samedi 23 novembre 2024

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Vives tensions sur le port de Nouméa

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Journal l'Humanité


Rubrique International


Article paru dans l'édition du 19 juin 2006.



Vives tensions sur le port de Nouméa


Nouvelle Calédonie . La réponse de lâaaÃatat au conflit social consécutif à lâaaarrivée de multinationales du transport maritime sur le port de Nouméa : une violente répression des forces de lâaaordre.


Le conflit qui oppose les syndicalistes de lâaaUSTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités) à la MSC, géant du transport maritime, sâaaest soldé le 8 juin dernier par une répression dâaaune violence inouïe contre les grévistes qui bloquaient le port de Nouméa depuis le 19 mai.


Face à lâaaarrivée en Nouvelle-Calédonie de Maersk et de MSC, première et seconde compagnie mondiale de transport maritime, dont ils craignent quâaaelle ne bouleverse les équilibres économiques déjà fragiles des compagnies et acconiers calédoniens ceux-ci réclamaient, au nom de la « protection des entreprises et marchés locaux face à la mondialisation, des garanties et un contrôle ».


une violence disproportionnée


Dâaaaprès un communiqué de lâaaUSTKE, la charge des gendarmes mobiles vendredi dernier, pour débloquer le port, sâaaest traduite par des tirs de flash-balls et de grenades lacrymogènes les grévistes étant repoussés jusque dans la ville où des passants ont été pris pour cible et certains légèrement blessés. Appuyées par un hélicoptère de la gendarmerie, les forces de lâaaordre auraient poursuivi les grévistes jusque dans lâaaenceinte de lâaahôpital, embarquant les blessés qui sâaay étaient réfugiés. « Jamais une telle violence nâaaavait été remarquée depuis le début des événements note le syndicat indépendantiste dans un communiqué. La voie de la violence quâaaa choisie lâaaÃatat a été totalement disproportionnée par rapport au conflit qui était entré dans sa troisième semaine et nâaaentravait pas lâaaentrée du port. »


trouver une solution durable


Au total, dix-sept syndicalistes dont Gérard Jodar, le président de lâaaUSTKE, ont été interpellés puis relâchés dans la nuit de vendredi. Quinze dâaaentre eux font lâaaobjet de poursuites pour « participation à un attroupement avec armes », les forces de layant essuyé des jets de cailloux.


En réponse à cette répression, lâaaUSTKE a appelé mercredi à une grève générale et poursuit les actions autour du port. Des perturbations étaient signalées à Nouméa par lâaaAFP dans les transports en commun, à la compagnie aérienne domestique Air Cal, à RFO et dans une galerie commerciale, où des magasins étaient bloqués. Trois cents membres de lâaaUSTKE se sont rassemblés le même jour au siège de la centrale pour décider des suites du mouvement. Alors quâaaà la demande du gouvernement local, une « mission dâaaexpertise » était attendue pour cette fin de semaine à Nouméa pour « trouver une solution durable aux problèmes posés », lâaaUSTKE prévient que « ce combat quâaaelle a engagé contre les méfaits attendus de la mondialisation sur le port de Nouméa ne cessera pas » et que « cette attaque brutale renforce davantage la détermination de ses adhérents ».


La centrale kanake a recu le soutien de la CGT, qui « condamne cette attitude de répression qui nourrit une nouvelle escalade de tension dans le territoire », « soutient les travailleurs de Nouvelle-Calédonie dans la défense de leurs droits et de leurs emplois » et appelle à lâaaouverture de « véritables négociations ».


R. M.




Journal l'Humanité


Rubrique International


Article paru dans l'édition du 19 juin 2006.


« Lâaaarrivée de MSC et Maersk va tuer les compagnies régionales »


Gérard Jodar, président de lâaaUSTKE, est lâaaun des dix-sept syndicalistes interpellés le 8 juin. Il revient sur les raisons du conflit du port de Nouméa.


Pourquoi êtes-vous opposés à lâaaarrivée des compagnies maritimes MSC et Maersk en Nouvelle-Calédonie i


MSC vient de mettre en place une fréquence hebdomadaire entre lâaaAustralie et la Nouvelle-Calédonie, avec des capacités quatre fois supérieures au volume dâaaaffaires. Cela signifie quâaails nâaaont quâaaune solution pour rentabiliser : le dumping. Et en faisant du dumping, ils vont tuer les compagnies régionales qui étaient déjà sur la ligne. Attachés à ces compagnies régionales les acconiers du port sont eux aussi menacés. Câaaest la déstabilisation assurée des équilibres économiques et sociaux du port. Des dizaines dâaaemplois sont en jeu. Mais au-delà de cet aspect, nous nous opposons à cette mondialisation qui permet à des sociétés dâaaarriver ainsi avec un comportement arrogant, de faire des affaires et de repartir lorsque ca leur chante. Nous sommes un petit pays nous nâaaavons pas les moyens de tenir face à ces géants. Câaaest pourquoi lâaaUSTKE a décidé de prendre le taureau par les cornes et de se mobiliser.


Comment expliquer la violence de la répression que vous avez subie i


Les discussions étaient suspendues depuis un moment, car on ne nous proposait plus rien. LâaaÃatat a choisi cette réponse violente, car la MSC fait actuellement construire deux grands paquebots à Saint-Nazaire. Câaaétait donc à mon avis une facon pour lâaaÃatat de donner des garanties à cette compagnie au regard de contrats en cours. Les liens entre le monde des affaires et le monde politique ne sont pas je crois étrangers à la facon de gérer cette crise.


Il reste que cette répression fait monter dâaaun cran la pression dans le pays. Nous sommes toujours en grève générale. Lâaaaéroport international est encerclé par les forces de lâaaordre. Le port est complètement bouclé par les gardes mobiles car nous voulions empêcher le bateau dont nous avions bloqué le déchargement de revenir en Nouvelle-Calédonie. Il est donc arrivé, est resté à peine une heure, a déchargé 18 conteneurs ce qui est ridicule, puis il est vite reparti en Australie. Une autre mobilisation est prévue samedi matin, contre lâaaarrivée dâaaun bateau de la compagnie Maersk, première compagnie maritime mondiale. Nous avons dans cette affaire, les deux premières compagnies arrivées simultanément en Nouvelle-Calédonie, face à nous. Si nous luttons câaaest que nous demandons des garanties.


Lesquelles i


Nous demandons la mise en place dâaaune commission dâaaétude pendant plusieurs mois réunissant les autorités du port et les autorités politiques pour évaluer lâaaimpact de la venue de ces deux compagnies. Mais dans lâaaattente des résultats de cette étude, nous voulons quâaails sâaaengagent à contingenter leurs volumes car si nous nâaaavons à terme, aucun moyen dâaaagir, il est inutile de perdre du temps.


Ces compagnies nous opposent la liberté de commerce. Mais pour notre part, nous nous battrons jusquâaaau bout.


Entretien réalisé par Rosa Moussaoui


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