mardi 20 septembre 2005
par Nicolas Fichot
TOULOUSE - Le procès de neuf personnes dont le syndicaliste José Bové et le député Vert Noël Mamère, jugées pour l'arrachage d'un essai de maïs transgénique en juillet 2004, s'est ouvert à Toulouse.
Le procès de ces "faucheurs volontaires" d'OGM devant la cour d'appel devrait s'achever mercredi. Le jugement sera mis en délibéré.
Il intervient quelques jours après la découverte en France de plusieurs centaines d'hectares de maïs transgénique cultivées à des fins commerciales.
Le secret de ces cultures a provoqué de vives réactions dans l'opinion et parmi les élus qui ont réclamé au gouvernement une plus grande transparence et un débat de fond sur ce dossier.
Une cinquantaine de sympathisants portant des masques de théâtre blancs sont venus soutenir pacifiquement les prévenus devant les grilles du tribunal.
Les neuf hommes comparaissaient pour "destruction de biens en bande organisée". Cette action, commise à Menville, en Haute-Garonne, a été revendiquée par 222 autres "faucheurs volontaires".
La cour d'appel a toutefois rejeté leur demande de comparution collective aux côtés des neuf prévenus. Le débat sur le fond du délit est donc jugé directement en appel, fait rare dans les annales judiciaires soulignent des experts.
Parmi les neuf prévenus figurent des personnalités politiques comme le député européen Vert Gérard Onesta, l'ancien secrétaire national des Verts Gilles Lemaire, des élus municipaux toulousains Francois Simon et Pierre Labeyrie, le conseiller régional Vert d'Aquitaine Michel Daverat, et le fondateur du mouvement des faucheurs volontaires Jean-Baptiste Libouban.
BOVE PROMET L'ARRACHAGE DES OGM COMMERCIAUX
Noël Mamère et Gérard Onesta ont choisi de ne pas user de leur immunité parlementaire. Ils ont fait valoir qu'il "ne peut pas y avoir des faucheurs protégés et d'autres non protégés".
En marge de l'audience, José Bové a réclamé "un véritable débat" sur les OGM en France. Il a promis de s'attaquer à partir de 2006 aux cultures plantées à des fins commerciales.
Sur France 3, l'ex-leader de la Confédération paysanne, dont les actions lui ont déjà valu des peines de prison, a accusé les pouvoirs publics d'organiser "l'illégalité des firmes semencières". Il a dénoncé les deux firmes américaines de semences Pioneer et Monsanto, "qui sèment partout" des OGM sans en informer les Francais.
"Pour l'instant nous sommes attaqués dans le cadre de la loi aux essais OGM en plein champ. Nous allons continuer le combat en 2006 en cherchant les semences de ces firmes qui essaient de mettre les Francais devant le fait accompli", a-t-il dit.
José Bové a dénoncé le refus de Paris de transposer une directive européenne sur la dissémination, malgré une condamnation de la cour européenne de justice en 2004.
Cette disposition, qui aurait du être appliquée en 2002, impose un registre public des cultures.
L'altermondialiste s'est défendu de combattre la recherche et a assuré qu'on pouvait produire "de manière beaucoup plus sécurisée les mêmes types de médicaments en milieu confiné".
"Notre combat, ce n'est pas un combat contre la recherche, mais contre l'utilisation des champs des paysans comme une paillasse de laboratoire", a-t-il dit.
Les professionnels des semences dont le puissant groupement interprofessionnel des semences (Gnis), réclament des "sanctions exemplaires et sévères et suffisamment dissuasives" contre le vandalisme. Selon eux, plus de 40% des essais pour 2005 ont déjà été détruits par des faucheurs.
"La présence d'élus parmi les prévenus est inacceptable", soulignent-ils dans un communiqué.
A la suite d'actions similaires deux autres procès se sont déroulés ce mois-ci dans le centre de la France, à Riom et à Clermont-Ferrand à l'issue desquels des peines de prison ferme ou assorties de sursis ont été requises contre d'autres faucheurs d'OGM.
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