LE MONDE | 26.08.05 | 13h24 • Mis à jour le 26.08.05 | 13h24
BOGOTA de notre correspondante
L'appel à assassiner le président vénézuélien, Hugo Chavez, lancé par le télé-évangéliste américain Pat Robertson, a été qualifié d'"extrêmement grave" à Caracas. "Il s'agit d'un appel au terrorisme (...) qui réclame une action consistante de la part du gouvernement américain", a pointé le ministre des relations extérieures Ali Rodriguez, en rappelant que le pasteur Robertson est un personnage très proche de l'administration Bush. "Si quelqu'un dans le monde avait encore un doute en nous écoutant accuser systématiquement le gouvernement américain de planifier l'assassinat d'Hugo Chavez, ce doute est désormais largement dissipé", a ajouté M. Rodriguez.
Le repentir de Pat Robertson, jeudi 25 août, sur son site Internet, sonne léger. "Est-ce juste d'appeler à un assassinat i Non et je m'excuse de ma déclaration", a-t-il écrit. Trois jours plus tôt, en direct à la télévision, le prédicateur américain avait appelé au meurtre d'Hugo Chavez. Ancien candidat à la présidentielle, fondateur de l'ultraconservatrice Christian Coalition, Pat Robertson hait ce président insolent qui parle révolution et vend du pétrole à Cuba. Il n'est pas le seul à Washington. En avril 2002, Hugo Chavez essuyait une tentative de coup d'Etat menée sous l'oeil pour le moins bienveillant du gouvernement américain.
"PAS BESOIN D'UN AUTRE CONFLIT"
"S'il -Chavez- croit que nous essayons de le tuer, je crois que nous devrions y aller et le faire", avait déclaré lundi soir le télé-évangéliste au cours de son programme diffusé sur la chaîne Christian Broadcasting Network (CBN). L'élimination physique de Chavez "coûterait beaucoup moins cher que de lancer une guerre", avait-il expliqué, en ajoutant : "Nous n'avons pas besoin d'un autre conflit à 200 milliards de dollars pour nous débarrasser d'un dictateur violent."
Après de brèves excuses Pat Robertson revient à la charge sur la Toile. "Ne serait-il pas plus sage de lancer une guerre contre un seul homme plutôt que de nous trouver engagés dans un combat plus âpre avec une nation entière i", écrit-il. Il n'hésite pas à comparer le président Hugo Chavez sorti vainqueur de neuf scrutins ¬ à Saddam Hussein et à Adolf Hitler.
Les propos du prédicateur ont suscité un tollé médiatique et une mise au point du gouvernement de George Bush. Les paroles de Robertson "ne représentent pas la politique des Etats-Unis", a jugé bon de préciser un porte-parole du département d'Etat en les qualifiant d'"inappropriées". Selon le fonctionnaire américain : "Toutes les allégations indiquant que nous préparons une action hostile contre le gouvernement du Venezuela sont complètement sans fondement."
"Ravi de l'apprendre", ironisait jeudi l'éditorial du New York Times indigné de la tiédeur de la réaction officielle. "Qu'aurait dit la Maison Blanche si un mollah syrien s'était rendu à Al-Jazira pour appeler au meurtre du président des Etats-Unis i" s'interrogeait le quotidien.
Marie Delcas
Article paru dans l'édition du 27.08.05