La CSI déclare « le travail humain dâaaune valeur supérieure au capital ». Le premier objectif affiché dans le projet de résolution sur le programme est de « changer fondamentalement la mondialisation afin quâaaelle fonctionne en faveur des travailleuses et des travailleurs des sans-emploi et des pauvres ». Dans ce cadre, une « gouvernance » de lâaaéconomie mondiale doit, entre autres « combiner les trois piliers du développement durable, économique et social » ; garantir les « droits fondamentaux des travailleurs » ; générer du « travail décent », mettre un terme « à la pauvreté de masse » ; encourager une « distribution équitable des revenus ».
La CSI se donne lâaaobjectif dâaaorganiser « une journée dâaaaction mondiale » sur lâaaemploi, réclame « la fourniture de services publics de qualité pour tous » et leur exclusion des négociations commerciales veut oeuvrer à une « réforme fondamentale des organisations internationales », FMI, OMC, enferrées dans « lâaaexploitation des travailleurs ».
Elle réaffirme que « les droits syndicaux constituent un élément clé des droits humains au travail », et, plus globalement, veut mener campagne pour mettre fin « à la discrimination sous toutes ses formes » quâaaelle soit liée au sexe, à la religion, à la couleur, à la nationalité, à lâaaethnicité, à lâaaorientation sexuelle, à lâaaidentité de genre, à lâaaopinion politique, à lâaaorigine sociale, à lâaaâge ou au handicap. Lâaaélimination du travail des enfants reste un objectif « historique ».
Dans un autre domaine, le congrès veut affirmer lâaaengagement à « établir un monde pacifique et sûr » où les « populations de tous les pays coexistent dans un climat de tolérance et de respect mutuel ».
Si tous les syndicats du monde sâaaunissaient
Cette semaine à Vienne, 360 syndicats de 150 pays se regroupent dans une nouvelle Confédération syndicale internationale, avec lâaaobjectif de peser sur la globalisation.
Réunir 190 millions de syndiqués du monde entier sous une seule bannière. Et, surtout, faire que les organisations de travailleurs pèsent de nouveau face aux forces du capital dopées par la mondialisation. Câaaest lâaaobjectif, clairement ambitieux, des quelque 1 500 délégués réunis à partir dâaaaujourdâaahui à Vienne pour fonder la nouvelle Confédération syndicale internationale (CSI).
pour le droit de se syndiquer partout
La naissance de cette structure unitaire, plus de cent quarante ans après la première tentative dâaaunification des syndicats au niveau international, passe dâaaabord par la mise en bière des deux grandes centrales mondiales actuelles : la Confédération internationale des syndicats libres (CISL, 155 millions de membres), dâaainspiration sociale-démocrate, et la Confédération mondiale du travail (CMT, 30 millions de membres), dâaaobédience chrétienne, qui tiennent ce soir leur congrès de dissolution dans la capitale autrichienne. Leurs délégués seront rejoints demain par ceux dâaaune dizaine de syndicats indépendants dont la CGT, qui a quitté en 1995 la troisième centrale mondiale, la FSM (ex-bloc communiste), aujourdâaahui moribonde. Cette présence de syndicats non affiliés mais souvent en pointe du combat social dans leur pays (comme la CTA argentine), et leur implication dans le processus de création de la CSI, sont des facteurs qui font dire à Guy Ryder, secrétaire général de la CISL, que, bien plus que la fusion dâaaappareils concurrents la nouvelle confédération doit être le cadre où émergera « un nouvel internationalisme syndical » face au capitalisme débridé de ces deux dernières décennies.
Les statuts de la CSI reflètent cette ambition de « changer le cours de la mondialisation », comme le proclame lâaaun des chapitres des statuts (lire ci-dessous). Lâaaobjectif est de sortir dâaaune situation où, grâce à la liberté de circulation des capitaux, les entreprises dictent leurs lois placent les travailleurs en situation de concurrence et sâaaaffranchissent des droits sociaux les plus élémentaires. Un autre défi est de faire respecter le droit des travailleurs à se syndiquer partout sur la planète, alors que la répression reste forte en Amérique latine et dans les pays émergents dâaaAsie, au premier rang desquels la Chine.
des statuts plus combatifs
Casse sociale, casse syndicale, deux phénomènes liés. « Nous sommes sous la coupe dâaaune mondialisation néolibérale, et pour ses tenants le meilleur syndicat est celui qui nâaaexiste pas rappelle Willy This le secrétaire général de la CMT. Nous avons été attaqués sur tous les fronts. Précarisation, croissance de lâaaéconomie informelle, flexibilité, délocalisations... Tous ces phénomènes ont affaibli le syndicalisme. »
Ãa la nécessité de sâaaunir pour peser davantage sâaaajoute la remise en question des méthodes classiques des syndicats face à la mondialisation. La stratégie conciliante de la CISL et de la CMT face aux grandes institutions économiques a fait la preuve de son inefficacité : lâaaOMC nâaaa jamais accepté dâaaimposer les normes de lâaaOrganisation internationale du travail (OIT) dans ses négociations. Les statuts de la nouvelle confédération se veulent plus combatifs et réclament une « réforme fondamentale » de lâaaOMC comme du FMI La CSI affiche parallèlement son ambition de travailler plus étroitement avec les Global Unions ces super-syndicats de branche à lâaaéchelon international, qui ont une tradition de dialogue avec les multinationales et ont su faire plier certaines dâaaentre elles (par exemple sur le transport maritime international).
la lutte, du local au global
Un programme ambitieux donc, trop diront certains. Les promoteurs de la CSI assurent, eux, que le mouvement syndical international est mûr pour passer à la vitesse supérieure, malgré lâaaopposition apparente entre travailleurs du Nord et du Sud, malgré les divisions historiques. « Si je croyais que les questions dâaaidentité ou dâaaappareils restaient un obstacle, je nâaaaurais pas poussé à lâaaunification, insiste Guy Ryder. Dans le cadre de la CISL, il existe déjà des organisations de tendance variées sociaux-démocrates communistes voire centristes. Mais nous parvenons toujours à travailler ensemble et à faire avancer nos revendications. »
Le rapprochement avec la société civile et les ONG, sensible ces dernières années va aussi se poursuivre : la CSI sera présente au prochain Forum social mondial, à Nairobi. Ãa terme, la CSI espère ainsi devenir une caisse de résonance et un lieu de rencontre pour des luttes partout dans le monde, du local au global.
Journal l'Humanité
Article paru dans l'édition du 31 octobre 2006