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Plus de 3000 personnes à la mobilisation sur le rééquilibrage
Ingrid
4 Aout 2016
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Plus de 3000 personnes ont manifesté hier * dans les rues de Nouméa pour interpeller l’ensemble du pays sur la thématique du rééquilibrage.
Leitmotiv de la mobilisation : interpeller l’ensemble des acteurs de la vie économique, politique et institutionnelle sur l’accès des kanak à l’emploi et aux postes à responsabilité.
« Ne serait-ce qu’au niveau de la mobilisation, c’est déjà une réussite », a clamé André Forest au micro, président de l’Ustke, à la fin de la journée. Invité ce matin à la matinale de NC1ère radio, le président a d’emblée rétabli les chiffres concernant le nombre de participants annoncé hier soir au J.T de NC 1ère. C’est non « 200 à 800 manifestants » mais bien « 3000 » selon nos responsables syndicaux en charge de la sécurité du cortège et comme l’indique habituellement les sources policières, le nombre de manifestants est variable de moitié par rapport aux nôtres. Quelque part conscientisé sur ce déséquilibre social et économique, nos sympathisants, nos militants, nos adhérents ont répondu à notre appel de mobilisation sur la problématique du rééquilibrage, une motion politique votée au XVème Congrès de l’Ustke tenu à Drehu en décembre dernier. « Cette motion a dressé un bilan sévère sur les résultats de la politique de rééquilibrage », a insisté André Forest qui à chaque fois, aux quatre arrêts ciblés, que ce soit au Medef-NC, au gouvernement, au congrès et au haussariat, avec la délégation qui l’a accompagné, ils ont remis un mémorandum (*voir encadré) aux représentants de ces quatre institutions. « On n’est pas dans une démarche de victimisation, ni dans un repli communautaire mais c’est une projection de cette problématique qu’il faut tenir compte », a-t-il rappelé. Le colloque sur le rééquilibrage du 19 août prochain à l’UNC, co-organisé par le gouvernement et le CDS devrait donner des pistes de réflexions voire même de donner un coup de fouet aux actions à mettre en place. Un sujet dont la paternité revient à l’Ustke, relayé au CDS puis il s’est traduit par une inscription au niveau de la conférence sociale donnant lieu à ce colloque, attendu du moins, et permettant d’aiguiller les instances représentatives vers un débat ne risquant pas d’être clos.
Le cortège des manifestants est parti du parking du siège syndical à la Vallée-du-Tir sous les coups de 10 heures. Aux alentours de 11 heures, le premier arrêt au Medef-NC. « On n’a pas la main mise sur l’emploi dans la fonction publique … Le pays se fera avec vous, vous êtes les forces vives du pays », a répondu Dominique Lefeivre, co-président de l’organisation patronale. Eric Durand, également co-président, a lui insisté pour que l’Ustke le suive sur le contrat d’intégration. « Il y a aussi des jeunes kanak diplômés en France et ils ne reviennent pas travailler ici », a-t-il soulevé.
Deuxième arrêt : au gouvernement. « Le cœur du sujet, c’est l’emploi local, le rééquilibrage et la place du kanak dans ce rééquilibrage. L’Ustke a exposé sa vision, son constat ... », a indiqué Philippe Germain à la sortie de la rencontre avec la délégation syndicale. « On peut partager une partie de ce constat. On a fait beaucoup d’avancée mais ce n’est pas suffisant. Il y a encore du chemin à faire. Il faut permettre aux kanak d’accéder à des postes dans le public et dans le privé. Il faut améliorer la qualification notamment en commençant par la réussite scolaire. C’est pour ça qu’on a réformé et qu’on a adopté en début d’année un projet éducatif ». Le partage des objectifs est clair mais il faut faire en sorte que la jeunesse kanak puisse réussir et trouver sa place dans la société calédonienne. Des solutions, peut-être du côté du vice-président en charge de la formation professionnelle. « On a rénové la totalité de notre système. Puisqu’on veut amener d’abord l’emploi ensuite la formation », a-t-il indiqué. Ramener les plus jeunes dans l’entreprise notamment les plus éloignés vers les bassins d’emploi, si possible une qualification au bout du chemin. Autre interrogation de la centrale syndicale : le texte sur l’emploi et la promotion locale dans la fonction publique.
Les mêmes doléances formulées au président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Thierry Santa et son bureau. « Situer leur responsabilité quand à leurs propositions de délibérations ou l’examen des projets de délibérations venant du gouvernement », a déclaré le président de l’Ustke.
Reçue aussi par Thierry Lataste, haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie, la délégation Ustke a pu déposer le mémorandum et discuter avec le représentant de l’Etat en fin d’après-midi, vers 16 heures. « Mettre en exergue les insuffisances de la politique de l’Etat, en tous les cas l’absence des kanak dans les filières d’excellence (magistrat, diplomate, cadre supérieur au niveau des grandes écoles). Là aussi, les choses ne sont pas au rendez-vous. … Il faut qu’elles se fassent déjà en amont, notamment au niveau du comité de suivi », a-t-il conclu.
(*) mercredi 3 août 2016
Mémorandum pour le rééquilibrage - Mobilisation du 03/08/16
Le XVème Congrès de l’USTKE qui s’est tenu les 3 – 4 et 5 décembre 2015 à WÉ – LIFOU – NÖJE DREHU – a voté une motion politique sur la thématique du Rééquilibrage.
Cette motion a dressé un bilan sévère sur les résultats de la politique de Rééquilibrage inhérents à l’accès des kanak à l’emploi et aux postes à responsabilité.
Elle a donc validé l’organisation d’une journée de mobilisation sur l’ensemble du Pays sous forme de grève générale. Cette action concertée, le bureau confédéral de l’USTKE souhaite qu’elle soit la plus large possible et doit servir à interpeler les instances politiques, institutionnelles et patronales sur cette revendication qui est au cœur des Accords politiques. Pour mémoire, les signataires indépendantistes des Accords Matignon-Oudinot avaient pour motivation politique essentielle, le partage du Pouvoir et le Rééquilibrage par la formation des Cadres kanak. Ces Accords ont ainsi permis d’instaurer une période de paix, de tranquillité et de prospérité économique au sortir des Evènements que le Pays a traversé.
A deux ans de la sortie de l’Accord de Nouméa et de l’organisation d’un référendum d’autodétermination en novembre 2018, force est de constater que les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous.
Quelques chiffres pour illustrer ce constat sortis du recensement de la population 2014 produit par l’ISEE NC :
- 77% des travailleurs kanak vivant dans les agglomérations sont ouvriers et employés contre seulement 58% pour les autres natifs
- 9% des Kanak en situation d’emploi sont titulaires d’un diplôme d’études supérieures contre 23% pour les autres natifs de NC
- Sur une population active estimée à environ 80.000 personnes – secteur public et secteur privé confondus – environ 17.000 emplois sont occupés par des non natifs ayant moins de 10 ans de résidence dont une très forte majorité occupe les principaux postes d’encadrement ou sont chefs d’entreprise.
- L’absence de qualification et donc de formation constitue pour la jeunesse kanak le principal facteur d’exposition au chômage et de privation d’accès aux postes à responsabilité.
Le Gouvernement, l’État, le Congrès et le Patronat sont aujourd’hui interrogés à travers cet échec qui nuit fondamentalement au maintien des grands équilibres sociaux.
La jeunesse kanak a de plus en plus de mal à trouver sa place dans la société et vit dans un désenchantement qui la conduit dans la délinquance et la prison. Il faut impérativement lui proposer d’autres horizons qui passent par la formation et l’insertion professionnelle par l’emploi.
L’autre problématique est celle qui concerne les jeunes kanak diplômés ayant terminé leur cursus de formation. Leur accession à une responsabilité professionnelle reste un véritable parcours du combattant et ils voient souvent leurs candidatures rejetées à la sortie d’un entretien d’embauche.
Les raisons : pas d’expérience – profil pas tout à fait correspondant à celui recherché – pas ceci – pas cela – et hier c’était pas assez diplômés - bref une barre toujours plus inaccessible et difficile à passer. Et pendant ce temps-là, les flux migratoires continuent d'inonder le marché de l’emploi.
Cette problématique des flux migratoires devra être traitée au plus haut niveau, s’agissant d’une responsabilité directe de l’Etat. Dans le cadre des discussions actuelles, elle constitue un point de divergence fondamentale.
Et pour confirmer cet état de fait, une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Nouvelle Calédonie (UNC) révèle une discrimination faite à l’égard des Kanak dans le traitement des dossiers d’accès à un logement privé. Emploi – Logement constituent des éléments essentiels qui contribuent à la Dignité d’un individu et à son épanouissement dans la vie.
IL FAUT QUE CELA S’ARRÊTE, ON NE PEUT PAS CONTINUER A AVANCER AVEC UN SYSTEME FONDÉ SUR LA DISCRIMINATION A L’EGARD DU PEUPLE AUTOCHTONE.
L’USTKE, organisation syndicale engagée pour l’accès du Pays à sa pleine souveraineté est consciente de la gravité de l’enjeu. Au moment même où la mission menée par A. CHRISTNACHT et JF MERLE interrogent le Pays sur la Gouvernance de demain, l’USTKE pose sur la table la question centrale de la formation des Cadres kanak et celle toute aussi cruciale que représente l’insertion par l’emploi de la jeunesse kanak sortie trop tôt du système scolaire et donc sans qualification.
L’Avenir institutionnel – le Vivre ensemble - se construiront avec une jeunesse kanak se sentant bien dans son Pays et formée à l’exercice des responsabilités.
Pour le Bureau Confédéral
André Forest, président de l'USTKE
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