C’est ainsi que, sans la moindre honte, non content de diffuser, a RFO Paris une lettre d’information vantant l’organisation de l’enregistrement d’un concert a Nouméa pour permettre a de jeunes musiciens locaux d’avoir l’insigne honneur d’être « choisis » pour venir fouler la terre de France et se faire entendre dans un concert dans la métropole coloniale, cette direction, inconsciente, tente de procéder a cet enregistrement, malgré la grève qui dure maintenant depuis plus de trois semaines et qui prend une telle tournure que, lorsque les Kanak ne bloquent pas la station RFO, c’est le directeur régional, lui-même, qui décide de ne pas faire travailler les salariés pour éprouver ses propres fantasmes coloniaux, comme il l’a déclaré dans la presse locale : lui aussi il peut montrer qu’il fait ce qu’il veut, comme il veut et quand il veut !
Une situation aggravée par les déclarations menacantes de nos dirigeants parisiens qui n’envisagent que le recours a la force publique pour mettre un terme a nos revendications légitimes. Malheureusement il n’est pas possible de déstabiliser sciemment tout un Territoire et de vouloir en même temps que tout rentre dans l’ordre, comme par miracle, quand ca arrange !
Et tout ce bruit pour « 9 semaines et un jour » qui n’est pourtant qu’un simple alibi culturel hexagonal visant a prouver que l’on s’intéresse a nous puisqu’une fois par an, on y diffuse un concert d’artistes venus de nos Régions lointaines. Cet exploit, qui permet de combler 14h de programmes dans chacune de nos stations régionales permet aussi d’afficher plus de 130 heures de diffusion a RFO ! Cerise sur le gâteau hexagonal, le coût de ces enregistrements est entièrement imputé a nos stations régionales bien qu’aucune d’entre elles n’ait jamais demandé cette production puisqu’elle ne permet même pas de saisir le sens réel de nos musiques.
Il est vrai qu’en région coloniale la finalité d’un choix pareil se justifie par la satisfaction du colon. A RFO, depuis 18 mois nous sommes revenus a ce type de rapport archaïque, profondément inscrit dans le fonctionnement de cette Direction et de ses quelques « valets » assimilés. Ils servent de caution a des opérations de ce genre, destinées a valoriser les patrons parisiens de RFO et a satisfaire un exotisme bon enfant, proche de la vision qu’ils ont de nous et de nos Cultures : celle d’indigènes se trémoussant a merveille dans des pagnes végétaux.
Le PDG de France Télévision, qui a entamé la visite de ces colonies qu’il a désormais sous sa coupe télévisuelle, est allé aux Antilles et a la Réunion, mais jusqu’ici, il a évité de venir chez nous. Il est vrai que nous ne sommes pas prêts a cautionner l’Apartheid que ses directeurs successifs veulent pérenniser a RFO Nouvelle Calédonie par des pratiques d’un autre âge, attisant tous les feux par des comportements partisans donc dangereux.
Serait il possible que ce PDG craigne de découvrir que tout ce que nous dénoncons est exact et qu’il se trouve alors dans l’impossibilité de ne pas sanctionner les comportements indignes des dirigeants de RFO, dont il est comptable. En tout cas cette année, au rendez vous des exhibitions musicales de RFO il n’y aura pas de concert calédonien, l’USTKE a bloqué l’enregistrement sans remord.
Notre combat n’étant pas dans l’entretien de l’image coloniale du bon nègre remerciant le maître de sa sollicitude, mais dans la défense de l’emploi des Kanak chez eux, a RFO comme ailleurs.
