vendredi 19 avril 2024

A Archives

La Déclaration de OUARA

,

 
Rappelant :
- Le lancement en 2001, sans les autorisations administratives ni le consentement préalable et éclairé des autorités coutumières de la construction de l’usine par la société Canadienne INCO ;
- La dimension culturelle et les pratiques coutumières lesquelles n’ont jamais été prises en compte,  dans l’étude de  l’état initial et dans les études d’impacts du projet ;
 - La pose le 14 juillet 2002 par toutes les autorités coutumières de Djubéa-Kapone et des  8 pays kanak, sur l’initiative du Grand Chef ATTITI Charles de « GOO VARE KAN » appelé aussi « Le Bois Tabou » dont l’objet selon la tradition kanak est d’interpeller l’industriel et les institutions sur les conséquences des travaux de destructions des forêts des cours d’eau et de l’environnement en général et sur les impacts socio-culturels de la mine et de l’usine ;
- Le sens dans la tradition kanak de la plantation d’un « Bois Tabou » appelée en langue Djubéa Kapone « Djawen ou Pie »  lequel signifie, la demande de l’arrêt de l’occupation foncière et l’ouverture de « palabres » qui permettront s’il y a accord, de libérer les espaces naturelles considérés ;
 - Que depuis cette date du Djii Djarù-14 juillet 2002, le comité RHEEBU NUU  a été chargé par les autorités coutumières de Goro et du Sud, de porter et de relayer leurs préoccupations lesquelles ne peuvent être appréhendés qu’a la lumière de l’histoire du pays avant et depuis la colonisation ;
- Que les confrontations entre l’industriel Goro Nickel, la Province Sud d’une part et le comité RHEEBU NUU d’autre part ont été nombreuses et perdurent tant qu’un accord durable n’a pas abouti entre les parties ;
 
 - Que des discussions ont été engagés depuis juin 2007 entre l’Instance Autochtone des Négociations composée de représentants du SENAT Coutumier et de RHEEBU NUU, la PROVINCE SUD et GORO NICKEL ;
- Que ces discussions qui durent depuis huit mois n’ont toujours pas franchi la première étape en l’occurrence la signature par les trois parties du PREAMBULE ; 
 Considérant :
 - Que le lancement des travaux de pose du tuyau de rejet en mer de 24 kms sans concertation et sans  l’accord,  des conseils des clans de l’Ile Ouen et de Goro directement concernés par l’espace naturel coutumier a crée un sentiment de frustrations  et de révolte dans la population autochtone de l’Ile Ouen, de L’Ile des Pins et de Goro, ainsi que parmi la population en général et les  professionnels de la mer ;
- Qu’il est du devoir et de la responsabilité des clans de la mer représentés venant de l’Ile Ouen, de l’Ile des Pins et de Goro, d’affirmer leurs droits coutumiers et collectives sur l’espace coutumier maritime ;
- Qu’il est de la responsabilité du comité RHEEBU NUU, de toutes les autorités coutumières et de tout les citoyens  d’être solidaires  avec l’objectif d’être compris et  pris en compte par les pouvoirs publics et par l’industriel ;
Nous autochtones représentants les clans de la mer et les autorités coutumières de l’Ile Ouen, de l’Ile des Pins de Goro, de Touaourou, de Waho , d’Unia, de Saint Louis du Mont Dore, de Conception et de Paîta,
Nous autorités coutumières du pays Kanak tout entier,
Nous membres des associations environnementalistes et des syndicats
Nous membres de partis politiques ou simples citoyens

 
AFFIRMONS,
- Que l’installation de l’usine Goro Nickel et la construction de ce tuyau de  24 kilomètres de long, dans la baie de prony et dans le canal de l’Havanah sans notre consentement préalable et éclairé constitue une violation de nos droits humains et de notre tradition.
- Que la mort du Baleineau bleu en 2001 a été pour nous gens de la mer, gens du Sud et des Iles loyautés  un signal et un réveil ; 
- Que notre responsabilité collective envers cette mer qui abrite l’esprit de nos ancêtres et les totems des clans de la mer, est pleinement engagée.
- En tant que citoyens et pêcheurs du lagon du grand sud, que notre vivier et le « garde a manger » marin est mis en danger par le tuyau de Goro Nickel ;
- Que le label «  terre originel » image de promotion touristique de la province Sud est menacé par l’usine Goro nickel et le rejet en mer ;
- Que la construction maintenant et  par anticipation du tuyau de rejet en mer, est un obstacle posé délibérément par Goro Nickel   contre l’inscription de la zone côtière et de la réserve Merlet au patrimoine mondial de l’UNESCO ;


Ainsi 
Nous référant a la déclaration 15.14 de la charte de décolonisation de 1960 de l’ONU auquel est rattaché le peuple Kanak et les citoyens du pays  depuis l’inscription de la Nouvelle Calédonie sur la liste des pays a décoloniser en 1986 ;
- Considérant la résolution du 8 décembre 2000 et le plan d’action y afférant sur la prorogation de la décennie pour l’éradication du colonialisme (2001-2010) ;
- Nous référant a l’Accord de Nouméa signé le 5 mai 1998 et a son préambule qui stipule a l’article 3 «… Il convient de faire mémoire de ces moments difficiles de reconnaître les fautes de restituer au peuple kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui a une reconnaissance de sa souveraineté, préalable a la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun… » et a l’article 4. « …La décolonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les communautés qui vivent aujourd’hui  en Nouvelle-Calédonie, en permettant au peuple kanak d’établir avec la France des relations nouvelles correspondant aux réalités de notre temps ;
- Nous référant a la déclaration du 23 août 2002 par laquelle  les  autorités coutumières du pays – le sénat  coutumier et les conseils d’aire- ainsi que les chefferies ont définis et affirmé le Droit du peuple autochtone Kanak sur l’espace et le patrimoine naturel de la Kanaky Nouvelle Calédonie notamment a l’article 12 lequel précise que  la démarche coutumière pour libérer les espaces naturelles nécessaires aux projets doit être suivie et doit précéder toutes autorisations administratives ;
- Nous référant a la déclaration des nations Unies  du 13.09.07 sur les Droits des peuples Autochtones votée par la France  laquelle affirme notamment le droit des peuples autochtones aux terres et ressources qu’ils ont utilisés (article 26), leur droit a exprimer leur consentement sur tout projet de développement affectant ces terres(article 32) ainsi que leur droit de conserver et de renforcer leurs liens spirituels particuliers avec les terres , territoires eaux et zones côtières et autres ressources qu’ils possèdent ou occupent et utilisent traditionnellement et d’assumer leurs responsabilités en la matière a l’égard des générations futures et a la conservation de leur environnement(article 29).
- Nous référant a la charte de l’environnement et au principe de précaution inscrit dans la constitution Francaise ;
- Nous référant a la convention de Rio, a l’agenda 21 et a la convention sur la biodiversité  et a l’article 8J…


DECLARONS,
1) La construction du tuyau  sur le domaine public maritime n’ayant pas eu le consentement préalable et éclairé des clans de la mer et des chefferies de la région, doit être stoppé.
2) Dès a présent, la procédure de plantation d’un bois tabou et corrélativement la procédure de consultation des clans de la mer et des chefferies est engagée. Cette procédure envisagée par feu, le Grand Chef ATTITI en 2002 doit être réalisée dans les 3 mois a venir.
3) L’inscription de la zone Prony et de toute la zone côtière de l’Havanah, dans la zone tampon  du site d’inscription au patrimoine de l’UNESCO (de Merlet et de l’Ile des Pins) est nécessaire et indispensable.
4) La décision d’inscription au niveau de l’UNESCO doit  intervenir avant tout travaux a venir se situant dans le domaine coutumier maritime.
5) Une étude approfondie des mythes et des légendes de la région et en particulier du milieu marin doit être menée et elle sera conduite sous la responsabilité  du Comité RHEEBU NUU.
 6) Une étude approfondie du milieu marin de toute la zone de  Prony, de la kwé, de la Kuébini et des différents canaux de l’Havanah, de Woodin et de la Sarcelle seront engagée   sous la responsabilité  de la Province Sud et de l’industriel avec la participation de Rhéébù Nùù et de CoDefSud. L’objectif sera de déterminer l’état zéro de la zone impactée par le projet Goro Nickel au moment présent, après les déboisements sauvages des 2OOO hectares de forêts et de biodiversités les terrassements monstres non contrôlées depuis 2001 et les travaux du port et le rejet des eaux usées dans la baie Nord.
7) Tout les moyens techniques et scientifiques nécessaires aux études évoquées aux points 5 et 6 seront mis a disposition ou financés par l’industriel VALE INCO ainsi que  les cartes et supports audiovisuels nécessaires a la compréhension des populations locales et du public.
8) il est demandé dans un délai d’un mois a l’industriel VALE INCO de fournir un bilan quantitatif des impacts et de l’empreinte physique de la construction de l’usine sur ce milieu a 90% vierge au moment du lancement des travaux en 2001. Ce bilan doit permettre de valider l’estimation du coût de la destruction de la biodiversité terrestre et marine par le projet, pour que celui-ci soit compensé  et pris en compte dans le coût d’investissement et dans le capital de la société Goro Nickel au profit des populations autochtones locales et de la province Sud.
9) il est demandé a VALE INCO de limiter, le nombre de personnes physiques sur le site de construction a un seuil acceptable pour limiter l’impact environnemental. Nous considérons que le chiffre de 5000 est déja au dessus du seuil tolérable.
10) Dès a présent un protocole de mobilisation des scientifiques indépendants dont ceux ayant notamment réalisé les expertises  doit être mis en place entre la PROVINCE SUD, VALE INCO et RHEEBU NUU pour étudier la prise en compte des recommandations actés et poursuivre les études sur les sujets qui restent préoccupantes et sont sujets de blocages dans l’avenir. Parmi ses sujets il y a  le rejet en mer de l’effluent, le stockage des résidus la stabilité des sols  la gestion des fosses minières les rejets atmosphériques et la sécurité civile des installations chimiques et l’application des règles et normes Sévéso 2 et autres normes européennes.
11)  le plan de surveillance des animaux et de la biodiversité du milieu marin et la liste de toutes les séries d’indicateurs et de paramètres  bio de références doivent être arrêtés avant l’arrêté ICPE.
12) Le trafic maritime durant la saison des baleines doit être réduit au minimum.
13) Un fonds de garantie doit être constitué et mis en place dans une banque locale. Son objet sera  de prévenir toutes les conséquences et pollutions qui seront générées du faîte de la transformation du milieu naturel, soit par une catastrophe industrielle ou soit par des catastrophes naturelles ( cyclones glissement de terrains ruptures de digues séimes…).
14) L’Instance autochtone de Négociation et le comité Rhéébù Nùù, sont chargés de veiller a   l’exécution de la présente Déclaration et doivent organiser la consultation permanente des présents signataires ;
15) la mobilisation sur le terrain et dans la baie de Prony sera maintenue en attendant les cérémonies coutumières et la réalisation de la présente Déclaration.
16) Communication de la présente déclaration sera faîte  a toutes les chefferies les clans de la mer et aux institutions coutumières du Pays d’une part et d’autre part a toutes les structures associatives politiques et syndicales.
17) Cette déclaration  sera paraphé par toutes les structures et autorités qui adhèrent, en vue des cérémonies coutumières des Bois TABOU de Cap N’DUA et du triangle marin ;
18) La présente déclaration sera présentée aux institutions de la Nouvelle Calédonie, a l’Etat Francais communiqué a la communauté Européenne, au groupe des Fers de Lance Mélanésien, au Forum du Pacifique, aux représentants des Etats de la région, aux instances internationales et de l’ONU dont l’instance permanente des peuples autochtones au comité de décolonisation et au comité des Droits de l’Homme. 
Les Signataires présents a OUARA – ILE OUEN


Newsletter

Abonnez-vous et recevez les dernières actualités dès leur parution

 Dernière actualité


 Dernière galerie photos