Un trophée bien mérité quand on connaît l'actualité en Nouvelle-Calédonie où la répression anti-syndicale à l'encontre de l'USTKE a toutes les caractéristiques d'une répression coloniale. L'envoi des forces de l'ordre contre un piquet de grève et la violence qui s'en est suivie pour réprimer une manifestation pacifique marquaient la volonté de l'Etat francais de faire plier le seul syndicat qui s'engage sur le terrain à la fois social et politique avec un projet indépendantiste.
14 syndicalistes emprisonnés le GIGN effectuant des arrestations musclées dans les maisons des militants le siège du syndicat encerclé par la police... l'Etat de droit laissait la place à une dictature politique: la police utilisée pour crédibiliser le discours de la droite locale, un procureur qui veut faire la justice à lui tout seul, une désinformation dirigée par l'outil de propagande RRB (Radio Rythme Bleu).
L'atteinte au droit syndical et à la liberté d'expression montrait la partialité de la Justice à Nouméa et sa collusion avec les intérêts de l'Etat francais.
Déjà en octobre 2007, Alban Bensa (1) parlait de « retour du syndrome colonial » et écrivait dans Politis (2) à propos de la visite du ministre en Nouvelle-Calédonie: « Pour toute analyse de la situation calédonienne, Christian Estrosi n'a cessé de répéter à la cantonade qu'avant tout la Nouvelle-Calédonie devait rester francaise. Multipliant les invectives et les rodomontades à l'encontre de toute la classe politique calédonienne, le ministre a brillé par sa méconnaissance totale du dossier, au point d'inquiéter vivement tous les partenaires de l'accord de Nouméa (signé en 1998) quant à la politique que la République entend mener en Nouvelle-Calédonie. »
(...) « Le séjour tonitruant du ministre de l'Outre-Mer en Nouvelle-Calédonie, loin d'être un épiphénomène, nous révèle la face la plus sombre du sarkozysme, celle qui unit la droite et l'extrême droite, dans un bonapartisme autoritaire qui n'entend rien aux droits des peuples s'autodéterminer et veut imposer aux réalités locales de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique une logique francaise à sens unique. »
Vendredi 22 février avait lieu aussi, à Nouméa, le procès des syndicalistes.
Les 14 hommes qui venaient de passer cinq semaines en prison ont été libérés. La procédure de comparution immédiate a été annulée et leur jugement est reporté au 25 mars.
Beaucoup de gens avaient marché jusqu'au Tribunal pour les soutenir. Mais tous ceux qui avaient fait le déplacement depuis le Nord et la côte Est de l'île ont été stoppés par des barrages de la gendarmerie à Tontouta, peu avant Nouméa. Des centaines de Kanaks ont été empêchés d'apporter leur solidarité à leurs frères.
Ah oui, c'est un casque colonial bien mérité que Christian Estrosi vient de gagner.
Dans la catégorie « entreprise colonialiste de l'année », Véolia a emporté les suffrages.
Le bras de fer qu'elle entretient depuis des mois avec l'USTKE est pour quelque chose dans cette désignation, quand l'arrogance et le mépris prévalent sur le dialogue et la négociation.
(1)anthropologue, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales
(2)http://www.politis.fr/Nouvelle-Caledonie-le-retour-du,2179.html