D’abord il y a la photo : un gros fusil entre les jambes (à défaut d’autre chose i). Et puis il y a le contenu du livre, qui justfie la haine et la guerre. Enfin il y a l’auteur, qui a troqué ses rollers contre les chenilles des tanks qui écrasent des villages sur la terre de Palestine.
Arno Klarsfeld se vante d’avoir servit (sévit i) pendant plus d’un an dans une unité de Tsahal réputée pour sa « délicatesse » sur les check-points. D’après ce qu’il dit, il était près de Bethléhem. Alors on s’est forcément croisé.
Il ne m’en voudra pas de ne pas m’en souvenir, j’en ai vu tellement des soldats là -bas. Ou bien je ne l’ai simplement pas reconnu. Derrière le casque et tout l’harnachement militaire, je n'ai pas distingué le visage de beau ténébreux qu'il nous montre sur la photo . Quant au gros fusil, si le but de cette photo est de faire frissonner nos ovaires je ne sais pas pour vous mais pour moi c’est loupé. Parce que justement je me souviens trop bien de ce fusil. Un engin pareil, ca ne s’oublie pas ! Et tout ce que j’ai vu au bout continue de peupler mes cauchemars.
Le fusil d’Arno Klarsfeld n’a sûrement pas été qu’un vulgaire objet de figuration pour une couverture de livre. Combien de mains a-t-il amputé, combien de mollets a-t-il transpercé, combien de poitrines a-t-il éclaté i Combien d’enfants a-t-il blessé et touché à mort, ces enfants que je tentais de sauver dans les ambulances palestiniennes i
On s’est certainement croisé lui et moi, ses balles m’ont peut-être même frôlé. Je me souviens parfaitement de ce fusil qui m’a plus d’une fois visé.
Tenir dans ses mains un fusil ou un enfant, pour moi le choix est vite fait, et ce n’était apparemment pas celui d’Arno Klarsfeld.