publié le mardi 13 septembre 2005.
Les Palestiniens ont réagi au départ des derniers soldats israéliens avec un mélange dâaaexcitation, de curiosité et dâaainquiétude. Toute la journée, ils ont parcouru les colonies qui venaient dâaaêtre évacuées par les soldats israéliens. Mais alors quâaails restaient sous le coup de cet évènement, ils réfléchissaient aussi aux restrictions imposées à leur liberté retrouvée.
Des enfants Palestiniens jouent dans une aire de jeu abandonnée par les Israéliens.
Utilisant les routes qui leur étaient auparavant interdites tous les Palestiniens - hommes femmes enfants et combattants de la résistance - ont visité les anciennes colonies à la fin de la journée pour voir à quoi elles ressemblaient de lâaaintérieur.
Dans lâaainfâme colonie de Netzarim, qui avait une fonction stratégique dans le découpage de la Bande de Gaza en deux zones distinctes et qui a été si longtemps un pilier et symbole haïs de lâaaoccupation, rien nâaaa été laissé intact par les troupes israéliennes au moment de leur départ. Les arbres ont été déracinés les lignes électriques coupées et la végétation aussi bien à lâaaintérieur quâaaà lâaaextérieur des habitations nâaaa pas été arrosée depuis 15 jours laissant une impression de terre desséchée et morte.
Les Palestiniens ont sauvé des ruines ce quâaails pouvaient, y compris des câbles de cuivre ainsi que de la ferraille qui se vendra 2 dollars le kilo dans le territoire appauvri. Quelques enfants ramassent des mangues sur un arbre abattu, tandis que dâaaautres cherchent dans les décombres des jouets ou des livres. Tous sont transportés de joie et impressionnés éprouvant du soulagement et de lâaaexcitation à voir les occupants partis.
Fin de la peur
Les Palestiniens investissent une ancienne tour pour snipers
« Nous pouvons finalement nous déplacer librement à travers Gaza et jouer sans que quiconque nous tire dessus », nous dit le jeune Abdullah Yunis 14 ans alors quâaail regardait les restes dâaaune tour israélienne auparavant occupée par des snipers et qui servait à surveiller son camp de réfugiés.
Parmi les foules curieuses un photo-journaliste palestinien déambule portant un gilet où sont agraphées les photos quâaail a prises des martyrs palestiniens assassinés par les forces armées israéliennes ; on y trouve même la photo de la plus jeune des victimes un bébé de 4 mois de Khan Younis. « Je veux quâaails voient avec moi ce moment historique. Je veux aussi être certain que les gens nâaaoublient jamais ce pour quoi ils sont morts », nous dit-il.
Les Palestiniens circulent avec incrédulité, essayant dâaaassimiler la scène et le moment. Pour certains comme Omar Budran âgé de 26 ans et qui a perdu une jambe après quâaaun hélicoptère ait tiré sur un groupe de Palestiniens dans le camp de réfugiés très peuplé de Nusseirat 2 ans auparavant, ce jour était particulièrement émouvant. « Câaaest un jour incroyable pour moi. Je suis rempli de joie, et je suis optimiste sur ce que le futur peut nous apporter », dit-il.
Intense curiosité
Des Palestiniens fouillent les décombres dans la colonie de Netzarim
Les forces palestiniennes ne peuvent pas grandâaachose pour dissuader les foules imposantes et curieuses de sillonner les colonies pendant que les officiels disent vouloir prendre le contrôle des zones dans les prochains jours. « Personne au monde ne peut empêcher les gens dâaaexprimer leur joie à voir lâaaoccupation finie », nous déclare un officiel de la sécurité palestinienne.
Beaucoup de jeunes garcons palestiniens sacs encore sur lâaaépaule, ont fait lâaaécole buissonnière pour aller explorer les colonies abandonnées qui ont été si longtemps sources de peine et de misère.
Dans lâaaex-colonie de Kfar Darom, un jeune réfugié du camp de Dair al-Balah jouait dans une aire de jeux abandonnée. « Câaaest le plus grand plaisir que nous ayons jamais eu ; il nâaay a jamais rien eu de tel dans notre camp de réfugiés », dit en riant Reem Idayn, âgée de 12 ans alors quâaaelle descend une glissière.
Sentiment de liberté
Près de là , des agents de la sécurité palestiniennequi étaient sur place depuis 3 heures du matin pour la prise de contrôle des ex-colonies se reposent à lâaaombre dâaaun grand mûrier, pendant que des enfants réclament une photo dans une tour pour « snipers » abandonnée mais pas encore détruite qui surmonte une école des Nations Unies aux murs troués par les coups de feu.
Par-delà la barrière électrique maintenant abattue de lâaaancienne colonie, Sulayman Tawaysha, âgé de 53 ans continue avec ses 6 enfants à regarder la scène de facon incrédule. La famille dans son intégralité était debout à 3 heures du matin pour voir le départ des soldats moment auquel ils ont poussé des « youyou » de joie et tiré un feu dâaaartifice.
« Je ressens pour la première fois le sentiment dêtre libre », dit Tawaysha, tandis que sa plus jeune sÅaur, Buthoor, servait le café et des gateaux de dattes en guise de célébration. Sa mère, une directrice nouvellement nommée, était à lâaaécole et tentait en vain de convaincre les écoliers de rester en classe.
« Cette nuit sera la première nuit où nous pourrons sortir tranquillement après le coucher du soleil, sans avoir à craindre dâaaêtre abattus par les troupes isréliennes à proximité », ajoute Tawaysha.
Grand soulagement
Des milliers remplissent la plage de Shirat Hayam
Plus au sud, les Palestiniens ont dépassé le checkpoint Abo Holi pour la première fois depuis 6 ans sans avoir à sâaaarrêter et à attendre des ordres pour pouvoir passer. « Je ne peux pas y croire - jâaaai perdu tant de nuits dans des conditions misérables à dormir ici au checkpoint à attendre quâaail veuille bien ouvrir, souffrant à leur volonté », nous dit le chauffeur de taxi Samir Dogmosh alors quâaail passe sans encombre.
A Neve Dekalim au sud de Gaza, la grande synagogue de la forme de lâaaétoile de David, construite « en mémoire » de lâaaancienne colonie de Yamit dans le Sinaï, était encore debout. On trouve répandu à lâaaintérieur, au milieu de tracts abandonnés de la littérature anti-désengagement.
Littérature sioniste
« Ressentons la magie quotidienne de cette magnifique partie de notre patrie », dit un tract. Derrière lâaaancienne colonie, les Palestiniens apercoivent la plage de Khan Younis dans lâaaenclave fertile et auparavant fortifiée de Mawasi, qui a leur a été inaccessible depuis le début de lâaaIntifada.
« Je suis ici aujourdâaahui pour profiter pleinement de ce jour historique avec mon fils unique Abdallah », nous dit Um Abdullah, une habitante de Khan Younis alors quâaaelle sâaaasseyait sous un abri de fortune érigé sur le bord de la mère. Son fils joue dans le sable à côté dâaaelle.
Mais beaucoup de Palestiniens tout en se laissant aller à lâaaexaltation du moment, font part de leur inquiétude pour lâaaavenir. Muna al-Farra, dermatologiste, qui a pu finalement accéder à la terre qui appartient à sa famille à la jonction Abo Holi, dit quâaaelle sâaainquiète sur la possibilité que Gaza soit transformée en une grande prison. Elle sâaainterroge avec gravité : « Pourquoi avons-nous lutté i Juste pour pouvoir nous déplacer de Gaza à Rafah i ».
Mardi 13 septembre -
Traduction : Claude Zurbach