jeudi 21 novembre 2024

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Fête de l'Huma 2005

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Journal l'Humanité


Rubrique Politique


Article paru dans l'édition du 12 septembre 2005.


La fête puissance jeunes


Lâaaédition 2005 a accueilli plus de six cent mille personnes. Au centre des débats les nouvelles perspectives à gauche et les luttes contre la politique de casse du gouvernement.


Un cheval a-t-il vraiment traversé samedi après-midi le ciel du parc de La Courneuve au-dessus de la Fête de lâaaHumanité i La pluie cessait. Tenace, légère mais insidieuse, elle avait fini par agacer sérieusement, et le ciel chargé, sombre, ne semblait pas devoir céder. Et puis le bleu était venu et les petits canards jaunes et rouges du stand de pêche aux canards en avaient semblé heureux. Puis le cheval donc était passé. Câaaétait un ballon, mais tout de même... Julien et Andréa étaient assis par terre, sur lâaaherbe encore mouillée, devant les photos de SebastiÃaEo Salgado, tout au centre de la Fête à côté de lâaaagora dâaaoù venaient des bribes de phrases de celles que lâaaon entend partout ici... « Droits de lâaahomme », « justice »... Ou ceci, pris au vol : « Comment peut-on dire que lâaaon va conquérir Mars et renoncer à reconquérir les déserts qui sâaaétendent sur notre Terre i » Les photos de Salgado, justement. Plusieurs dizaines de très grands formats : eau et sécheresse. Ici la silhouette dâaaune incroyable élégance dâaaoiseau dâaaun adolescent, en Inde, plongeant dans une rivière ; plus loin la détresse dâaahommes et de femmes devant leur terre craquelée. « Elles sont bouleversantes », dit Andréa des photos. Ils viennent de Lorraine, ils ont vingt ans câaaest leur première fête. « Câaaest géant, câaaest tellement loin des clichés sur les communistes il y a des tas choses différentes. Il y a de la fraternité ici. » Julien pourtant se dit « lassé » de la politique. Câaaest dur à entendre, lourd... Il va plus loin : « On nous parle tout le temps de la croissance économique mais il nâaay a pas que cela, il faudrait parler de croissance des hommes des idées... » Et il demande : « Vous êtes au courant de ce quâaail faut faire pour être correspondant de lâaaHumanité i » Il parle de lâaaopération lancée à la Fête pour ouvrir pendant plusieurs mois des pages du journal à des jeunes. Il donne son nom. Ils sont plus de trois mille à lâaaavoir fait, à vouloir y participer.


Luttes dâaahier et luttes dâaaaujourdâaahui


« Ce gouvernement a peur de la jeunesse », lance Jessica depuis lâaaagora, lors dâaaun débat sur les lycéens et leurs luttes de lâaaan passé. Oui, sans doute... De cette jeunesse qui souffre, que le pouvoir soumet toujours plus à la précarité. Cette même jeunesse qui a fait sa fête de la Fête de lâaaHuma. Vendredi soir, samedi soir avec le groupe Hot Springs avec Mickey 3D, avec des dizaines de groupes des dizaines de milliers de jeunes ont dansé, chanté, explosé. « Devant la grande scène, câaaétait blindé, je n'ai jamais vu autant de monde », dit un habitué. Ils ont des vêtements bizarres des jeans qui traînent à terre, elles ont des robes compliquées parfois des chapeaux de paille destroy, des tee-shirts qui détournent des slogans publicitaires. « Orange », le nom lâaaopérateur de téléphonie mobile, devient « On mange ». Et la Fête, ils la trouvent super, câaaest génial, il y a de la musique partout, et en même temps « les gens se parlent, ici, il nâaay a dâaaanimosité nulle part ». « On sent que les gens se rassemblent, avec des idées », dit Antoine, qui a retenu aussi des expos dans des stands « sur la guerre dâaaEspagne, les Brigades internationales. Câaaest important de se souvenir de ca aussi ». Comme de la torture en Algérie, le vendredi soir au stand bondé des Amis de lâaaHuma avec Henri Alleg, et de tant dâaaautres moments de lâaahistoire, un peu partout, Charonne, la Commune... Mémoire. Luttes dâaahier, luttes dâaaaujourdâaahui. 220 débats. Des appels aux manifs du 4 octobre. Contre la casse sociale. Les cent jours de Dominique de Villepin qui sont un Waterloo... Au stand des sans-papiers où lâaaon demande un soutien, une femme dâaaune quarantaine dâaaannées sâaaarrête et ouvre son porte-monnaie. Son fils est avec elle. Il a seize ou dix-sept ans et ouvre lui aussi son propre porte-monnaie. Petits gestes de solidarité, courants dâaahumanité. Jeudi soir après lâaainauguration de la fête, un jeune militant communiste nâaaen démordait pas : « Ãatre communiste, câaaest être humain... » Certes. Câaaest court mais câaaest peut-être ca dâaaabord pour tous ceux qui se retrouvent là . Pas tous communistes bien sûr, car la Fête désormais est une fête de la gauche, du mouvement social, de toutes celles et ceux qui cherchent un autre monde. Lâaaautre soir à la télé, dans un documentaire, le sénateur Robert Kennedy, assassiné depuis citait dans un discours une phrase de Bernard Shaw : « Il y a ceux qui regardent la réalité et qui disent câaaest comme ca. Moi je rêve à lâaaimpossible et je dis pourquoi pas i » Pas mal, au fond, ce Kennedy-là . Au stand du Conseil national du PCF où lâaaon est invité à formuler ses voeux sur une petite carte, un homme dâaaune cinquantaine dâaaannées écrit ceci : « Pour un vrai partage des richesses. » Il est membre du Parti socialiste. Il a voté « non » au référendum, il vient à la Fête depuis quatre ans par sympathie, avec des amis communistes. Il pense que « la gauche sâaaest un peu égarée, un peu reniée ». Ils sont de Reims. Tous deux enseignants. Ils se présentent eux-mêmes comme « des sympathisants socialistes décus ». Ils sont venus à la Fête, toujours selon leurs mots « pour renouer, peut-être, avec un espoir à gauche ». Gilles a une trentaine dâaaannées il est venu de Marseille. Il est ouvrier chez Nestlé. « Lâaausine devait fermer mais le groupe a plié. On a lutté 17 mois... » Il a été membre du PCF puis il lâaaa quitté mais pour lui, la venue de la secrétaire nationale du PCF dans lâaaentreprise a eu dâaaun grand poids pour obtenir une table ronde. La gauche, le PCF, Dieu sait, comme des dizaines de milliers de participants à la Fête, sâaail en a été question ces trois jours. Et bien autrement quâaaavec le chahut de quelques minutes à lâaaarrivée dans lâaaagora de telle personnalité socialiste.


Pluie, pas pluie i Quâaaimporte,


Il y avait à lâaaagora plus de mille personnes mais il y en avait presque autant dès le matin au stand du Conseil national du PCF pour un autre débat, déjà , avec les acteurs du « non », pour chercher une perspective, ensemble. On lâaaa bien senti tout au long de la Fête : le 29 mai a redonné confiance à toute une partie de la gauche, aux communistes dont on a pu entendre dans la bouche dâaaun intervenant - socialiste - quâaails étaient un centre de gravité. Pleuvrait-il le dimanche en milieu dâaaaprès midi i Peu importait désormais car la musique continuait, comme avec des airs de valse, des battements sourds de sono plus lointains les bruits tous mêlés de la Fête, une grande, une belle Fête...


Maurice Ulrich


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