l’arrivée de travailleurs étrangers. Quels sont les corps de métiers qui sont visés ?
José Bourgine : Ce sont surtout des métiers liés aux gros œuvres comme je le disais. Des maçons coffreurs, des chefs d’équipes qui apparemment sont des métiers bien spécifiques liés à la construction d’un hôpital.
Vous parlez aussi d’un répertoire des métiers ? Qu’en est-il durant votre négociation ?
José Bourgine : Nous avons dit à la direction de Vinci qu’il y a un code-rom qui existe. La durée de résidence doit être respecter pour pouvoir postuler aux emplois. Et surtout que les entreprises déclarent leurs offres d’emploi. Elles doivent en tenir compte dans leurs prochaines embauches et dans les futurs contrats des salariés.
NDLR : L'USTKE remercie tous les adhérent(e)s, les militant(e)s qui ont participé à cette mobilisation du 25 février. L'USTKE vous donne rendez-vous au samedi 6 avril 2013 pour la manifestation sur la citoyenneté.