Après trois jours de formation intense sur la NAO à la fin du mois dernier, 5 stagiaires sur les 24 inscrits au sein de la Cellule de formation de notre Organisation syndicale ont bien voulu répondre à nos questions. Appréciations et observations critiques sur cette expérience en attendant la relance des stages de base prévus dans les prochains mois.
Bertrand Henesewene, élu DP sous le mandat USTKE à la société Le Froid. Il y travaille comme opérateur machine. Il entend prendre la relève de son délégué syndical d’ici deux ans.
Après trois jours de stage sur la NAO, est-ce que cette formation a répondu à vos attentes ?
B. H.: « On va dire d’une manière oui. Je suis là aussi pour prendre la relève de mon délégué car il lui reste deux ans dans la boîte après il part à la retraite. D’un autre côté, je suis venu chercher des méthodes à adopter face au patron. C’est-à-dire comment aller à la négociation, voire étudier le genre de discussions qui pourrait avoir entre un syndicat et un patron. »
Qu’est-ce que vous en tirez personnellement de cette formation ?
B.H. : « De mon point de vue : des choses ont été dites et j’ai beaucoup appris. Pour moi, l'important c’est l’expérience partagée entre les délégués et avec tous les corps de métiers confondus. Je pense que mes attentes ont été atteintes par rapport à cette formation. »
Que pensez-vous des formateurs ?
B.H. : « Les formateurs sont compétents. On a l’habitude de les voir pour d'autres sujets. Ils ont suivi la formation de formateurs, je trouve que c’est un plus pour eux. Et là, on les a en face comme formateurs. On a l’habitude de se confronter à eux en tant que secrétaire général de fédé. C’est un autre rapport qui s’est installé. Mes félicitations à eux ! Avec les intervenants comme Bowen, ils viennent ajouter ou expliquer des choses sur la formation en elle-même.»
Jean-Marie Gnikone, mécanicien sur engin mobile à la SLN sur le site de Tiébagui depuis 8 ans. Récemment, il est passé employé technique c’est-à-dire qu’il contrôle les travaux des sous-traitants. N’ayant pas de mandat syndical, cet employé des mines apporte son regard sur cette formation.
Est-ce que cette formation a répondu à vos attentes sachant que vous avez exprimé vos attentes au tout début de cette séance ?
J-M. G. : « Je suis venu voir comment ça se passe dans un syndicat. On n’a pas pu faire de stage de base et donc ils nous ont inscrits pour cette formation-là. Je pense que plus tard on aura la formation de base. Rien que ces trois jours, c’est vraiment intense.»
En retournant à Tiébagui, par rapport à ce que vous avez appris, allez-vous le soumettre à votre délégué syndical ?
J-M. G. : « Je vais déjà faire un petit compte-rendu avec mes camarades de Tiébagui car nous sommes quatre salariés à suivre cette formation. Ensuite on va le transmettre à notre délégué syndical. On va voir les points que l'on pourra mettre en pratique. »
Quel bilan en tirez-vous personnellement ?
J-M. G. : « C’est vraiment positif pour moi dans le sens où nous kanak, on a du mal à s’exprimer par rapport à des formations de ce type ! Et ce genre de formation nous permet de bien nous exprimer. Ils nous ont appris à s’exprimer devant plusieurs individus dans le sens où on sera amené plus tard à se confronter à des patrons. C’est instructif. On a eu un petit aperçu du syndicalisme. »
Et les formateurs ?
J-M. G. : « Ils sont au top ! On n’a rien à dire ! Ils nous ont mis à l’aise dès le départ. Ils ont fait des débats afin que nous puissions être à l’aise. Les formateurs connaissent bien leurs sujets. Malheureusement, l’intervenant de Sécafi, Serge Boucher n’a pas eu le temps de vraiment exposer son thème. C’est dommage pour son intervention. »
Yvannah Tiavouane, chauffeur d’engin de 50, de 73, de 75 et de 100 tonnes sur le site minier de la SLN à Tiébagui. Elle travaille dans le service d’exploitation. Elle n’a pas de mandat syndical. Yvannah et Jean-Marie sont de simples adhérents de la Fédération des Mines de notre Organisation syndicale. Yvannah nous livre son ressenti.
Cette formation a-t-elle répondu à vos attentes ?
Y.T. : « Je dirai que oui même si on était venu au départ pour un stage de base. En fait, on s’est retrouvé avec des délégués, des responsables syndicaux. La matinée du premier jour, on était là sans savoir ce qu’on faisait là ! On s’est regardé avec mes collègues, on ne savait pas ce qu'était la NAO ! On ne savait pas que les débats avec les patrons ça se passaient comme ça ! A chaque fois qu'une chose n’allait pas, on était plutôt sur le terrain ! Quand il fallait partir en grève, on y allait ! »
Si un jour, vous êtes amenés à prendre des responsabilités syndicales, cette formation pourra-t-elle vous servir ?
Y.T. : « De ce que je sais, c’est qu’il faudra encore gravir des échelons. Il me faudra encore un an, deux ans, voire plus pour arriver à ce stade. Il faut se nourrir encore ! Ce n’est pas évident pour ma part. Et je pense que c’est assez long. Il faut connaître toutes les procédures. Nous, on avait l’habitude d’aller directement sur les piquets de grève mais on ne connaissait pas toutes les procédures pour faire face au patron. On ne connaissait pas tous les rouages qui mènent à la négociation. Si vous voulez là, on connait un peu le mécanisme de la discussion de ce qui se dit entre le patron et le délégué syndical. »
Par rapport à ce que vous avez appris ou en tous les cas compris durant ces trois jours, en retournant à Tiébagui allez-vous transmettre ou expliquer cette démarche auprès de votre délégué syndical ?
Y.T. : « Je crois qu’on aura plusieurs choses à éclaircir avec notre délégué. Et là on vient de travailler sur les grilles salariales. On a appris à regarder autrement la grille. Quand il parlait d’augmentation de 2 %, en fait on ne comprenait pas à quoi ça correspondait ces 2 %. Je pense que c’est un plus pour nous. Quand on regardait notre fiche de paie, on avait l’habitude de regarder les intempéries, le nombre de jours de congé qu’il reste… A partir d’aujourd’hui, on va regarder autrement la fiche de salaire ! »
Quel est votre bilan? Bilan plutôt positif ou moyen ?
Y.T. : « Plutôt positif. Ça fait du bien ! Je ne pose pas trop de questions mais je note ! »
Sur la formation en elle-même, qu’est-ce que vous en pensez ?
Y.T. : « Les formateurs ont nourri nos réflexions. En fait, je ne suis qu’une simple adhérente et là se retrouver à ce stage avec des délégués syndicaux, des D.P. Eux, ils sont à un autre niveau ! Ce stage ne nous correspondait pas au début mais au final ça nous a enrichis. On pensait être au même niveau que les autres personnes présentes dans la salle. Et entendre leurs expériences, donc pour nous ça nous a fait travailler davantage. Personnellement, j’avais demandé à faire un stage de base. J’aimerai passer les différents niveaux de formation syndicale. En fait là, on est monté tout de suite d’un cran.»
Bertin Boéré, préparateur au laboratoire d’analyse à NMC du groupe SMSP à Nouméa, délégué syndical STKE/NMC. C’est sa première formation sur la NAO : « Je ne suis pas déçu d’être venu ici, donc jusqu’à présent on a acquis plusieurs connaissances avec l’équipe des formateurs, en plus de ce qu’on a vécu dans les négociations en interne dans notre entreprise. Je vais encore me répéter. En très peu temps, on a pu acquérir beaucoup de choses qu’on ne connaissait pas ! Mais qui à l’avenir pourrait nous renforcer dans le combat revendicatif pour les salariés. Concernant l’équipe de formateurs qui est là, je trouve qu’ils sont dynamiques par rapport aux précédentes formations que j’ai pues suivre ici. Comment ils se sont pris ? Ils nous ont vraiment enrichis ! Le fait d’avoir plusieurs formateurs qui interviennent en même temps, on trouve que c’est interactif ! Et ça nous procure du bien, notamment pour le combat qu’on aura encore à mener dans les entreprises diverses. C’est que du positif ! Si d’autres formations sont proposées, je suis prêt à revenir pour le bien des salariés. »
Losalia Tokotuu, responsable de magasin à Champion Robinson, déléguée syndicale STKE à Champion SDD du groupe Carrefour. Ayant de l’expérience dans le domaine de la négociation, Losalia est venue parfaire ses connaissances et elle souhaite l’appliquer dans les petits secteurs qu’elle gère dans la fédération commerce.
Sachant que vous avez de l’expérience dans la négociation, que recherchez-vous dans cette formation proposée ?
L.T. : « Au niveau de la fédération commerce, je suis secrétaire générale adjointe et je m’occupe des petits secteurs et des gros secteurs dans la grande distribution. Ce sont des petits secteurs qui n’ont rien à voir avec le lieu où je travaille. Je connais bien Champion mais avec cette formation je découvre des choses. En fait, je ne peux pas coller ce que je fais dans mon secteur d’activité aux petits secteurs dont je m’occupe (Sullivan, Ets Rabot, Arizona, Vival et des petits commerces également). Donc les problématiques sont différentes de ce que je connais. »
Donc cette formation a répondu à vos attentes ?
L.T. : « Oui car en m’occupant des petites sociétés, j’ai rencontré des problèmes et cette formation me permettra d’avoir une stratégie dans la négociation. Je vais adopter une stratégie différente aux petits secteurs. »
Bilan plutôt positif à votre niveau ?
L.T. : « En fait avant de venir à cette formation, je me suis forgée toute seule avec l’aide d’un camarade et ça date de 1997. Il voulait que je sois déléguée syndicale. Et la première fois que je me suis investie pour la NAO, je savais qu’il y avait une cellule juridique et le cabinet d'expertise comptable avec qui on travaille. En fait, dès le départ on m’a bien formé et on m’a dit voilà les moyens pour réussir. On m’avait expliqué le cheminement. »
Et la formation en elle-même ?
L.T. : « Il y a des choses à revoir. Quand des personnes arrivent et qu’ils n’ont jamais pratiqué la négociation et d’autres qui l’ont faite, ça créée un déséquilibre. A partir du moment qu’on prend des personnes qui n’ont jamais fait de la NAO et donc ils seront tous dans la même optique. C’est mieux de choisir des personnes qui veulent faire de la négociation et qui ne l’ont jamais faite. Nous, qui avons déjà fait des négociations, on a l’impression que les autres personnes n’ont pas été bien suivies. Et en fait non, on s’est retrouvé avec des gens qui n’avaient jamais fait de la négociation et qui ne sont pas des délégués syndicaux ! C’est dans le choix et le ciblage des stagiaires qu’il faut revoir. Exemple : donner une formation uniquement aux délégués syndicaux du commerce et non regrouper tous les délégués des autres secteurs (btp, mine, industrie etc..). Si on me parle de la valeur du point des secteurs de l’industrie, ce n’est pas la même chose que dans le commerce. La grille salariale n’est pas la même aussi et ainsi de suite…Si on se regroupe entre délégués du commerce, on saura de quoi on parle. Ça peut créer des confusions si on mélange les secteurs d’activités ! »
Après le bilan de fin de stage et la remise des attestations, la photo de famille des stagiaires s’est donc imposée tout naturellement avec l’équipe des formateurs, des intervenants et de l’exécutif de notre Organisation syndicale.