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Discours du président de l'USTKE lors du 1er mai 2019
Ingrid
9 Mai 2019
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Bonjour à toutes et à tous,
C’est toujours avec un immense plaisir que de se retrouver à l’occasion du chaque 1er mai- Fête des Travailleurs.
C’est un RDV incontournable dans l’agenda des militants et des adhérents de l’USTKE et nous somme aujourd’hui à notre 37ème RDV. Pour dire que depuis la création de l’USTKE le 5 décembre 1981, cette célébration a toujours été respectée et fêtée comme il se le doit.
Mais avant de dérouler un peu plus, je voudrais tout d’abord, au nom du Bureau confédéral de l’USTKE que j’ai l’honneur d’animer, présenter mon plus profond respect aux coutumiers du Pays Kanak et particulièrement à ceux de la région Djubéa-Kapome.
Au Collège honoraire de l’USTKE et à son Président, le grand frère Loulou, aux camarades de l’USTKE et enfin à vous tous qui êtes venus partager cette journée avec nous. Et vous remercier pour votre présence car vous ne serez pas déçus avec ce qui va suivre après sur ce même podium où les groupes de musique du pays vont animer la suite du programme.
Et bien entendu vous restaurer dans les différents stands de restauration assurés par nos fédérations.
Je salue aussi la jeunesse du Pays Kanak et nos enfants qui ont été nombreux à défiler aujourd’hui.
C’est de très bonne augure pour l’avenir que de voir notre jeunesse s’intéresser aux enjeux et défis du pays auxquels nous sommes appelés à y faire face.
C’est cette prise de conscience que vous devez partager autour de vous avec d’autres jeunes. Je n’ai pas préparé un papier spécial pour ce 1er mai 2019.
Je me suis appuyé sur le slogan qui figure sur le tract et les tricots dédiés à ce 1er mai, message que le bureau confédéral à voulu mettre en avant à l’occasion de ce 1er mai 2019. Thierry Leberre pour le sujet de la retraite Cafat et Léonard Gogo Wahmetu sur le dossier Nickel, ont déjà évoqué 2 sujets d’actualité sociale importants. Gogo a parlé du sujet Nickel et Thierry ayant évoqué celui de la retraite de base Cafat.
OUI !!! Revendiquer un pays libre, Exiger le progrès et la justice sociale, Combattre les inégalités : C’est promouvoir l’Humanité !!!
Pour dire que la thématique du 1er mai 2018 sur la persistance et le creusement des inégalités qui a constitué également le fil rouge du XVIème congrès de l’USTKE de septembre 2018 est toujours d’actualité.
Le journal LNC, dans son édition du mardi 30 avril 2019 a consacré un article traitant du gaspillage alimentaire par les grandes surfaces et en faisant le lien avec la pauvreté.
Le constat est lucide, il peut être partagé, la seule interrogation réside dans le contexte choisi pour communiquer sur ce projet de loi porté par les Républicains alors même que le congrès et le Gouvernement du pays ne sont plus en situation de traiter le sujet pour cause d’élections.
Il est inacceptable d’instrumentaliser un sujet qui relève de la dignité des personnes et de l’exploiter a des fins politiques.
C’est la question que nous posons.
Mais qu’ont-ils fait ou plutôt que n’ont-ils pas fait durant ces mandatures où ils ont eu la responsabilité des institutions et d’être en possibilité de changer la donne en orientant les budgets vers les populations en souffrances ?
La pauvreté, la paupérisation des populations ne datent pas de 2 semaines.
Il est inquiétant de savoir que la pauvreté touche environ 25% des jeunes de moins de 30 ans et a peu évolué au cours des dernières décennies, note l’ISEE NC. Avec un taux de chômage avoisinant les 12% et affecté principalement cette catégorie de population. L’école est identifiée comme l’un des principaux responsable de cette situation.
Et pour l’économiste Samuel Gorohouna, les inégalités scolaires sont aussi une des clés pour lutter contre les inégalités.
« Souvent les inégalités scolaires font qu’on arrive à des inégalités de revenus. Il y a un aspect de reproduction sociale de l’école, mais la difficulté en Nouvelle Calédonie, est que les inégalités sociales correspondent à des inégalités ethniques.»
C’est le même constat que l’USTKE fait depuis des années conforté aujourd’hui par l’ISEE NC et un économiste maître de conférence à l'UNC.
Pour nous, le projet éducatif voté en 2016 qui améliore l’existant ne produira ses effets en termes quantitatif et qualitatif que d’ici une génération c'est-à-dire 25 ans.
Il va falloir que pour combler les retards et réduire ces inégalités liées à l’école, des politiques publiques volontaristes se mettent en place pour y faire face.
Réduire la fracture sociale génératrice d’inégalités au sein des populations concernées devient un objectif ultra prioritaire auquel devrait s’atteler les élus de la prochaine mandature.
Au risque de s’attendre à une situation sociale tendue pouvant basculer en une instabilité politique.
C’est le sens de la proposition de l’USTKE d’augmenter le Salaire Minimum Garanti (SMG) pour le porter de 136.000 frs à 160.000 frs net/mois. E exiger la convergence entre le SMG et le SMAG (Salaire Minimum Agricole).
Cela passera forcement par des mobilisations dans la rue pour faire valoir cette revendication. Pour cela, l’USTKE doit pouvoir être la force mobilisatrice qui doit créer les rapports de force nécessaires au sein des partenaires sociaux et des forces progressistes du Pays pour défendre une revendication digne et noble.
Les Provinces Nord et Iles sont les plus touchées par ce phénomène mais il est constaté que la pauvreté en zone urbaine (Nouméa – Grand Nouméa) gagne du terrain. La non résorption de l’habitat précaire, les squats, due à un déficit de logements sociaux, constitue une réalité difficile à vivre. « Citer Goromido plus haut »
On approche aujourd’hui les 20% de la population soit environ 55.000 personnes concernées par cette situation et se trouvant donc sous le seuil de pauvreté estimé à 72.000 frs par personnes.
Dans un pays riche comme la Nouvelle-Calédonie, avec un PIB élevé mais concentré sur une minorité de personnes, on a du mal à admettre la photographie du paysage social actuel et en particulier celle qui frappe les populations les plus démunies.
On en vient toujours à cette richesse tirée du pays mais toujours inégalement et injustement repartie. Les riches devenant toujours de plus en plus riches quand les petits s’enfoncent dans la précarité et font face de plus en plus difficilement aux épreuves de la vie.
On le dit : la théorie du ruissellement a atteint ses limites et le système redistributif qui doit aussi concerner les salariés des entreprises est en panne depuis bien longtemps.
L’état de la société calédonienne de nos jours en est le miroir.
Aujourd’hui alors que certains indicateurs économiques indiquent un ralentissement de l’économie calédonienne dû à un retour à la normale après l’arrêt des grands chantiers (KNS - VALE- Médipôle – Clinique Ile Nou - Hôpital du Nord à Koné…) et un contexte lié au nouveau paysage du Nickel à prendre en compte, le patronat local sous la bannière du Medef NC s’agite dans tous les sens pour annoncer dans les médias qu’une grave crise est en train de naître et qu’il va falloir s’attendre à des temps difficiles, que des licenciement massifs sont à prévoir et que des plans sociaux se préparent.
Situation paradoxale d’un pays aux richesses multiples où l’on devrait pouvoir donner aux gens les moyens de vivre décemment grâce aux revenus tirés de son économie.
Qu’on laisse beaucoup plus la richesse produite ici au pays et qu’on en rapatrie moins vers les sièges sociaux à l’extérieur pour mieux servir les dividendes des actionnaires. On trouvera alors de quoi relever les niveaux des salaires de ceux qui sont en bas de l’échelle.
Qu’on taxe un peu plus les flux financiers et les fuites de capitaux vers l’extérieur et on trouvera l’argent pour financier notre protection sociale et principalement les régimes en difficulté comme le RUAMM ou le système de retraite (Thierry) aujourd’hui en difficulté qui pousse le patronat local à reculer l’âge de départ à la retraite à 62 ans. A mettre des politiques publiques en faveur des populations en situation de précarité.
C’est ce qui me permet d’aborder le sujet politique qui nous concerne puisque nous sommes à une dizaine de jours d’une échéance politique importante avec les élections du 12 mai prochain servant à renouveler les élus au Congrès et des assemblées de Provinces.
L’enjeu est comme chacun le sait hyper important.
L’objectif caressé depuis longtemps est bien de gager cette majorité au Congrès c'est-à-dire gagner les 28 sièges nécessaires contre 25 dans la mandature qui s’achève.
Gagner les 3 sièges supplémentaires pour conquérir cette majorité passe nécessairement par une alliance des indépendantistes autour d’une liste unitaire dans la Province Sud.
C’est ce qui a conduit le bureau confédéral de l’USTKE a prendre l’initiative d’un communiqué diffusé dans l’ensemble des médias du Pays le 29 mars 2019 appelant le mouvement indépendantiste et nationaliste Kanak à une stratégie unitaire dans le Sud afin de réunir les conditions pour gager cette majorité au Congrès.
Cet appel n’a pas été entendu. Le congrès du FLNKS du samedi 30 mars 2019 chargé de valider définitivement la stratégie électorale sur l’ensemble des 3 provinces, a exclu le Parti Travailliste de la liste unitaire du Sud. La raison principale qui a motivé cette décision se trouve dans la décision du PT d’avoir appelé à la non participation au référendum du 4 novembre 2018.
Or, ce sont 2 élections complètement différentes, combien même les raisons qui conduit le PT puis l’USTKE (XVI ème Congrès en septembre 2018 à Kowé Kara) sont de notre point de vue tout à fait justifiées et fondées.
Rappel : 30 ans d’inégalités rapports des 10 fédérations et fraude sur la liste électorale spéciale de consultation appelée à se prononcer au référendum du 4 novembre 2018.
Rappel ONU : 95 000 non-colonisés contre 80.000 colonisés cherchez l’erreur. Des chiffres complètement renversants pour un scrutin d’autodétermination.
Peut être un cas unique dans les statistiques du comité de décolonisation de l’ONU !!!
Les enjeux des élections au Congrès et Provinces sont à séparer et distinguer de la consultation du 4 novembre 2018.
Du fait de la multiplicité des listes de droite notamment, les indépendantistes pouvaient être majoritaires au Congrès.
Ce qui veut dire prendre également les commandes du Gouvernement, diriger les administrations du Pays, décider des politiques publiques à mettre en place, donner les orientations budgétaires à la mise en place des bases nécessaires du futur Etat souverain. Mettre enfin sur les rails le grand chantier de la fiscalité pour aller chercher l’argent là où il se trouve et l’affecter pour les besoins prioritaires de nos populations.
Mettre en place une politique volontariste en faveur de la jeunesse kanak en décrochage du système scolaire, stigmatisée en permanence et dont la seule réponse est l’enfermement au Camp Est. Cet échec scolaire qui est bien souvent lié aux conditions sociales de vie des parents qui sont les déterminants essentiels à la réussite scolaires des enfants.
Et bien entendu, rayonner au niveau des relations internationales dans notre zone pacifique et au-delà fait partie aussi des opportunités à saisir grâce à la maîtrise des institutions du Pays.
Pour des motifs, dont on a du mal à saisir les vraies raisons, on a donc laissé passer cette opportunité et on est en droit de s’interroger sur la solidité des arguments opposés qui ne résistent pas à la confrontation et au débat.
L’USTKE, pour sa part, a pris ses responsabilités et les assumera.
Nous l’avons fait dans un premier temps en publiant un communiqué le 29 mars dernier appelant à la stratégie unitaire en Province Sud. Cet appel n’a pas été entendu.
Le Bureau confédéral a alors inscrit à l’ordre du jour de sa séance du 18 avril 2019 le point concernant le positionnement de l’USTKE concernant ces prochaines élections provinciales et au Congrès de la Nouvelle-Calédonie du 12 mai 2019.
Compte tenu du contexte évoqué ci-dessus, le bureau confédéral s’est prononcé à l’unanimité pour appeler a soutenir et a voter en faveur des listes portées par les 3 coordinations du Parti Travailliste dans les 3 provinces.
Cette position a été confirmée par le comité directeur du 26 avril qui s’est tenu à Koohnë.
C’est aussi notre manière de prolonger et d’être en cohérence avec la décision du Congrès de 2006 à Kowé Kara qui avait alors voté à l’unanimité la motion proposant la mise en place d’une alternative politique concrétisée un an plus tard en 2007 par la création du Parti Travailliste.
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