samedi 12 octobre 2024

E Espace de parole

Wara, terre d'accueil pour la journée du 8 mars

La pirogue des femmes est partie bien plus loin cette année, à une petite dizaine de kilomètres à vol d’oiseau de la Vallée-du-Tir.  Par rapport aux années précédentes, cette fois-ci la centaine de femmes inscrites pour la journée du 8 mars, ont pris le bateau pour en quelque sorte être entre elles, histoire de renforcer et de tisser davantage les liens faits dans d’autres lieux (*). Destination prisée cette année : Ile Ouen. Près de 110 femmes à bord du Mary D Odyssey, quasiment toutes en robes traditionnelles. Une fois à quai sur la petite île qui fait face au port de l’usine de Valé N-C,  la coutume de « bonjour » a été remise aux gens de l’endroit. Très peu d’habitant sur l’Ile Ouen, « à peine 80 personnes qui vivent sur l’île. Les navettes terrestres partent de Plum les lundis, les mercredis, les vendredis et se rendent à la Baie de la Somme. De là-bas les gens prennent une seconde navette. Après, c’est en mer que les gens font la traversée jusque ici sur l’île », a relaté Ursula Wéthy, vice-présidente des groupes de femmes de l’île.  A la tête d’une petite équipe de femmes bien soudées, Ursula avec son mari, l’actuel président du conseil des anciens de Wara et avec quelques membres de la petite tribu ont accueilli le groupe des femmes de l’Ustke accompagné du 1er vice-président de notre Organisation,  les militantes du Parti Travailliste, des femmes de l’Eglise Protestante de Nouvelle-Calédonie Kanaky, des mamans de la tribu de N’Dé, une dizaine de mère de famille de la tribu de Saint-Louis, des femmes des quartiers Nord de Nouméa, également d’autres mères de famille issues du monde associatif.  Tout ce beau monde a pu faire ce petit détour dans le Sud de la Grande-Terre grâce à la mobilisation de la commission des femmes de l’Ustke et de la condition féminine du Parti Travailliste. Ces deux organes sont coordonnés, chapeautés par Henriette Streter et Marie-Chanel Mataila qui comme à chaque année organisent les festivités, les interventions des femmes tournant autour de la journée internationale de la femme décrétée par l’ONU. « Si la femme porte bien son travail au sein de son foyer, son travail va se perpétuer avec son mari. Qu’il soit un homme de l’église, un homme œuvrant pour une association, un homme d’un syndicat.. », a martelé Henriette Streter au micro en appelant les femmes de l’ensemble du pays « à porter le travail » dans son environnement social et culturel. « J’ai envie de vous dire aujourd’hui. Que vous femmes, là où vous êtes vous devez le faire, là où vous vous êtes mariés », a-t-elle rappelé en disant que la femme doit être digne à l’endroit où elle a été placée par sa famille, son clan. Un appel à la responsabilité, à la place de la femme au sein du monde coutumier kanak qui cherche avant tout un espace de parole dans la société actuelle où tout se déroule à une vitesse grand V. « Là, on est entrain de parler de la femme qui va créer l’unité, de femmes en marche pour gagner le référendum de 2018. Parce que si la femme porte bien son travail dans son foyer, et bien tout cela va marcher dans le but de construire l’unité. Quand la femme va parler et bien le mari va parler. Le responsable coutumier va parler, le responsable politique va parler… Si l’homme est debout là ou il est, c’est grâce à la femme », a-t-elle souligné en appelant les femmes à créer le lien entre elles pour permettre aux hommes de renforcer l’unité indépendantiste. Encore une fois, cet appel à la responsabilité des femmes dans leur foyer afin de réunir les meilleures conditions pour gagner le référendum de 2018. Un message politique fort durant cette journée qui a aussi trouvé son auditoire au sein d’un public exclusivement féminin, également à l’écoute des messages délivrés par des femmes œuvrant dans les communautés chrétiennes de la place. « Qui est la femme d’aujourd’hui. J’ai été créée à l’image de Dieu. Telle mère, tel fille… La femme d’aujourd’hui a-t-elle conscience de son positionnement ? », un questionnement développé par Mara qui est mariée à un Fidjien. Son père est de Lifou et sa mère est originaire de Voh. « Les réponses, à chacun de les trouver en soit », a-t-on indiqué. A l’exemple de l’une d’entre elles, Brigitte Mathieu, membre de l’église de Kanaky Nouvelle-Calédonie. « Le seigneur a doté la femme d’une force inouïe » qui a marqué l’ouverture de cette journée dédiée aux droits de la femme et symboliquement célébrée dans la tribu de Wara à l’île Ouen.  

(*) : Vallée-du-Tir en 2014, Sarraméa en 2013, Tribu de N’Dé en 2012, Tribu de Saint-Louis en 2011.

La place de la Femme au centre des interventions

A la descente du bateau, la centaine de femmes avec à leur tête, Henriette Streter chargée (robe orange) d’organiser cet évènement. Marie-Laure Katé (robe verte & marron) a servi d'intermédiaire entre nos organisations et le groupe des femmes de l'île Ouen. 

Attentives au discours durant la coutume de « bienvenue ».

Les enfants aussi à l’écoute des plus anciens.

De la plage bordant l’entrée de la tribu, l’église se dessine au loin.

Pour celles qui ne voulaient pas d’un petit-déjeuner copieux, le jus de coco vert fut très apprécié.

On s’est affairé autour du feu et des marmites pour que tout soit prêt à l’heure du repas.

Ursula Wéthy, vice-présidente du groupe des femmes de l’île Ouen depuis 4 ans. C’est la première fois que la tribu reçoit l’équipe de la commission des femmes de l’Ustke et celle du P.T. L’an dernier, un petit groupe de l'île Ouen avait fait le déplacement à la Vallée-du-Tir. C'est ainsi que l'organisatrice a eu l'idée d'inviter à leur tour les femmes sur leur île. « On a eu la liaison avec l’Ustke, avec l’appui de Marie-Laure Katé. Pour le menu de la journée, on a compté sur nos garçons pour la pêche. On a eu des dawas, des fruits de mers… On s’est basé sur le programme de l’Ustke pour nous organiser et reçevoir toutes les femmes.»

Les mamans de Saint-Louis ont entonné une chanson bien de chez elles.

Mara, la femme d’un pasteur fidjien a longuement évoqué le rôle de la femme, sa place dans la société actuelle au sens de l’église chrétienne dans laquelle elle appartient.

Brigitte Mathieu au côté d’une grand-mère d’Ouvéa. Le tressage prend tout son sens dans ces moments de partage.

Le défilé de mode a beaucoup plu. Les organisatrices ont fait en sorte de montrer les habits d’antan et ce jusqu’à nos jours en invitant deux couturières basées à Nouméa. Elles ont présenté leurs modèles à cette rencontre.  

La robe "made in" Vanuatu a marqué aussi de son emprunte ce jour-là.

Naomi (à droite) fêtant aussi son anniversaire le 8 mars, elle faisait partie de la trentaine de femmes ayant reçu un cadeau. Un moment très apprécié de tous.

Pour marquer cette journée, une jeune pousse d’un manguier a été plantée par Ursula Wéthy et Henriette Streter, près de la maison commune.

Toutes les femmes réunies à la fin de la journée devant la banderole  « Femmes en marche pour l’unité pour gagner le référendum de 2018 ».

Rendez-vous l'an prochain pour une autre destination !  



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